Crinoïdes (suite)
Les bras des Crinoïdes libres, primitivement au nombre de cinq, habituellement de dix, s’allongent considérablement et se ramifient parfois énormément. Ils contiennent des muscles puissants, qui leur donnent une grande souplesse ; cependant, ils se brisent facilement au niveau d’articulations spéciales, les syzygies, dépourvues de muscles. La face orale des bras est parcourue par une gouttière où sont disposés des groupes de trois podia, dits palpes, qui participent au transport de la nourriture vers la bouche. Les bras sont bordés, de chaque côté, par un rang de pinnules rappelant les barbes d’une plume d’oiseau. On distingue trois sortes de pinnules : les orales, qui se rabattent brusquement sur la bouche lorsque l’animal est inquiété par un parasite ou un prédateur ; les génitales, qui contiennent les gonades ; les distales, qui portent des palpes.
Le tegmen est formé d’une délicate membrane plus ou moins calcifiée. Il est percé de centaines de pores minuscules servant à introduire l’eau dans les espaces cœlomiques. De la bouche, simple orifice pentagonal, partent cinq rainures ambulacraires donnant naissance à celles des bras. À quelque distance de la bouche se dresse un tube anal animé de contractions rythmiques, aspirant et rejetant l’eau en vue de l’élimination des déchets ou dans un but respiratoire. À la bouche fait suite un court œsophage vertical, puis un estomac très dilaté, tournant le long des parois de la cavité, un intestin et un court rectum qui aboutit à l’anus.
La bouche est entourée d’un canal oral émettant cinq canaux radiaires qui bifurquent et pénètrent dans l’axe creux des bras. La paroi de la cavité générale est tapissée de petites corbeilles vibratiles dont le rôle principal est de mettre en mouvement le liquide cœlomique.
Le système nerveux comprend trois parties : un système sensitif superficiel, un système oral profond et un système dorsal ou entoneural, centre de coordination des mouvements natatoires et de marche de l’animal.
Le développement des Crinoïdes n’est connu que par les nombreuses études faites sur une des Comatules européennes, Antedon bifida. On ignore tout de celui des Crinoïdes fixés, dont l’habitat profond interdit toute expérimentation. Les œufs sont pondus par éclatement de la paroi des pinnules et restent souvent collés à ces organes jusqu’à ce qu’ils soient fécondés par le sperme répandu dans l’eau ambiante par les mâles. L’œuf se segmente et donne naissance, vers le sixième jour, à une larve nageuse, dite en tonnelet, au corps cerclé de cinq bandes ciliaires transversales et parallèles. Après avoir nagé activement pendant quelques jours, la larve tombe sur le fond et s’y fixe par son lobe préoral, qui forme ventouse. Après de nombreuses transformations, le calice se détache du pédoncule juste sous les cirres, et la jeune Comatule, devenue libre, nage et va se cramponner aux supports qu’elle rencontre. Chez de nombreuses Comatules antarctiques, les œufs se développent dans des chambres incubatrices, ou marsupiums.
Les Crinoïdes se divisent en quatre groupes : Inadunata, Camerata et Flexibilia, dont tous les représentants sont fossiles ; Articulata, qui, en plus d’espèces éteintes, renferme tous les Crinoïdes actuels. Chez les Crinoïdes fixés, citons, parmi les espèces les plus communes : Conocrinus asterias, des Antilles ; Annacrinus wyvillethomsoni, de l’Atlantique tempéré ; Rhizocrinus lofotensis et Bathycrinus Carpentieri, des eaux froides de l’Atlantique Nord. Les Crinoïdes fixés habitent les milieux vaseux ou sont accrochés sur les pierres du fond ; ils ne se déplacent pour ainsi dire pas. Il n’en va pas de même des Crinoïdes libres, les Comatules, qui vivent, selon les mers, accrochés solidement par leurs cirres aux herbes marines, aux roches, aux coraux branchus, les bras étalés horizontalement ou dressés en coupe largement ouverte. S’ils sont détachés de leur support, la plupart nagent activement et gracieusement à la recherche d’un autre point d’attache. Ils se nourrissent de détritus et de petits organismes du Plancton qui viennent se coller sur les palpes, recouvertes de mucus. Le bol alimentaire est poussé à la bouche par de puissants courants ciliaires de la rainure ambulacraire des bras.
Les espèces des eaux tropicales hantant les récifs coralliens sont très nombreuses. En revanche, il n’existe que peu d’espèces européennes ; parmi les plus communes, citons Antedon bifida et Leptometra phalangium, des côtes de France ; Poliometra prolixa, Heliometra glacialis et Hathrometra sarsii, des mers nordiques.
G. C.