Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
D

Danemark (suite)

Durant la Première Guerre mondiale, le pays reste neutre, mais cette neutralité profite surtout à l’Allemagne, qui reçoit de nombreux approvisionnements grâce à l’intermédiaire danois. En 1915, une réforme constitutionnelle accorde le vote aux femmes et institue l’élection du Landsting au suffrage indirect. En 1916-17, les Antilles danoises sont vendues aux États-Unis. En 1918, l’Islande devient indépendante, le roi Christian X devenant également roi d’Islande. Le traité de Versailles (1919) restitue au Danemark le Slesvig du Nord ; un plébiscite ratifie en 1920 ce rattachement.

La crise économique de 1930 et l’application du protectionnisme en Angleterre sont durement ressenties au Danemark. En 1933, des lois sociales sont votées qui placent le Danemark à la tête du mouvement social et éducatif.

À partir de 1924, et sauf une courte éclipse, le pouvoir est entre les mains des sociaux-démocrates, dirigés par Thorwald Stauning (1873-1942).

Malgré un traité de non-agression, Hitler envahit le Danemark en 1940, et le roi Christian X, pour protéger plus efficacement la population et la communauté juive, reste au pouvoir tout en encourageant la résistance. Des bases américaines sont installées au Groenland et en Islande.

En 1944, l’Islande se détache complètement du Danemark. En 1947, Frédéric IX succède à son père, et le gouvernement repasse aux mains des sociaux-démocrates, qui s’emploient à relever le pays de ses ruines. En juin 1953, une nouvelle Constitution supprime le Landsting, et, en septembre de la même année, les sociaux-démocrates emportent au Folketing 74 sièges sur 175 ; ils maintiennent leur prépondérance en 1957, en 1960 et en 1964. Par la suite, ils reculent au profit notamment du Parti social populaire et des radicaux. Ainsi, en octobre 1971, J. O. Krag, chef du Parti social-démocrate, doit former un gouvernement minoritaire social-démocrate.

Le malaise de la social-démocratie danoise est le reflet d’une crise des générations et aussi de difficultés économiques : progrès de l’inflation, hausse des prix et hésitation devant l’entrée du Danemark dans le Marché commun. Cette entrée intervient le 22 janvier 1972 — sous réserve de l’approbation du Parlement — quelques jours après la mort de Frédéric IX, à qui succède sa fille Marguerite II.

Le 2 octobre 1972, le référendum sur l’adhésion du Danemark aux Communautés économiques européennes donne un résultat positif (63,5 p. 100 des votants). J. O. Krag démissionne aussitôt et Anker Joergensen le remplace. En novembre 1973, le gouvernement de ce dernier est mis en échec sur un projet de loi de répartition fiscale. Joergensen démissionne, et les élections de décembre se traduisent par un recul des sociaux-démocrates. Poul Hartling forme alors un gouvernement libéral minoritaire. Mais après les élections anticipées de 1975, il laisse de nouveau la place à Joergensen.

P. R. et P. P.


L’art


Le Moyen Âge

Trelleborg, dans le Sjaelland, grand camp militaire viking des environs de l’an 1000, est la première trace d’une architecture danoise. Vers 985, le roi Harald Blåtand fit élever la grande pierre runique de Jelling (Jylland), la plus ancienne sculpture chrétienne du pays.

Entre 1100 et 1250, près de 2 000 églises romanes furent construites, dont la plupart subsistent avec leurs nombreuses peintures murales. En même temps apparaissent les « autels d’or », antependiums d’orfèvrerie qui ont été conservés au Danemark en assez grand nombre.

L’église Saint-Knud, à Odense, est un des bâtiments les plus élégants de l’époque gothique. Au xve s. apparaissent des œuvres d’art venant de l’étranger, surtout des retables en bois, comme le maître-autel de la cathédrale d’Århus, par l’Allemand Bernt Notke (1479). Après 1500, des artistes étrangers commencent à s’établir au Danemark, tel un autre Allemand, Claus Berg, auteur du retable en bois doré aujourd’hui à Saint-Knud d’Odense (v. 1520).


xvie et xviie siècle


Architecture

Les premières traces de la Renaissance apparaissent dans les manoirs fortifiés de la noblesse : Hesselagergård (1538) et Egeskov (1554), tous deux en Fionie. Kronborg, à Elseneur (Helsingør), est le premier château appartenant pleinement au nouveau style. Célèbre pour son goût de bâtir, le roi Christian IV a laissé, notamment à Copenhague*, des édifices dans le goût de la Renaissance hollandaise.

C’est également la Hollande qui inspire les premiers édifices baroques : manoir de Nysø (1671-1673) dans le Sjaelland, palais de Charlottenborg à Copenhague.


Sculpture

Elle se limite d’abord, avec la Réforme, aux pierres tombales des nobles et de la famille royale. D’autres œuvres sont toutefois importées de l’étranger, notamment des Pays-Bas. La première statue équestre, celle de Christian V, est érigée à Copenhague par le Français Abraham Lamoureux († 1692). Le baroque franco-italien apparaît avec l’Anversois Thomas Quellin (1661 - v. 1709), qui s’installe à Copenhague et sculpte de grands monuments funéraires en marbre (église de Herlufsholm).


Peinture

Christian IV fait décorer le château de Rosenborg, à Copenhague, par des artistes hollandais, tel Isaac Isaacsz (1599-1688). Hollandais également les portraitistes Carel Van Mander III (v. 1610-1670) et Abraham Wuchters (v. 1610-1682), tous deux établis dans la capitale. Le Danois Melchior Lorck (v. 1527 - v. 1583) est connu pour ses estampes.

Avec l’avènement de la monarchie absolue, le goût franco-italien l’emporte, représenté par les Français Jacob d’Agar (1640-1715) et Benoît Le Coffre (1671-1722), l’Allemand Hendrick Krock (1671-1738).


xviiie siècle

L’Académie royale des beaux-arts est fondée en 1754 sur le modèle français : c’est à partir de cette date qu’on peut vraiment parler d’un art danois.


Architecture

Frédéric IV fait bâtir deux châteaux de style baroque italien : celui de Frederiksberg (1699-1710) à Copenhague et celui de Fredensborg (1719-1724). Laurids de Thurah (1706-1759) construit le petit château de chasse de « l’Hermitage ».