Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

Églises orientales (suite)

Ces divers éléments ont certainement contribué à maintenir l’Orient chrétien en dehors des voies de sécularisation dans lesquelles l’Occident s’est de plus en plus fortement engagé depuis la fin du Moyen Âge. Actuellement encore, les Églises orientales préservent un climat de chrétienté assez proche de celui qui s’était constitué dans l’Empire romain christianisé et dans le haut Moyen Âge occidental. Leur survivance après treize siècles d’islām sous la sujétion mongole ou turque comme la vitalité qu’elles conservent dans les pays où s’est instauré un régime communiste sont des faits dont on ne saurait minimiser la signification.

H.-I. D.

 M. Le Quien, Oriens christianus in quatuor patriarchatus digestus (Impr. royale, 1740 ; 3 vol.). / O. Bardenhewer, Geschichte der altkirchlichen Literatur (Fribourg-en-Brisgau, 1902, 3 vol. ; 2e éd., 1913-1932, 5 vol.). / W. F. Adeney, The Greek and Eastern Churches (Édimbourg, 1908). / A. Baumstark, Die christlichen Literaturen des Orients (Leipzig, 1911). / R. Janin, Églises orientales et rites orientaux (la Bonne Presse, 1925 ; 4e éd., Letouzey et Ané, 1955). / B. J. Kidd, The Churches of Eastern Christendom (Londres, 1927). / C. Baur, Der christliche Orient (Munich, 1930). / A. Ellis, A Survey of Eastern Churches, t. IV : Bibliographie (Saint Louis, Missouri, 1930). / C. Lagier, l’Orient chrétien (1936-1950 ; 2 vol.). / F. Heiller, Urkirche und Ostkirche (Munich, 1937). / H. R. T. Brandreth, An Outline Guide to the Study of Eastern Christendom (Londres, 1951). / E. Benz, Die Ostkirche im Lichte der protestantischen Geschichtsschreibung (Fribourg-en-Brisgau, 1952). / P. Rondot, les Chrétiens d’Orient (Peyronnet, 1955). / T. Andrews, The Eastern Orthodox Church (New York, 1957). / A. Santos Hernandez, Iglesias de Oriente (Santander, 1959-1963 ; 2 vol.). / D. Attwater, List of Books in English about Eastern Churches (Newport, 1960) ; The Christian Churches of the East (Londres, 1961 ; 2 vol.). / N. Zernov, Eastern Christendom (New York, 1961). / G. Zananiri, Catholicisme oriental (Spes, 1966). / A. J. Arberry, Religion in Middle East, t. I : Judaism and Christianity (Cambridge, 1969). / E. von Ivanka, J. Tyciak et coll., Handbuch der Ostkirchenkunde (Düsseldorf, 1971).
On peut également consulter la publication annuelle Ostkirchliche (Wurzburg, 1952 et suiv.).

Églises protestantes

Ensemble des Églises et des communautés chrétiennes issues de la Réforme*.



Naissance du « protestantisme »

Jusqu’en 1521, Martin Luther* espère que la réforme indispensable du christianisme occidental pourra se réaliser à l’intérieur du catholicisme et sous l’autorité du pape. Ce n’est qu’après avoir été mis au ban de l’Empire que l’excommunié de 1520 comprend qu’un point de non-retour a été atteint et qu’il lui va falloir organiser les communautés de ses partisans et adeptes qui se regroupent un peu partout : sa détresse et son désarroi sont grands, comme aussi l’improvisation à laquelle il est réduit ; il lui faut se comporter en chef d’Église, lui qui n’aurait voulu être qu’un prophète et qui comptait mourir martyr. Aussi édicte-t-il des règles simples : l’essentiel doit être la prédication de l’Évangile de la grâce seule ; il importe qu’il soit clairement et simplement exposé au cours de chaque rassemblement de la communauté ; pour le reste, on gardera les formes traditionnelles dans la mesure où elles ne contredisent pas ce qui doit être communiqué à tout homme ; on donnera à tous la communion sous les deux espèces, on ne gardera que les deux sacrements majeurs et, tout en leur reconnaissant une importance mineure, la pratique de la confession et celle de la pénitence ; d’abord dite en latin, la liturgie le sera petit à petit en langue populaire ; on composera les chants, désormais inséparables de l’office évangélique.

Pour le reste, il est clair que c’est à la base qu’est confiée la responsabilité du témoignage et du gouvernement de l’Église : tous les chrétiens étant prêtres par le baptême, qui est leur commune ordination au ministère que le Christ exerce dans le monde par son corps, ce sont eux qui choisiront les prédicateurs et, après avoir prié, leur imposeront les mains : par là, aucune dignité ou aucun caractère particuliers ne leur seront conférés ; ils exerceront la charge éminente de prédicateurs de la Parole de Dieu au nom de tous et pour tous.

C’est en 1529 seulement, à la diète de Spire, que l’on voit apparaître le nom de protestants pour désigner les six princes-Électeurs et les quatorze villes libres qui refusent les décisions de la majorité catholique visant à anéantir la Réforme. Mais il ne faut pas entendre cette désignation dans un sens négatif ; bien plus indique-t-elle la volonté affirmée alors par les luthériens de rendre un témoignage (pro-testari) inconditionnel à la vérité évangélique remise en lumière par Luther au terme d’un épuisant combat spirituel. Aucune volonté de rupture ne se manifeste parmi eux : simplement, en face de leurs adversaires, pour qui la vérité ne saurait être saisie en dehors de la soumission à l’autorité ecclésiastique, ils ont l’audace d’affirmer que l’Église et son autorité ne sauraient subsister en dehors de la soumission à la vérité telle que l’Écriture la définit.

Toutefois, ils espèrent toujours réformer l’Église par le dedans et, l’année suivante, devant la diète d’Augsbourg, convoquée par l’Empereur dans le dessein d’« entendre l’avis et l’opinion de chacun », ils présentent le texte qui sera la première « confession de foi » de la Réforme : ils y affirment leur enracinement dans la tradition chrétienne définie notamment par les textes des grands conciles œcuméniques des ive-ve s. et leur rejet des hérésies majeures condamnées depuis lors. Et ils concluent : « En matière de doctrine aussi bien que de rites, nous n’avons rien adopté qui soit contraire à l’Écriture ou à l’Église chrétienne universelle. Car tout le monde sait, et nous pouvons le dire sans nous vanter, qu’avec l’aide de Dieu nous nous sommes efforcés d’empêcher toute doctrine nouvelle et impie de s’infiltrer dans nos Églises, de s’y propager et d’y prendre le dessus. » C’est l’article vii de la Confession d’Augsbourg qui donne la première définition communautaire protestante de l’Église : « Nous enseignons qu’il ne doit y avoir qu’une Sainte Église chrétienne et qu’elle subsistera éternellement. Elle est l’assemblée de tous les croyants parmi lesquels l’Évangile est prêché fidèlement et les saints sacrements administrés conformément à l’Évangile. Car pour que soit assurée l’unité véritable de l’Église chrétienne, il suffit d’un accord unanime dans la prédication de l’Évangile et l’administration des sacrements conformément à la Parole de Dieu. L’unité véritable de l’Église chrétienne n’exige pas qu’on observe partout des cérémonies uniformes, instituées par les hommes [...]. »