Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

coquillier (calcaire) (suite)

Signification paléogéographique

On connaît des calcaires coquilliers dans un grand nombre de formations géologiques, depuis le Paléozoïque jusque dans les terrains les plus récents ; il s’en forme encore actuellement, notamment au voisinage des récifs des mers chaudes à forte teneur en CO3Ca (carbonate de chaux).

Les calcaires coquilliers fossiles sont presque toujours le résultat d’une sédimentation marine, intervenue sous une faible profondeur d’eau ou à courte distance d’un ancien rivage, et ils constituent de ce fait un précieux indicateur pour les reconstitutions paléogéographiques.

Ces calcaires (de même que les grès ou les sables coquilliers) sont souvent la conséquence d’une accumulation d’organismes ayant vécu à quelque distance du lieu de sédimentation et ayant donc subi une certaine altération sous l’effet du brassage par les eaux courantes, parfois même un véritable transport, avec triage, sous l’effet de courants permanents. Cela est particulièrement évident lorsque les coquilles sont brisées, dissociées ou érodées : les calcaires à entroques constituent un exemple typique de tels dépôts organodétritiques ; par contre, les lumachelles sont généralement en rapport avec des amas d’organismes ayant vécu sur place, fixés les uns aux autres en bancs serrés (comme le sont actuellement les bancs d’Huîtres). Les calcaires renfermant en grand nombre des petits Mollusques variés (spécimens jeunes ou espèces petites et fragiles), principalement des Gastropodes ou des petits Bivalves byssifères, sont l’indice d’anciennes prairies d’Algues, où ces organismes trouvaient à la fois leur support et leur nourriture. L’abondance de Mollusques fouisseurs dans un sédiment fin est révélatrice d’anciens fonds meubles vaseux ; les grosses espèces massives, solidement fixées ou à forte adhérence pédieuse, sont au contraire l’indice de fonds anfractueux durs.


Utilisation

Du point de vue économique, les calcaires coquilliers se trouvent exploités pour la fabrication de la chaux dans la mesure où ils sont suffisamment purs. Ils peuvent être localement utilisés pour l’empierrement. Les bancs non gélifs sont recherchés pour la pierre de taille et surtout pour la pierre marbrière, dont les fossiles inclus permettent d’obtenir des effets décoratifs spéciaux.

J.-C. F.

➙ Calcaire.

Coran

Livre sacré des musulmans, qui le considèrent comme la parole de Dieu révélée en arabe au prophète Mahomet.



La formation et le contenu de la révélation coranique

Vers l’an 610, Muḥammad (que nous appelons Mahomet*), commerçant notable de la ville arabe de La Mecque (en arabe Makka), faisait des retraites fréquentes dans les cavernes du mont Ḥirā’, proche de cette ville. Il entendit un jour une voix, puis un messager surnaturels qui lui révélèrent des paroles divines.

D’abord effrayé et craignant des ruses démoniaques, il se convainquit de l’authenticité de ces messages de l’au-delà et s’habitua à les recevoir d’une manière déterminée en se couvrant d’un manteau. La réception était pénible ; Muḥammad transpirait, frissonnait, restait longtemps inconscient. Le message se produisait à des moments inattendus, parfois au cours d’une conversation ou lors d’un voyage, lorsque le Prophète était monté sur sa chamelle. Muḥammad percevait un message intérieur traduisible en mots ou voyait un messager céleste qui parlait. Il répétait ces paroles à des assistants, qui les notaient sur des matériaux divers : morceaux de cuir, os plats de chameaux, tessons de poteries, tiges de palmes, etc. Comme le tout premier message incitait Muḥammad à le « réciter », on appela ces textes une ou des récitations (qur’ān).

Les révélations se poursuivirent pendant toute la vie du Prophète à des intervalles irréguliers. Comme l’ordre du texte canonique ne répond nullement à celui des révélations, des efforts ont été faits, déjà par les musulmans du Moyen Âge, pour reconstituer l’ordre chronologique. Les orientalistes européens ont poussé plus loin cet effort et ont établi des critères de forme ou de contenu qui leur permettent une classification, plus ou moins hésitante sur certains points.

Le Coran est rédigé en une sorte de prose rythmée et rimée (sadj‘), forme utilisée avant Muḥammad par les kāhin (devins) arabes. Les versets forment des suites, parfois des genres de strophes terminées par la même assonance. La langue semble être essentiellement le dialecte arabe mixte, constitué sur la base des dialectes orientaux et qui servait de langue littéraire dans l’ensemble de l’Arabie. Mais il y a une certaine influence du dialecte arabe, assez différent, parlé dans la région de La Mecque et de Médine.

Les auteurs religieux musulmans n’ont pas, jusqu’ici, adopté une théorie analogue à la théorie chrétienne des genres littéraires, qui permet de concilier la croyance à l’origine divine des textes sacrés avec une certaine action laissée à l’initiative du récepteur et avec l’influence des circonstances, du milieu, du mode d’expression, etc. Les non-musulmans, ne pouvant accepter naturellement l’origine divine du message, y voient l’expression de l’intellect et de la sensibilité de Muḥammad, tout en pensant en général que c’est sincèrement qu’il a attribué à ces émanations de sa personnalité une origine divine.


Les périodes

On distingue quatre couches de textes coraniques, correspondant à quatre périodes de la vie du Prophète.


Première période mekkoise

Début de la Révélation à La Mecque. Lyrisme incantatoire, saccadé, exalté, hallucinant, parfois en strophes avec un refrain, utilisant des formules de serment par les astres, le ciel et la terre, le jour et la nuit. Annonce angoissée de l’heure proche du jugement, appel au repentir et à la pénitence (par l’aumône), dénonciation de la « suffisance » des riches et des puissants, exaltation d’Allāh créateur et bienfaiteur ; vérité de la mission de Muḥammad, « l’Avertisseur », corroborée par les anciennes Écritures.