Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Crinoïdes (suite)

Les bras des Crinoïdes libres, primitivement au nombre de cinq, habituellement de dix, s’allongent considérablement et se ramifient parfois énormément. Ils contiennent des muscles puissants, qui leur donnent une grande souplesse ; cependant, ils se brisent facilement au niveau d’articulations spéciales, les syzygies, dépourvues de muscles. La face orale des bras est parcourue par une gouttière où sont disposés des groupes de trois podia, dits palpes, qui participent au transport de la nourriture vers la bouche. Les bras sont bordés, de chaque côté, par un rang de pinnules rappelant les barbes d’une plume d’oiseau. On distingue trois sortes de pinnules : les orales, qui se rabattent brusquement sur la bouche lorsque l’animal est inquiété par un parasite ou un prédateur ; les génitales, qui contiennent les gonades ; les distales, qui portent des palpes.

Le tegmen est formé d’une délicate membrane plus ou moins calcifiée. Il est percé de centaines de pores minuscules servant à introduire l’eau dans les espaces cœlomiques. De la bouche, simple orifice pentagonal, partent cinq rainures ambulacraires donnant naissance à celles des bras. À quelque distance de la bouche se dresse un tube anal animé de contractions rythmiques, aspirant et rejetant l’eau en vue de l’élimination des déchets ou dans un but respiratoire. À la bouche fait suite un court œsophage vertical, puis un estomac très dilaté, tournant le long des parois de la cavité, un intestin et un court rectum qui aboutit à l’anus.

La bouche est entourée d’un canal oral émettant cinq canaux radiaires qui bifurquent et pénètrent dans l’axe creux des bras. La paroi de la cavité générale est tapissée de petites corbeilles vibratiles dont le rôle principal est de mettre en mouvement le liquide cœlomique.

Le système nerveux comprend trois parties : un système sensitif superficiel, un système oral profond et un système dorsal ou entoneural, centre de coordination des mouvements natatoires et de marche de l’animal.

Le développement des Crinoïdes n’est connu que par les nombreuses études faites sur une des Comatules européennes, Antedon bifida. On ignore tout de celui des Crinoïdes fixés, dont l’habitat profond interdit toute expérimentation. Les œufs sont pondus par éclatement de la paroi des pinnules et restent souvent collés à ces organes jusqu’à ce qu’ils soient fécondés par le sperme répandu dans l’eau ambiante par les mâles. L’œuf se segmente et donne naissance, vers le sixième jour, à une larve nageuse, dite en tonnelet, au corps cerclé de cinq bandes ciliaires transversales et parallèles. Après avoir nagé activement pendant quelques jours, la larve tombe sur le fond et s’y fixe par son lobe préoral, qui forme ventouse. Après de nombreuses transformations, le calice se détache du pédoncule juste sous les cirres, et la jeune Comatule, devenue libre, nage et va se cramponner aux supports qu’elle rencontre. Chez de nombreuses Comatules antarctiques, les œufs se développent dans des chambres incubatrices, ou marsupiums.

Les Crinoïdes se divisent en quatre groupes : Inadunata, Camerata et Flexibilia, dont tous les représentants sont fossiles ; Articulata, qui, en plus d’espèces éteintes, renferme tous les Crinoïdes actuels. Chez les Crinoïdes fixés, citons, parmi les espèces les plus communes : Conocrinus asterias, des Antilles ; Annacrinus wyvillethomsoni, de l’Atlantique tempéré ; Rhizocrinus lofotensis et Bathycrinus Carpentieri, des eaux froides de l’Atlantique Nord. Les Crinoïdes fixés habitent les milieux vaseux ou sont accrochés sur les pierres du fond ; ils ne se déplacent pour ainsi dire pas. Il n’en va pas de même des Crinoïdes libres, les Comatules, qui vivent, selon les mers, accrochés solidement par leurs cirres aux herbes marines, aux roches, aux coraux branchus, les bras étalés horizontalement ou dressés en coupe largement ouverte. S’ils sont détachés de leur support, la plupart nagent activement et gracieusement à la recherche d’un autre point d’attache. Ils se nourrissent de détritus et de petits organismes du Plancton qui viennent se coller sur les palpes, recouvertes de mucus. Le bol alimentaire est poussé à la bouche par de puissants courants ciliaires de la rainure ambulacraire des bras.

Les espèces des eaux tropicales hantant les récifs coralliens sont très nombreuses. En revanche, il n’existe que peu d’espèces européennes ; parmi les plus communes, citons Antedon bifida et Leptometra phalangium, des côtes de France ; Poliometra prolixa, Heliometra glacialis et Hathrometra sarsii, des mers nordiques.

G. C.

crises et cycles économiques

La crise, caractérisée par une chute brutale de la production, de l’emploi, des prix et des valeurs mobilières, ainsi que par des mouvements de panique se traduisant par des retraits massifs de dépôts bancaires, apparaît comme le point de passage d’une phase de prospérité ou d’intense activité économique à une phase de dépression ou de stagnation.


Cette alternance — assez régulière avant la Seconde Guerre mondiale dans les économies occidentales —, d’un mouvement ascendant puis d’une phase descendante, a pu être désignée sous le nom de cycle économique.

Dans l’évolution économique de l’après-guerre des pays occidentaux, l’expansion du commerce et de la production n’a pas été interrompue par des crises comparables à celle de 1929 et entraînant des baisses considérables de la production et un chômage massif. Par rapport au passé, la période postérieure à la Seconde Guerre mondiale se distingue par le nombre plus restreint d’années de conjoncture* défavorable et, également, par l’amplitude plus faible des fluctuations. Si l’on prend le cas de la Grande-Bretagne (pour laquelle on peut remonter jusqu’en 1875), on ne compte, d’après Paul Bairoch, pour la période 1946-1965, que cinq années pendant lesquelles le taux de croissance* a été inférieur de moitié au taux moyen de la période considérée. Mais de faibles taux de ce type ont été observés neuf fois entre 1920 et 1939, sept fois entre 1895 et 1914 et huit fois entre 1875 et 1894. D’autre part, on constate qu’entre 1946 et 1965 aucune année n’est marquée par une diminution du revenu national, alors que, pour la période 1875-1894 (durant laquelle la croissance a été plus forte), cinq années ont connu des baisses de ce revenu. Il en est d’ailleurs de même des périodes 1895-1914 et 1920-1939, bien que, durant celles-ci, le taux de croissance ait été plus faible. Les États-Unis, l’Europe occidentale et le Japon ont été touchés au cours des années 1974-75 par la crise de loin la plus grave qu’aient traversée les économies « capitalistes » depuis le second conflit mondial. La production et l’emploi ont été durement atteints par cette crise, dont les causes trouvent leur point de départ dans une brusque augmentation du prix du pétrole (1973), accompagnée d’une profonde détérioration du système monétaire international.