Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

évaporation de l’eau (suite)

Les vents forts, en important de l’air non saturé qui remplace l’air saturé, favorisent également l’évaporation. Le phénomène est particulièrement sensible quand les arrivées d’air sont très sèches (sirocco, effet de fœhn). Si un air sec et turbulent accélère l’évaporation, un air humide et calme doit la bloquer ; c’est ce qui doit normalement se produire aux très basses latitudes, c’est-à-dire au-dessus de la forêt équatoriale.

Un autre fait encore est à signaler. On sait que si la vaporisation dans un gaz est progressive, elle est instantanée dans le vide. De sorte que l’évaporation est d’autant plus active que la pression de l’atmosphère est plus faible.

Ce qui précède exprime les facteurs de l’évaporation pris isolément. Replacés dans le complexe géographique (combinaison du substratum et de l’atmosphère), ces facteurs se manifestent de façon subtile et contradictoire. C’est ainsi que, si les situations dépressionnaires aident normalement l’évaporation (déficit de pression et turbulence), les situations anticycloniques subtropicales favorisent aussi celle-ci, malgré les hautes pressions, par la faiblesse de l’humidité relative qu’elles suscitent, les dépressions imposant de leur côté un élément limitant par l’humidité relative généralement élevée qui les accompagne.


Sa répartition géographique


Selon la latitude

L’évaporation (réelle ou potentielle) est faible dans les régions polaires, à la fois du fait du peu d’alimentation en eau et des très basses températures. Aux latitudes tempérées, les totaux de précipitations l’emportent généralement sur les lames d’eau évaporée. La situation est radicalement différente dans les déserts chauds subtropicaux, on l’a vu. La plupart des régions intertropicales, et en particulier les régions équatoriales, voient de nouveau les précipitations l’emporter sur l’évaporation.


Selon l’altitude

L’évaporation diminue normalement avec l’altitude. La sécheresse de l’air, qui est un caractère de la haute montagne, de la haute troposphère et de la stratosphère (les nuages sont pratiquement inexistants au-dessus de 10 km aux latitudes tempérées, et l’humidité relative tombe à 30 p. 100 dans la stratosphère), et la diminution de pression semblent contrebalancées par le facteur limitant qu’est le froid.


Selon la répartition des terres et des mers

Le bilan de l’eau aboutit sur mer, selon certaines estimations, à un excès de l’évaporation sur les précipitations de l’ordre de 37 000 km3 d’eau par an. La situation est exactement inversée sur terre. On voit ainsi se dessiner un cycle dans lequel mers et océans pourvoient en eau les continents, par l’intermédiaire de l’évaporation, de la vapeur d’eau et des précipitations, dans le temps où ceux-ci restituent l’excédent à l’hydrosphère grâce aux fleuves et aux rivières.


Son importance climatique

La vapeur atmosphérique varie considérablement dans l’espace et dans le temps et, par là, influe sur les climats. Il s’ensuit sur ceux-ci l’importance revêtue par l’évaporation, pourvoyeuse de l’atmosphère en vapeur d’eau. On comprend alors pourquoi les chercheurs, attachés pour diverses raisons à la définition des climats, ont, par-delà l’utilisation simple des précipitations et des températures, tenté de classer ces derniers par référence à l’évaporation. Dans une telle perspective, il était de la plus haute importance de distinguer entre l’E. T. R. et l’E. T. P. L’E. T. P. correspond, sous un climat donné, à la quantité d’eau que le substratum géographique peut perdre (par évaporation : sol, et transpiration : plantes) avec l’assurance de voir la quantité perdue systématiquement renouvelée. C’est donc la notion la plus significative. Mesurable au lysimètre ou calculable selon diverses formules (formules de Penman, de Turc, de Thornthwaite), c’est elle qui a servi assez récemment à de nouvelles définitions des climats du globe. Parmi les tentatives les plus remarquables allant dans ce sens, il convient de citer celle de C. W. Thornthwaite pour l’ensemble de la Terre et celle de P. Meigs pour les climats arides et semi-arides.

P. P.

➙ Aride (domaine) / Aridité / Désert / Eau / Ébullition.

évêque

Dignitaire de l’Église qui possède la plénitude du sacerdoce.



Origines de l’épiscopat

Au lendemain de la Pentecôte, les apôtres s’adjoignirent d’abord les « sept » (Actes, vi, 6), qu’on a parfois considérés, à tort, comme des « diacres » ou comme étant à l’origine du diaconat. Cette initiative semble avoir eu pour but d’associer aux tâches de l’Église des chrétiens appartenant aux synagogues de langue grecque. L’Église de Jérusalem fut d’abord gouvernée par un collège de « presbytres » (anciens), comme dans les communautés juives, tandis que les communautés constituées autour de Paul dans la diaspora se donnaient d’autres formes de représentation (sheliḥim, envoyés) et bientôt des « épiscopes » (surveillants). Il est donc vraisemblable que le ministère de l’Église ait une double origine : juive d’une part, et grecque ou profane d’autre part.

Il se peut également, bien qu’il y ait en cela une large part d’hypothèse, qu’à cette double forme de ministère ait correspondu assez vite une double forme d’ordination, par une intronisation selon le type judéo-chrétien, qui se rattache à l’intronisation des 70 anciens par Moïse (Nombres, xi, 16), et par une imposition des mains, dans le cadre pagano-chrétien. Ainsi déjà le rite d’ordination des « sept », rapporté par saint Luc, le disciple de Paul, est une imposition des mains, que l’auteur rapproche de l’ordination de Josué par Moïse (Nombres, xxvii, 18).

Quoi qu’il en soit, la terminologie des ministères est demeurée flottante assez longtemps et les spécialistes discutent encore pour savoir quand s’est fixé le statut de l’évêque « monarchique » tel que nous le connaissons actuellement. Il semble qu’il soit né en Syrie et en Asie Mineure à la fin du ier s., mais qu’il ne se soit généralisé qu’au cours du iie s. Après la mort des apôtres, ces évêques furent considérés comme leurs successeurs dans le gouvernement de l’Église.