Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

chromatographie (suite)

La chromatographie sur colonne est un moyen très sensible d’identification, les quantités nécessaires étant de l’ordre du milligramme seulement ; mais la chromatographie de partage sur papier joint à la simplicité une sensibilité plus grande encore : disposant quelques microgrammes du mélange à séparer dans un coin d’une feuille de papier filtre placée verticalement en atmosphère très humide, on profite de la capillarité pour faciliter le déplacement dans la feuille du solvant mobile ; chaque corps est d’autant plus vite entraîné qu’il est moins soluble dans l’eau ; il suffit ensuite de reconnaître, au moyen d’un réactif convenable, chacune des taches obtenues.

La chromatographie en phase gazeuse, récente, connaît un grand développement : le mélange à séparer, formé de liquides volatils, est vaporisé, dilué dans un gaz vecteur et envoyé dans une colonne contenant un liquide convenable immobilisé sur un support inerte ; une séparation s’effectue par partage gaz-liquide, et bientôt le courant de gaz vecteur entraîne à la sortie de la colonne, les uns après les autres, les constituants du mélange. Leur identification, leur dosage même s’effectuent alors par un procédé approprié, par mesure de la variation de conductibilité thermique du gaz, par exemple. Cette méthode est rapide, efficace et sensible ; elle est utilisée aussi bien pour la recherche que dans l’industrie, celle des pétroles, par exemple.

R. D.

 E. et M. Lederer, Recent Progress in Chromatography (Amsterdam, 1956). / L. Savidan, la Chromatographie (Dunod, 1958 ; 3e éd., 1970). / J. Tranchant (sous la dir. de), Manuel pratique de chromatographie en phase gazeuse (Masson, 1964 ; 2e éd., 1968). / D. R. Browning et coll., Chromatographie (Masson, 1971).



Melvin Calvin,

chimiste américain (Saint Paul, Minnesota, 1911). Il a utilisé en analyse chimique la chromatographie sur papier et l’autoradiographie des chromatogrammes. Il a précisé le mécanisme de la photosynthèse grâce à l’emploi de gaz carbonique marqué au carbone 14. (Prix Nobel de chimie en 1961.)


Archer John Porter Martin,

biochimiste anglais (Londres 1910). En 1944, il a créé, avec l’Anglais Richard Laurence Millington Synge (Liverpool 1914), la chromatographie sur papier, à l’occasion de la séparation des aminoacides contenus dans les protéines. (Tous deux ont reçu le prix Nobel de chimie en 1952.)

chrome

Corps simple métallique.


Il fut découvert en 1797 par L. N. Vauquelin ainsi que par M. H. Klaproth. Le chrome ne représente que 0,02 p. 100 de la lithosphère et existe surtout sous forme de chromite FeCr2O4.


Atome

Le numéro atomique du chrome est 24 ; la structure électronique de l’état fondamental de l’atome est 1s2, 2s2, 2p6, 3s2, 3p6, 3d5, 4s1. Le chrome est donc un élément de la première série de métaux de transition. Le rayon atomique est de 1,25 Å, et le rayon du cation Cr+3 est de 0,64 Å.

Les énergies successives d’ionisation valent respectivement 6,78 eV, 16,7 eV, 32,2 eV, 51,1 eV, 73,1 eV, 90,2 eV, 168 eV.


Corps simple

Le chrome est un métal de densité égale à 7,1, qui fond à 1 920 °C. Les cristaux de chrome sont cubiques centrés ; il existe une forme instable hexagonale compacte qui semble liée à l’existence d’hydrogène inséré entre les atomes de chrome. Ce métal réagit peu à l’état massif et se recouvre à l’air d’une fine couche d’oxyde qui le protège tout en lui gardant son aspect brillant ; mais, dans la protection du fer, on forme d’abord un dépôt superficiel de nickel qui ne présente pas de fissure et que l’on recouvre de chrome.

À chaud, le chrome réagit avec de nombreux métalloïdes ; il est attaqué par l’acide chlorhydrique et l’acide sulfurique, mais non par l’acide nitrique, qui le passive. Le potentiel normal du couple oxydoréduction Cr+2/Cr est – 0,9 V.

Industriellement, on réduit au four électrique la chromite par le carbone et on obtient un ferrochrome à 60-70 p. 100 de chrome. On transforme aussi par oxydation à chaud un mélange de chromite et de carbonate de sodium en chromate de sodium. En ajoutant de l’acide sulfurique à une solution de chromate alcalin, on obtient un bichromate.

Le métal peut être obtenu par aluminothermie de l’oxyde chromique. On obtient des dépôts électrolytiques de chrome en utilisant une solution contenant 250 g d’anhydride chromique et 2,5 g d’acide sulfurique par litre ; l’électrolyse se fait vers 40-45 °C avec une anode en plomb antimonié, et le chrome se dépose à la cathode.


Principaux dérivés

On connaît des dérivés chromeux correspondant au nombre d’oxydation II. Les ions chromeux sont des agents particulièrement réducteurs, et cela entraîne une réduction de l’eau en même temps que les sels chromeux sont transformés en sels chromiques ; le potentiel normal du couple oxydoréduction Cr+3/Cr+2 est de – 0,4 V. Les solutions aqueuses de sels chromeux absorbent l’oxygène de l’air.

Les sels chromiques sont moins oxydants que les sels ferriques ou manganiques. Par contre, ils n’ont pas le caractère réducteur des cations Ti+3 et V+3. Ils ne sont oxydés que lentement en milieu acide, et, pratiquement, il faut utiliser à cet effet des oxydants très énergiques, comme les permanganates à chaud. En milieu alcalin, l’oxydation est facilitée et peut être réalisée avec le chlore, le dioxyde de plomb, le peroxyde de sodium et les persulfates.

On connaît de nombreux complexes des sels chromiques. Le chlorure chromique donne des solutions aqueuses dont la couleur varie avec la température et la concentration en ions chlorures ; cela est dû à la formation d’ions complexes différents. En particulier, on a préparé trois hexa-hydrates complexes de formule globale CrCl3, 6H2O, contenant respectivement les ions complexes [Cr(H2O)6], [Cr(H2O)5Cl] et [Cr(H2O)4Cl2]. On connaît également de nombreux amino-complexes, tels que [Cr(NH3)6]Cl3 ou [Cr(NH3)5Cl]Cl2, etc.

L’oxyde chromique s’unit à des oxydes basiques pour donner des chromites, comme les composés MIICr2O4, analogues aux aluminates. On connaît le fluorure CrF4, le chlorure CrCl4 et l’oxyde CrO2, correspondant au nombre d’oxydation IV.