Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Cobra (suite)

(Copenhague 1913) est le plus lyrique des peintres de Cobra. L’influence de Miró sera déterminante sur cet autodidacte, fécondant un rêve merveilleux et tendre, hanté par la lune, où les êtres révèlent leurs secrets. Une pâte volontiers onctueuse, grasse et molle, caresse les formes plus qu’elle ne les décrit. « En 1939, Pedersen, qui avait pensé devenir musicien, ouvre à la peinture spontanée le champ cosmique des fables » (Dotremont).

Les Néerlandais

Le surréalisme n’a eu aucun retentissement aux Pays-Bas, où le rationalisme plastique de De Stijl* avait pris force de loi. C’est contre cette loi que s’insurgera la jeune génération, principalement avec Appel, Constant et Corneille. En 1948, Constant vient de fonder le groupe expérimental hollandais, qui s’exprime dans la revue Reflex, où on lit notamment : « Un tableau n’est plus une construction de couleurs et de lignes mais un animal, une nuit, un cri, un être humain ou tout ensemble. »


Karel Appel

(Amsterdam 1921) est le plus instinctif des peintres de Cobra. Héritier de Van Gogh, son impétuosité l’a fait comparer souvent à De Kooning, mais Jorn l’aura beaucoup influencé. Très proche des graffiti, il leur donne une ampleur chromatique inattendue. Après Cobra, il succombera quelque temps aux tentations floues de l’« informel ». C’est la sculpture qui le sauvera : de magmas de matière, il aboutira bientôt à des animaux monstrueux en bois peint, par lesquels il retrouve une grâce qu’il avait un peu perdue de vue.


Constant A. Nieuwenhuis, dit Constant

(Amsterdam 1920), est le plus versatile de ces peintres. Après avoir poursuivi l’ingénuité sous tous ses aspects, il est devenu brusquement l’architecte d’une cité imaginaire, « New Babylon », retrouvant du même coup les impératifs du néo-plasticisme.


Cornelis G. Van Beverloo, dit Corneille

(Liège 1922), est le plus heureux de tous. Son émancipation s’accomplit sous le signe de Klee, qui lui permet de convertir à la poésie graphique l’impérieux canevas hérité de Mondrian*. Après Cobra, Corneille interrogera longuement les jardins, les chemins, les pierres et le réseau capricieux qu’ils constituent. Puis son incursion dans l’univers minéral se fera, à partir de 1960, de plus en plus abrupte. C’est peut-être alors qu’il accède à la période la plus solidement structurée de son œuvre. Depuis 1967, il donne une grande place au monde céleste, celui des astres et des oiseaux.

Les Belges


Pierre Alechinsky

(Bruxelles 1927), le plus doué peut-être, le plus jeune aussi, se joint au mouvement en 1949. Il n’a cessé de proclamer sa dette à l’égard d’Ensor, d’une part, à l’égard de Jorn et de Bram Van Velde d’autre part. De fait, il s’accomplit au carrefour de la verve amère du premier, des hantises du deuxième et de l’extase du troisième. Mais il est bien autre chose qu’une simple combinaison de ces trois humeurs. Remarquable dessinateur, qu’une initiation à la calligraphie japonaise a doté d’une technique infaillible, il est par ailleurs capable de passer des tableaux les plus crispés ou les plus furieux à d’amples symphonies de lumières et de calmes. Son humour, particulièrement caustique, fait bon ménage avec de grands moyens lyriques, affirmés surtout depuis l’adoption de la peinture acrylique en 1965. Il s’est enfin révélé, dans ses réflexions sur ses propres activités créatrices, comme un écrivain d’une langue sûre et savoureuse.


Christian Dotremont

(né en 1922) est le penseur de Cobra. Profondément, bien qu’indirectement, marqué par le surréalisme (il ne fréquenta que le petit groupe la Main à plume, fondé à Paris en 1941), il en perpétua les préoccupations multiples au sein de Cobra, défendant infatigablement les artistes du mouvement et se livrant avec eux à d’innombrables expériences, en particulier sur la combinaison des mots et de la peinture.

Autour de Cobra

Cobra a cristallisé autour de lui l’intérêt de nombreux artistes et écrivains. C’est le cas, en France, des peintres Jean-Michel Atlan (1913-1960) et Jacques Doucet (né en 1924), du sculpteur Étienne-Martin*, des critiques Édouard Jaguer et Michel Ragon ; aux Pays-Bas, des peintres Bram Van Velde (né en 1895) et Théo Wolvecamp (né en 1925), du poète, peintre et dessinateur Lucebert (né en 1924) ; en Suède, des peintres Carl Otto Hultén (né en 1916) et Anders Österlin (né en 1926) ; en Belgique, du peintre Serge Vandercam (né en 1924), du sculpteur Reinhoud (né en 1929) ; etc. Et Cobra semble avoir eu une influence décisive sur le développement de bien d’autres artistes, tels l’Italien Enrico Baj (né en 1924), les Britanniques Alan Davie (peintre né en 1920) et Eduardo Paolozzi (sculpteur né en 1924), le Néerlandais Martin Engelman (né en 1924), l’Espagnol Antonio Saura (né en 1930)... Le panorama ne peut être complet, tant cette influence a été étendue.

Cockcroft (sir John Douglas)

Physicien anglais (Todmorden, Yorkshire, 1897 - Cambridge 1967).


Fils du directeur d’une entreprise de textile, Cockcroft fait ses premières études à l’université de Manchester et au Saint John’s College de Cambridge. Après avoir participé à la Première Guerre mondiale, il se consacre à l’électrotechnique et entre au service de la Metropolitan Vickers, où il est spécialiste des hautes tensions. Mais bientôt, désirant obtenir un doctorat de physique, il devient en 1922 assistant au laboratoire de Rutherford* à Cambridge, où il se rend très utile par ses connaissances de technicien. Il y travaille d’abord avec le Russe Kapitsa à la production de très basses températures et de champs magnétiques intenses. Puis il s’attaque à l’accélération des particules électrisées, alors que le cyclotron n’est pas encore inventé, pour obtenir des énergies supérieures à celles que fournissent les rayons α du radium. Il réalise un accélérateur électrostatique à impulsions grâce auquel, en collaboration avec l’Irlandais Ernest Thomas Walton (né en 1903), il bombarde en 1932 les atomes du lithium et du bore à l’aide de protons très rapides ; il obtient ainsi les premières transmutations effectuées par emploi de projectiles accélérés artificiellement. Cette expérience, qui aura les plus importantes conséquences, vaudra à ses auteurs le prix Nobel de physique pour 1951.