Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

erreur (suite)

Exactitude

La précision d’un processus de mesure caractérise le degré de concordance des résultats indépendants de mesure affectés chacun d’une erreur aléatoire. La justesse d’un processus de mesure caractérise le degré d’accord entre la valeur vraie et la moyenne des résultats qui seraient obtenus après un si grand nombre de mesures que la précision de cette moyenne serait surabondante ; elle ne dépend que de l’erreur systématique. Ce qui importe à l’utilisateur est l’exactitude d’un processus de mesure qui caractérise l’étroitesse de l’accord avec la valeur vraie que l’on voudrait connaître. Elle implique à la fois la justesse et la précision. Si la précision peut s’exprimer par des données statistiques telles que l’écart type σ, la justesse dépend de l’erreur systématique, qui ne peut être estimée raisonnablement que par un opérateur perspicace et dont l’intuition soit assez sûre. Pour spécifier l’exactitude, il faut indiquer séparément la justesse et la précision, sans chercher à les combiner en une donnée unique. Il est regrettable que certains désignent par précision ce qui est appelé ici exactitude et par fidélité ce qui est appelé ici précision ; en langue anglaise, le premier est accuracy, le second precision.


Considérations pratiques et physiques

Qu’elle soit systématique ou aléatoire, l’erreur est la résultante des effets de multiples causes, parmi lesquelles on peut distinguer les suivantes :
1o L’objet sur lequel on mesure une grandeur ne définit cette grandeur qu’avec une marge d’incertitude ; tel est le cas de la taille d’un enfant, qui grandit au cours des années, de la masse d’un pain, dont l’eau s’évapore constamment, ou celui de la longueur d’onde d’une radiation monochromatique, dont le profil spectral n’est pas symétrique ;
2o La mise en œuvre du processus de mesure altère la grandeur mesurée. C’est ainsi qu’un palpeur déforme la surface d’un corps ;
3o Certaines grandeurs d’influences, comme la température, la pression, l’humidité, n’ont pas les valeurs normales.

On peut corriger l’erreur provoquée par plusieurs de ces causes en appliquant au résultat brut des corrections calculées ; aussi, une liste des causes et la façon de déterminer la correction correspondante doivent-elles être incluses dans la méthode de mesure. Dans les mesures fines, la structure discontinue (atomique, quantique) de la matière et du rayonnement introduit des bruits, c’est-à-dire des fluctuations aléatoires, telles que l’effet grenaille, l’agitation thermique, portant sur la grandeur mesurée ou sur des éléments du dispositif de mesure. À la limite, les relations d’incertitude de H. D. Bohr et de W. Heisenberg imposent une limite théorique fondamentale à l’exactitude de la mesure simultanée de deux grandeurs conjuguées, telles que position et état de mouvement, énergie et temps, fréquence et longueur d’un train d’ondes.

Enfin, il existe d’autres causes plus triviales : l’instrument de mesure est défectueux ou en mauvais état ; il est incorrectement utilisé ; les étalons sont inexacts ou détériorés ; l’opérateur fait des fautes de lecture, d’interpolation, de parallaxe lorsqu’il note la position d’un index sur une graduation.

J. T.

éruptives (fièvres)

Infections contagieuses, généralement immunisantes, d’origine virale ou bactérienne, qui s’observent surtout dans l’enfance et qui sont caractérisées par la survenue, après une incubation asymptomatique et une invasion courte et fébrile, d’une éruption à la surface du corps, ou exanthème.



L’éruption

Elle est faite d’éléments de type variable — macules (taches), vésicules, pustules —, qui peuvent confluer en placards ou demeurer séparés par des intervalles de peau saine. Une éruption évolue en une ou en plusieurs poussées. Elle disparaît dans un délai variable, et une desquamation inconstante, d’aspect parfois spécifique, peut encore caractériser l’affection.

L’éruption cutanée s’accompagne souvent d’une atteinte muqueuse diffuse ou localisée, l’énanthème. L’aspect de cet énanthème (langue et gorge de la scarlatine, signe de Koplik de la rougeole) constitue encore un argument diagnostique.


La scarlatine*

Liée au streptocoque, elle est donc d’origine bactérienne. Mais la majorité des fièvres éruptives est d’origine virale.


La rougeole* et la rubéole*

Ce sont les plus communes et les plus graves, la première du fait de la mortalité élevée (surinfection), surtout dans les pays africains, et la seconde du fait des risques de malformations fœtales.


La quatrième maladie, ou maladie de Dukes-Filatov

Elle se manifeste par une éruption intermédiaire entre celle de la scarlatine et celle de la rubéole. Son existence n’est pas admise par tous les auteurs.


La cinquième maladie

(mégalérythème épidémique). C’est une affection contagieuse toujours bénigne, qui évolue par petites épidémies. L’incubation est silencieuse, et l’invasion brève. L’éruption débute au visage, faite de macules confluant rapidement en placards souvent violacés. Elle s’étend en deux ou trois jours aux membres, s’effaçant alors au visage.


La sixième maladie

(roséole [à ne pas confondre avec la roséole de la syphilis*] ou exanthème subit). Elle atteint surtout les nourrissons jusqu’à dix-huit mois. Elle est immunisante. Son incubation est variable. L’invasion (3 jours environ) est très fébrile avec parfois des convulsions hyperthermiques. L’apparition de l’éruption est précédée d’une chute thermique. Très pâle, cette éruption, analogue à celle de la rougeole, prédomine à l’abdomen.

Le diagnostic entre les quatrième, cinquième et sixième maladies, d’une part, et la rubéole, d’autre part, est important en raison des risques que fait courir cette dernière maladie aux femmes enceintes.


Autres éruptions dues à des virus

De nombreux virus peuvent être responsables d’éruptions comparables à celles de la rougeole (morbilliformes). L’incubation ainsi que l’intensité et la durée de l’éruption sont variables. Les circonstances d’apparition peuvent orienter, mais le diagnostic ne peut être affirmé, sauf lorsque le virus est isolé (gorge, selles) ou lorsque les examens sérologiques montrent une ascension du taux des anticorps. Il peut s’agir d’adénovirus, d’entérovirus, d’échovirus ou de virus Coxsackie.