Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Danemark (suite)

Les dunes ne couvrent guère plus de 1,6 p. 100 de la superficie totale du Danemark, mais elles forment un cordon presque continu, pouvant atteindre une dizaine de kilomètres de large, sur presque toute la côte ouest du Jylland, depuis Skagen au nord jusqu’à la péninsule de Skallingen à l’ouest d’Esbjerg et se poursuivant plus au sud dans les îles de Fanø et Rømø. Cette distribution occidentale des dunes est en rapport avec les forts vents d’ouest dominants, soufflant sur les estrans sableux. Des lagunes subsistent en arrière du cordon dunaire.

Aux côtes basses s’opposent des littoraux à falaises, généralement peu élevées et entaillant un matériel morainique peu résistant. Rares sont les hautes falaises qui, comme à Bornholm, à l’est de Sjaelland, dans le nord-ouest du Jylland, se dressent en promontoire, taillées dans le substratum calcaire ou cristallin (Bornholm).


Les sols et la végétation

Les moraines offrent un éventail de terrains allant des formations graveleuses stériles aux fertiles argiles à blocaux enrichies par le carbonate de calcium provenant du calcaire arraché au substratum par l’érosion glaciaire. Sur ces formations morainiques se sont développés des podzols et des sols bruns forestiers qui se partagent, de part et d’autre de la ligne principale de stationnement de la moraine frontale Vistule-Würm, le territoire du Danemark. Au sud-ouest du Jylland, les sols podzoliques sur les sables s’opposent aux sols bruns forestiers dominant dans le reste du pays. Ces podzols proviennent surtout de la dégradation de sols bruns forestiers, et la bruyère a remplacé au cours des siècles d’anciennes forêts de chênes détruites par une exploitation abusive.

Les sols bruns couvrent l’aire d’extension naturelle de la forêt tempérée atlantique, chênaie-hêtraie aujourd’hui en grande partie disparue, accompagnée d’ormes et de tilleuls. L’arbre est partout présent dans les paysages danois, mais la forêt ne couvre plus que 10 p. 100 du territoire. Les sols sur lesquels elle poussait, transformés par le travail incessant de l’homme, sont devenus les meilleures terres agricoles.


Le climat

Il est de type maritime, venté, frais et humide ; les étés sont pluvieux avec maximum de précipitations au mois d’août (température moyenne : 16 °C) ; les hivers, froids, ont des moyennes mensuelles de température en janvier et février voisines de 0 °C. L’influence de la Baltique est loin d’être négligeable et épargne au Danemark la plupart des hivers rigoureux qui sévissent dans l’Europe de l’Est. Au creux de l’hiver, la Baltique est une voie très fréquentée par les dépressions qui cheminent du sud-ouest vers le nord-est, le long du front polaire, et le pays est alors balayé par les pluies, qui, en cette saison, sont aussi courantes que la neige. Les hivers très rigoureux sont rares, en moyenne cinq par siècle (au cours de l’hiver 1939-40, le thermomètre descendit à – 31 °C). Les eaux danoises de la Baltique sont englacées tous les hivers, ainsi que celles des baies du littoral de la mer du Nord. Les détroits sont pris par les glaces une cinquantaine de jours par an, et l’assistance des brise-glace peut être nécessaire pour assurer la circulation des navires.

Les précipitations sont principalement d’origine cyclonique. La moyenne annuelle, qui atteint 600 mm pour l’ensemble du pays, varie de 800 mm au sud-ouest du Jylland à 400 mm au milieu du Grand-Belt. Les précipitations apportées par les vents d’ouest diminuent régulièrement de l’ouest vers l’est. Le Jylland et la Fionie sont plus arrosés que les îles de Falster, Lolland et Sjaelland. Cette division régionale se retrouve dans le contraste des températures qui oppose la côte ouest du Jylland, avec des moyennes mensuelles de 0,5 °C pour le mois le plus froid et de 15 °C pour le mois le plus chaud, à l’île de Bornholm, à l’est, avec respectivement, pour ces mêmes mois, des températures moyennes de – 1,5 °C et 17 °C. La température moyenne annuelle pour l’ensemble du Danemark est de 8,5 °C. Quatre mois et demi par an ont une moyenne de température supérieure à 10 °C, ce qui permet le développement de la forêt et des herbages, mais la maturation des céréales est gênée par l’abondance des précipitations estivales.

Les vents d’ouest au début de l’été activent l’évaporation, responsable de la diminution du débit des petits cours d’eau et de l’assèchement des sols, ce qui ralentit sérieusement la croissance des plantes. L’irrigation et les plantations de haies arbustives sont une nécessité, en particulier dans le sud-ouest du Jylland. En hiver et au printemps, malgré des précipitations assez faibles, l’insuffisance de l’ensoleillement et de la température multiplie les flaques, les mares, les petits étangs et les champs détrempés, réduisant la surface cultivable. Il est alors nécessaire de drainer les basses terres ; un quart de la superficie cultivable est drainé artificiellement.

J. G.


La vie humaine et économique


Population et habitat

À l’exception de l’ouest du Jylland, aux terres difficiles à cultiver, et de l’île de Bornholm, l’habitat originel fut le village. Les villages étaient dispersés à travers le pays. Les Vikings du Danemark étaient des cultivateurs plus que des marins. Les noms des villages et villes se terminant en « inge » datent vraisemblablement du début de l’ère chrétienne. L’époque de l’expansion démographique et des grands défrichements du Moyen Âge (1000-1200) a donné une nouvelle génération de villages aux suffixes en « torp ». Du xiiie au xviiie s., la population se stabilisa dans les limites actuelles du pays aux environs de 800 000 habitants, avec une lente diminution de la population rurale au profit des premières villes. En 1788, la libération des paysans de leurs obligations personnelles les liant aux seigneurs et grands propriétaires terriens entraîna la constitution d’une classe de nombreux petits exploitants propriétaires, qui installèrent leurs fermes au cœur des exploitations, créant ainsi ce paysage d’habitat rural dispersé si caractéristique de la campagne danoise actuelle. Les villages subsistèrent et devinrent des centres administratifs, commerciaux, culturels et religieux.