Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

concentration (suite)

Quelques termes essentiels

combinat, forme soviétique de concentration. Il réunit un certain nombre d’entreprises industrielles appartenant à des branches différentes, techniquement liées dans le processus de production. Forme dominant dans les industries métallurgiques, chimiques, textiles et alimentaires.

concentration horizontale, développement de l’entreprise à un même stade de production. Exemple : création de nouveaux ateliers de même nature que les anciens ou de nouveaux magasins de vente ; diversification, au sein d’une même entreprise, de la production, d’où fabrication, à partir de la même matière première qu’auparavant (exemple : lingots d’acier), de nouveaux produits (aux barres précédemment fabriquées, on joint la production de rails, tables, plaques de tôles, etc.). Elle accroît la gamme de production et augmente les quantités produites.

concentration verticale ou intégration, prise du contrôle par une seule et même entreprise des différents stades successifs de la fabrication, de la transformation ou de la vente d’un même bien ; l’intégration peut être ascendante ou descendante, selon qu’il s’agit des premières phases successives (de la matière première au produit élaboré) ou des dernières phases (du produit fini au consommateur).

conglomérat, véritable firme industrielle qui non seulement détient le capital de ses filiales mais assure la responsabilité d’ensemble de leur direction et de leur gestion. L’extension de leur activité s’effectue dans des domaines très variés par voie d’absorption.

entente, accord liant plusieurs entreprises sur un certain nombre de points limitativement énumérés pour une période déterminée. Elle s’appelle pool, consortium industriel, syndicat industriel, comptoir, conférence (dans le domaine de la navigation maritime) et surtout cartel. Ce dernier est une association temporaire en vue de fixer les prix de vente minimaux, de partager géographiquement les marchés, de réglementer et de limiter la concurrence, etc., entre des entreprises conservant leur indépendance.

groupe, ensemble d’entreprises qui, tout en conservant leur individualité juridique, se placent les unes vis-à-vis des autres dans une situation de dépendance économique. Le groupe le plus caractéristique est le Konzern ou le consortium : association d’entreprises réalisée par des moyens financiers et visant à une action commune. Les exemples concrets sont : Krupp en Allemagne, Montecatini en Italie.

trust, combinaison financière réunissant plusieurs entreprises et les privant en fait complètement de leur indépendance, en vue de constituer une énorme entreprise. Le trust connaît une variante : la holding company (société de portefeuille), ou simplement holding. C’est une société financière gérant un ensemble de sociétés au sein desquelles elle s’est assuré une participation majoritaire, notamment par l’intermédiaire d’achats en Bourse. C’est une formule souple, mais aussi secrète.

G. R.

➙ Entreprise / Industrialisation.

 S. Wickham, Concentration et dimensions (Flammarion, 1966). / J. Parent, la Concentration industrielle (P. U. F., 1970). / A. P. Weber, les Concentrations industrielles (Bordas, 1971). / J. de Richemont, les Concentrations d’entreprise et la position dominante (Libr. du Journal des notaires et des avocats, 1972).

concentration (camps de)

Camps où furent internés de 1933 à 1945, sous la direction et la surveillance des SS, d’abord des Allemands hostiles au régime nazi et certains détenus de droit commun, puis, à partir de 1939, des opposants de tous les pays européens occupés par la Wehrmacht.


L’institution des camps de concentration apparaît en Allemagne comme une conséquence immédiate de la prise du pouvoir par Hitler*. Avec l’auteur de Mein Kampf, le Reich se situe d’emblée dans le sillage des plus exacerbés des pangermanistes (Houston Stewart Chamberlain, Ludendorff*, etc.), dont les théories sont reprises et amplifiées par l’idéologie nazie. « La mission de l’Allemagne, noyau des peuples germaniques et détentrice de la culture du genre humain », interprétée de façon infaillible par le Führer (Führerprinzip), impose la substitution au droit romain d’un droit allemand permettant l’élimination de toute opposition. Fondé sur la valeur biologique de l’individu de sang allemand et sur son antithèse de l’Untermensch (sous-homme), il doit permettre aux forces de sécurité du Reich, c’est-à-dire à sa police, « de rechercher et de détruire tous les mouvements dangereux pour l’État et le parti » et spécialement « les individus qui se sont séparés de la communauté populaire par leur dégénérescence physique ou morale et qui violent, dans leur intérêt particulier, les dispositions prises pour protéger l’intérêt général ».

Préparée de longue date, la mise en place du système se réalise aussitôt. Quatre semaines après la nomination de Hitler au poste de chancelier du Reich (30 janv. 1933), la sinistre comédie de l’incendie du Reichstag permet de promulguer le décret du 28 février qui, suspendant l’exercice des droits civiques, rend permanent l’état d’exception ; le soir même du 28, 4 000 « communistes » sont arrêtés et internés au camp provisoire de Böyermoor, près d’Osnabrück. Quelques jours plus tard, Göring et Himmler sont mis par Hitler à la tête des polices politiques de Prusse et de Bavière, et, le 21 mars 1933, le Manchester Guardian annonce que le Polizeipräsident de Munich a informé la presse qu’un camp de concentration pour 5 000 détenus allait être ouvert près de Dachau. Le 14 octobre, enfin, un décret « réorganise » la détention préventive de sécurité (Schutzhaft), qui permet désormais l’internement arbitraire de quiconque pour une durée illimitée, « toute possibilité de réclamation étant exclue ». Ainsi est consacrée la totale démission de l’appareil judiciaire entre les mains d’une police qui s’identifiera bientôt à la plus implacable institution du régime : la SS.