Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Dinosaures (suite)

Il paraît tout à fait évident que l’on ne peut pas déterminer avec rigueur le poids des Dinosaures. La méthode la plus simple consiste à mesurer le volume de reconstitutions et à multiplier celui-ci par le poids spécifique supposé d’un Reptile actuel (Alligator par exemple), soit 0,9. Voici, à titre d’exemples, quelques évaluations de poids d’après Edwin H. Colbert :


Origine et évolution

Le genre Cœlophysis du Trias supérieur du Nouveau-Mexique nous permet de comprendre sous quelle forme encore proche des Thécodontes les Dinosaures sont apparus. Le Cœlophysis, qui avait une longueur de 2,50 m environ, est un petit Théropode à dents aiguës, à bords denticulés et comprimés latéralement, à os creux ; il est probable que cet animal était vivipare. Dès la fin du Trias existaient aussi des grands Dinosaures, tel le Plateosaurus (Trias allemand), qui était environ deux fois plus grand que le Cœlophysis, mais dont les os étaient au contraire massifs et qui annoncent les Sauropodes (Prosauropodes). Tout récemment, on a pu montrer que des Ornithopodes existaient dès le Trias du Basutoland (Fabrosaurus).

Au Jurassique, nous retrouvons des Théropodes : certaines formes étaient encore petites (Ornitholestes, d’une longueur de 1,50 m environ), mais le membre antérieur, assez long malgré la bipédie de l’animal, se terminait seulement par trois doigts à longues griffes.

Chez les Allosaurus du Jurassique supérieur, du sous-ordre des Carnosaures, on observe un crâne proportionnellement plus grand et des membres antérieurs déjà assez réduits. C’est aussi au Jurassique qu’ont vécu les grands Sauropodes (Brontosaurus, Diplodocus, Brachiosaurus) : ce sont les animaux terrestres les plus volumineux qui aient jamais existé, mais certaines baleines marines sont plus grandes. Ces formes étaient des Sauripelviens. Contrairement à une idée courante, ces animaux n’étaient pas monstrueux, mais bien adaptés ; ils ont persisté au Crétacé et ont une répartition géographique très étendue. Il est, en fait, fort douteux que ces Sauropodes géants aient pu servir de proies aux Théropodes, car, dans la nature actuelle, il n’y a jamais de telles différences de volume entre animaux chasseurs et animaux chassés. Le Brachiosaurus était le plus lourd des Sauropodes ; bien qu’il fût plus court que le Diplodocus, c’est le seul Sauropode qui présente des membres antérieurs plus grands que les postérieurs ; on a trouvé des restes de Brachiosaurus en Amérique du Nord et en Afrique ; le cou était très élevé. Le Diplodocus qui se trouve au Muséum national de Paris (galerie de paléontologie) est le moulage des squelettes de deux individus trouvés en 1899 et en 1900 dans le Wyoming ; cette réplique a été donnée en 1908 à la France par le musée Carnegie de Pittsburgh ; sa longueur est de 25 m. D’autres Diplodocus ont été trouvés dans l’Utah et le Colorado, dans un périmètre qui fait aujourd’hui partie du parc national des Dinosaures (Dinosaurs National Monument). Bien qu’un peu plus lourd, le Brontosaure (dont le nom latin réel est Apatosaurus et non Brontosaurus) était un peu plus court (une vingtaine de mètres environ).

On connaît également des Ornithopodes jurassiques : ce sont des Camptosaures et des Stégosaures. Les Camptosaures, ou Iguanodontes, sont représentés au Jurassique, principalement par le genre Camptosaurus ; ils étaient moins nettement bipèdes que les Théropodes, et il est probable qu’ils devaient, suivant les situations, pouvoir marcher sur deux ou quatre pattes. La longueur des Camptosaurus devait être comprise entre environ 1,50 et 6 m.

Les Stégosaures sont des Dinosaures présentant un squelette externe de grandes plaques : le Stegosaurus avait le long du dos une double rangée de plaques triangulaires minces et verticales ; la queue portait à son extrémité quatre aiguillons forts. Ce genre, qui provient du Jurassique supérieur du Wyoming, atteignait 6 à 8 m de long ; le Kentrurosaurus du Tendaguru était plus court et possédait encore une double rangée de plaques, mais plus petites, et une double rangée d’épines.

Au Crétacé, la faune des Dinosaures comprenait des Théropodes, avec le célèbre Tyrannosaure nord-américain, à dents très puissantes ; un Carnosaure ressemblant à ce Tyrannosaure, mais mongol, est le genre Tarbosaurus ; chez le Deinonychus, le membre antérieur était long, à griffes très puissantes. L’Ornithomimus appartient à une autre lignée : cet animal, de la grosseur d’une Autruche, devait être un coureur rapide ; le crâne était petit, et la bouche présentait un bec dépourvu de dents. Des Saurischiens aussi persistent au Crétacé (Camarosaurus), mais ce sont les Ornithischiens qui sont prédominants. Parmi les Iguanodontidés, l’Iguanodon du Crétacé inférieur belge ne se distingue guère du Camptosaurus, si ce n’est par la grandeur : en effet, il atteint 9 m. Mais, de plus, ses dents, en batteries et nombreuses, à croissance continue et se chassant les unes des autres, sont présentes sur les mâchoires ; ses membres antérieurs sont un peu plus grands que ceux du Camptosaurus, et son pouce est en forme d’éperon. On appelle Hadrosaures ou Trachodontes des Dinosaures du Crétacé supérieur à « becs de canard » ; cette expression signifie simplement que le crâne et la face étaient aplatis vers l’avant en forme de bec, mais ces animaux possédaient encore des dents très nombreuses et formant une sorte de pavage adapté à broyer les aliments (Anatosaurus, autrefois appelé Trachodon) ; ce dernier genre est aussi célèbre, parce qu’on en a retrouvé des momies avec peau et tendons conservés. Des crêtes peuvent se développer chez les Hadrosaures (crête en casque chez le Corythosaurus, crête en hachette chez le Lambeosaurus, crête tubulaire chez le Parasaurolophus) ; les dissections de ces fossiles ont montré qu’un conduit allant des narines externes aux narines internes et des chambres nasales existaient dans la crête chez tous ces genres ; ces cavités des crêtes semblent être une adaptation de l’odorat, qui était amélioré par une plus grande surface olfactive épithéliale. Au Crétacé, le sous-ordre des Stégosaures est encore présent. Les Ankylosaures, caractérisés par une cuirasse de plaques polygonales épaisses, étaient des animaux lourds, à crâne large et dont la queue, enfermée dans une gaine d’écussons osseux, formait une sorte de massue.