Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Costa Rica (suite)

C’est presque sans interruption depuis un siècle que le gouvernement a fonctionné comme une démocratie représentative, président de la République et Assemblée législative étant actuellement élus au suffrage universel direct. Cette stabilité s’explique par la structure sociale des campagnes et s’accompagne d’un taux d’alphabétisation assez élevé. Après les troubles de 1948, la « IIe République » a mené une politique sociale active : la sécurité sociale intéresse plus des deux tiers des familles ; les banques, les chemins de fer et l’électricité sont devenus des régies d’État.

San José

Si, toute proche, l’ancienne capitale de Cartago n’est plus qu’une bourgade, San José est une métropole à la mesure de l’Amérique centrale, plus encore par ses équipements que par sa population. Centre politique, administratif et commercial du pays, elle reste, sauf en son centre, bâtie de maisons sans étages. Son active université est un centre d’édition notable ; la ville accueille une école d’administration publique, organisme de l’Organisation des États américains (O. E. A.) [celle-ci a établi à Turrialba, à l’est de la Vallée centrale, son école d’agriculture]. Enfin, plus de la moitié de l’équipement industriel du pays se concentre dans la capitale, une bonne partie du reste s’étant installée dans les grosses bourgades dans un rayon de 20 km ; il s’agit d’ailleurs surtout d’établissements moyens (textile, alimentation).


Les régions périphériques

Si le centre du pays reste largement prépondérant et possède la capitale nationale, les régions périphériques jouent aujourd’hui un rôle économique non négligeable.

Au nord-est, les basses terres bordières de la mer des Caraïbes sont formées d’accumulations alluviales apportées par le río San Juan, qui sert de frontière avec le Nicaragua, et par l’ensemble des cours d’eau descendus des montagnes. La plaine la plus vaste se situe au nord, où les alluvions composées de débris volcaniques forment les meilleurs sols : au sud-est, elle se rétrécit notablement vers le Panamá. Le peuplement ne s’est effectué que par taches, là où les plantations de bananes de l’United Fruit Company (la Bananera au Costa Rica) se sont établies à partir de 1883 autour de Puerto Limón. Une exploitation très moderne s’est instaurée, créant ses voies ferrées, ses centres urbains et attirant une main-d’œuvre de Noirs jamaïquains. La maladie de Panamá dévasta les bananeraies jusqu’à leur abandon en 1938. La population restée sur place se mit à la culture du cacao, vieille tradition coloniale retrouvée alors, puis la culture de la banane fut reprise après 1957 à petite échelle par la Standard Fruit Company, tandis que des squatters occupaient des surfaces rétrocédées par l’United Fruit pour y pratiquer des cultures de subsistance. Cependant, de vastes espaces forestiers restent inoccupés, surtout au nord. Le secteur caraïbe reste mal relié à l’économie nationale malgré l’installation d’une raffinerie de pétrole à Puerto Limón.

Sur la partie méridionale du versant pacifique, l’United Fruit a réorganisé sa production bananière. Les plaines côtières sont étroites, relayées par des blocs montagneux failles qui isolent des bassins alluviaux intérieurs, comme le Valle del General. Les bananeraies très modernes ont ici besoin d’irrigation pendant la saison sèche. Établies à partir de 1938 avec leurs voies ferrées et leurs ports (Quepos, Golfito), elles ont permis au Costa Rica d’exporter de nouveau, mais les plus anciennes (Quepos) sont en partie reconverties à leur tour devant l’invasion des parasites. Ces nouvelles plantations ont attiré un peuplement rapide, surtout composé de Costariciens des hautes terres et du Guanacaste. Plus à l’intérieur des terres, les défrichements du Valle del General progressent spontanément pour des cultures vivrières, stimulées par l’établissement de la route panaméricaine.

L’occupation de la portion nord de la façade pacifique (Guanacaste) est la plus ancienne, dans la péninsule montagneuse comme dans la plaine intérieure. Celle-ci a été occupée dès l’époque coloniale par des éleveurs venus du Nicaragua, fondus en un peuplement métis avec les assez nombreux Indiens de la région. À l’élevage extensif des bovins se substitue partiellement la culture mécanisée du coton sur les grands domaines, tandis que se dispersent de petites cultures vivrières paysannes.

Les montagnes de la péninsule de Nicoya n’ont été atteintes qu’à partir de la fin du xixe s. : des éleveurs s’y dispersent, venus surtout de la Vallée centrale. Débouché traditionnel de celle-ci, le port de Puntarenas n’a été cependant atteint par la voie ferrée que bien après Puerto Limón (1927, au lieu de 1891). Puntarenas s’est équipé récemment d’une usine d’engrais grâce au Marché commun centre-américain.


Le Centre

L’implantation récente d’un peuplement costaricien surtout sur le versant pacifique n’empêche pas le maintien d’un noyau dense dans la Vallée centrale, au cœur des hautes terres. Dans une position de col au pied méridional de la Cordillère volcanique, une haute plaine s’est formée par l’accumulation, jusqu’à l’époque actuelle, de laves et surtout de cendres volcaniques, d’où sont issus des sols riches et meubles, et le climat de « terre tempérée » d’altitude, bien arrosée, a favorisé l’installation des colons espagnols. Ces éléments favorables ont leur contrepartie : en 1963-64, le volcan Irazú, en éruption, couvrit la région de cendres volcaniques, endommageant pâtures et caféiers.

On trouve ici une économie intensive, reposant sur un peuplement bien desservi par un réseau de routes goudronnées et groupé en villes et en villages proches les uns des autres. Principalement aux mains de la petite paysannerie, la culture du café s’est implantée après 1840 pour le marché européen. Par moments supplanté par la banane (1946), le café est actuellement avec celle-ci le pilier des exportations et résiste partiellement à la baisse des prix mondiaux grâce à une qualité élevée (vendue pour les deux tiers en Allemagne fédérale et en Grande-Bretagne, le reste allant aux États-Unis). Les rendements et la production totale (100 000 t) s’accroissent. La petite propriété laisse 77 p. 100 des surfaces à ceux qui cultivent moins de 70 ha de café, bien que le séchage et le conditionnement se concentrent aux mains de quelques gros producteurs, qui tendent à accroître leurs propriétés foncières. À la périphérie de la région caféière, située autour de San José, les productions se diversifient. À la polyculture vivrière s’ajoute sur les pentes de la Cordillère volcanique l’élevage laitier, qui profite d’une abondante clientèle urbaine toute proche. Plus bas, aux débouchés de la Vallée centrale, vers l’est ou l’ouest, les cultures de canne à sucre ne dépassent pas les besoins du marché national. Cependant, ces diverses activités rurales, bases économiques du pays, ne suffisent pas à employer les masses de main-d’œuvre qui s’accroissent à un rythme record : nombreux sont ceux qui partent à la périphérie du Costa Rica — ouvriers agricoles de la banane ou défricheurs de terres libres —, mais plus nombreux encore sont ceux qui émigrent en ville et particulièrement vers la capitale.