Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
D

De Gasperi (Alcide) (suite)

La proclamation de la république contribue au maintien de De Gasperi à la tête du gouvernement (13 juill. 1946). Tout de suite, il doit affronter les Alliés réunis à Paris (juill.-oct. 1946) pour préparer, notamment, les termes d’un traité de paix avec l’Italie : devant les membres de la conférence, il plaide la cause de son pays, entraîné malgré lui dans une guerre impopulaire. L’Italie, humiliée, est comme une écorchée vive : les exigences de la France concernant de menues rectifications de frontière exaspèrent une opinion que révolte l’implacable hostilité des Soviétiques. C’est alors que le monde — habitué aux rodomontades de Mussolini — découvre, à travers Alcide De Gasperi, un nouveau visage de l’Italie. Grand, le cheveu plat et encore noir, le menton escamoté, les yeux clairs derrière des lunettes, le geste court, l’homme s’impose par sa droiture et la fermeté de sa pensée ; car le surnom de « prince du compromis » qui lui est resté ne tient pas à de la duplicité, mais aux extraordinaires détours que le représentant de l’Italie doit emprunter pour contourner les obstacles énormes dressés devant lui.

Après la conférence de Paris, De Gasperi remet le portefeuille des Affaires étrangères à Pietro Nenni et part pour les États-Unis, où il escompte obtenir une aide économique. Mais, à peine rentré, il se trouve en face d’une situation politique très détériorée. Le parti socialiste s’est scindé en deux ; Nenni, qui ne veut vraisemblablement pas assumer la responsabilité de la ratification du traité de paix, démissionne, ce qui entraîne la chute du second cabinet De Gasperi.

Dès le 2 février 1947, le leader du PDC forme un gouvernement tripartite, dans lequel il laisse d’importants portefeuilles aux socialistes nenniens et aux communistes, car il va avoir besoin de l’appui des deux grands partis de gauche au cours des débats majeurs de l’année 1947 : la ratification du lourd traité de paix et le vote de la nouvelle Constitution. Son habileté permet à De Gasperi de passer sans dommage grave ce double cap ; ses rapports avec ses partenaires de gauche deviennent cependant plus difficiles quand les accords du Latran de 1929 avec le Vatican sont entérinés par la Constitution.

Après avoir triomphé d’une nouvelle crise ministérielle qui met d’ailleurs fin au tripartisme (4e cabinet De Gasperi, 31 mai 1947), le Premier ministre affronte les élections législatives générales du 18 avril 1948. Le succès de son parti est complet : il obtient 48,4 p. 100 des voix et la majorité absolue à la Chambre.

De Gasperi pourrait gouverner avec des membres de son seul parti, mais, si on excepte l’éphémère ministère (8e cabinet De Gasperi) du 16 juillet 1953, formé des seuls démocrates-chrétiens, le leader du PDC, dans ses 5e (23 mai 1948), 6e (27 janv. 1950) et 7e (26 juill. 1951) formations ministérielles, fait appel au concours des petits partis du centre, notamment du groupe socialiste de Saragat. Cependant, si, dans les congrès nationaux de son parti, De Gasperi réussit à en concilier les diverses tendances, il n’arrive pas à s’assurer, d’une manière stable, la collaboration des groupes minoritaires du centre.


L’œuvre économique et sociale

Il porte alors son effort sur une réforme agraire indispensable, caractérisée par des expropriations et par la fragmentation, au profit de paysans pauvres, des grands et moyens domaines. En même temps, avec son équipe ministérielle, il lutte contre le chômage par d’amples investissements industriels et édilitaires, et recherche de nouveaux marchés extérieurs qui compenseront la perte de l’empire africain et les restrictions apportées à l’émigration italienne en Amérique du Nord.

Cette politique économique et sociale hardie — amorce du « miracle italien » de l’après-guerre — ne se développe pas sans heurter des routines et des privilèges. Les colères que provoquent les lois agraires, notamment, expliquent le recul du PDC au profit des monarchistes et des néo-fascistes lors des élections administratives de 1951-52 et des élections législatives de juin 1953 (40 p. 100 des voix au lieu de 48,4).

À la suite de cette consultation, De Gasperi croit bien faire en constituant un gouvernement nettement conservateur. Il échoue : le 28 juillet 1953, il quitte la scène politique.

De Gasperi laisse une Italie en pleine transformation. Sur le plan extérieur, s’il n’a pu éviter toutes les difficultés (troubles de Trieste), du moins a-t-il eu la joie d’intégrer l’Italie à l’Europe occidentale. Dès le 4 avril 1949, l’Italie adhère au pacte de l’Atlantique ; le traité du 18 avril 1951 — entré en vigueur le 10 février 1953 — fonde la Communauté européenne du charbon et de l’acier (C. E. C. A.), dont Alcide De Gasperi est élu président (mai 1954).

Deux mois plus tard, il abandonne le poste de secrétaire général de la démocratie chrétienne. Il n’a, d’ailleurs, plus que quelques semaines à vivre : il meurt le 19 août 1954.

P. P.

➙ Démocratie chrétienne / Italie.

 M. Vaussard, Histoire de la démocratie chrétienne : France, Belgique, Italie (Éd. du Seuil, 1956). / L. De Gasperi, Oppunti spirituali e lettere al padre (Brescia, 1968).

dégazolinage

Récupération des hydrocarbures liquides contenus dans le gaz naturel, que l’on sépare sous forme d’une essence légère, dite « gazoline » ou « gasoline ».


Le gaz naturel recueilli à la sortie du puits est un mélange de méthane CH4 et d’autres hydrocarbures, parfois accompagnés de constituants indésirables (eau, azote, monoxyde de carbone, gaz carbonique, hydrogène sulfuré, etc.). La pression et la température régnant dans le gisement maintiennent l’ensemble à l’état gazeux, mais il n’en serait plus de même dans les réseaux de distribution, qui fonctionnent à température ambiante et à faible pression : en particulier, les hydrocarbures comme le butane C4H10 risqueraient de se liquéfier et de venir obstruer les conduites chez l’utilisateur. Le dégazolinage s’effectue à proximité des puits soit par absorption, soit par le froid.