Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Chien (suite)

Les Lévriers semblent surtout avoir été utilisés comme Chiens de chasse, en Afrique du Nord-Est, puis au Proche-Orient, alors que les Molosses servaient de Chiens de combat, de garde et même de guerre aux peuples de ces époques, depuis les Assyriens, qui les utilisaient aussi contre les Lions, jusqu’aux Espagnols, qui en lâchaient des meutes entières contre les Indiens, pendant la conquête de l’Amérique, en passant par Rome, qui utilisait aussi les Dogues de combat, dans ses guerres ainsi que dans ses jeux du cirque.

Mais, déjà, d’autres races avaient été créées par des amateurs avisés, aussi au courant des méthodes de sélection dirigée des Chiens qu’ils l’étaient pour le bétail. Les Romains du début de l’ère chrétienne connaissaient, en plus des races citées plus haut, le Chien de chasse à l’arrêt et le Chien de compagnie, du genre du Bichon maltais. On dit que l’origine du Chien d’arrêt, ou couchant, est la suivante : il « bloquait » le gibier sur place, en l’effrayant par son approche silencieuse, et il s’aplatissait contre le sol pour que son maître puisse lancer un filet, genre d’épervier, au-dessus de lui et capturer ainsi Lièvres ou Perdreaux.

À mesure que les siècles passaient, les hommes se sentaient toujours plus attachés à leurs Chiens, comme à leurs Chevaux. Sans ces deux animaux, la face du monde eût été très différente. Il ne faut pas oublier que pendant des siècles le monde n’a mangé de la viande rouge, de la venaison, que dans la mesure où les veneurs chassaient bien, donc utilisaient de bons Chiens. La sélection va s’opérer dans ce sens pendant longtemps : obtenir des Chiens courants rapides, infatigables, obéissants, ne prenant pas le change, c’est-à-dire poursuivant le même animal depuis qu’il a été levé jusqu’à l’hallali, et de gabarit bien fixé, de manière que la meute soit toujours groupée et que ces Chiens aient un flair sans défaut, puisqu’ils ne chassent pas à vue une bête plus rapide qu’eux, mais uniquement à la voie. Ce travail de sélection sera particulièrement soigné en France, pour aboutir à un sommet : la meute de Louis XV, groupant près de 500 Chiens de tout premier choix.

La Révolution disperse la plupart des Chiens de chasse à courre, et certaines races disparaissent même dans la tourmente. Il faudra le premier Empire pour que les meutes soient reconstituées et que la charge de lieutenant de louveterie soit rétablie. Le vicomte de La Besge, au cours de la seconde moitié du xixe s., prit ou tua plus de 700 Loups sur une superficie d’un seul département, celui de la Vienne : son Chien « Faublas » est toujours cité comme le meilleur limier de tous les temps pour ce genre de chasse. La disparition du Loup, le morcellement des terres, le défrichage, la surpopulation, le ravitaillement en viande de boucherie ont enlevé depuis longtemps sa raison d’être à la chasse à courre, qui n’est plus qu’un sport que certains trouvent cruel, mais qui a au moins le mérite de protéger ce qu’il nous reste de grands animaux sauvages tout en sacrifiant chaque année un très petit nombre.

La sélection de l’espèce canine n’avait pas attendu notre époque pour s’exercer dans d’autres directions. L’invention des armes de chasse rendait indispensable, dès le xive et surtout au xve s., l’aide du Chien d’arrêt, capable, en outre, de rechercher le gibier mort et blessé et de le rapporter.

Le Chien de chasse à l’arrêt a suivi : les Braques, les Pointers, les Setters, les Epagneuls, les Cockers ont été sélectionnés, modelés, standardisés, créancés — c’est-à-dire spécialisés — soit sur le poil, soit sur la plume, ou bien sur un seul gibier, la Bécasse par exemple pour certains Epagneuls bretons qui n’accordent pas un regard à un Lièvre au gîte. En même temps se sélectionnaient les Chiens de bergers, à Moutons, les Bouviers, les Chiens de garde, de police, de recherche, de guerre, les Chiens de course, les Terriers, qui chassent le Renard ou le Blaireau, et aussi les Chiens d’agrément de toutes sortes, du plus grand au plus petit.


Les Chiens d’aujourd’hui

La Fédération cynologique internationale et la Société centrale canine ont pour mission d’enregistrer les naissances des Chiens de race, de vérifier s’ils répondent bien au standard admis pour chaque race et de délivrer des pedigrees qui sont de véritables pièces d’identité pour chaque animal, en attendant que se généralise un procédé de tatouage indélébile qui terminera cette identification. Le but de la Société centrale canine, en France, particulièrement, n’est pas seulement d’authentifier les Chiens afin de faciliter leur vente et de leur décerner des prix aux expositions, mais surtout d’aider à maintenir des races dans le maximum de leurs qualités, en refusant d’inscrire les sujets que les juges ne trouvent pas parfaits. Il existe actuellement 159 races inscrites dans le monde entier, parfois très abondantes, comme le Chien de berger allemand, parfois rarissimes. Pour chacune de ces races, il existe un club, qui, en accord avec la Société centrale canine, s’il s’agit de la France, surveille la qualité des sujets produits par les éleveurs. C’est chez ces éleveurs ou auprès de ces clubs qu’il faut acheter le Chien de race, avec pedigree, que l’on désire acquérir.

Il est impossible d’énumérer ici les 159 races différentes de Chiens. Chiens de garde et d’utilité, avec les Bergers, les Bouviers et les Dogues, Chiens de montagne et de traîneau, Chiens de compagnie ou d’agrément, en voilà déjà près de 100. On complétera avec les Chiens de chasse, en commençant par ceux de grande et de petite vénerie (ces derniers chassant surtout le Lièvre, par petites meutes), en continuant par les Chiens d’arrêt, puis les quelques Retrievers, c’est-à-dire des Chiens spécialisés dans la recherche du gibier mort ou blessé, même dans l’eau, et en finissant par les Chiens de terrier, qui deviennent de plus en plus des Chiens de compagnie et d’agrément, mais qui ont gardé leur redoutable mâchoire, durcie par des siècles de bagarre contre le Renard ou le Blaireau.