Āgrā (suite)
Les tombeaux
Le mausolée d’Akbar à Sikandara (8 km d’Āgrā), sans doute commencé du vivant de l’empereur, ainsi que peut le prouver son soubassement, mais achevé par Djahāngīr en 1613, se présente comme un immense effort de renouvellement après la réussite grandiose que fut la tombe de Humāyūn à Delhi ; l’agencement des cinq terrasses supérieures manque pourtant de pureté et se révèle un demi-échec. Bien plus heureux est celui du grand dignitaire I‘timād al-Dawla (1628), situé, comme tous les tombeaux moghols, dans un vaste jardin, sans doute le plus ancien monument indien construit entièrement en marbre.
Avec le Tādj Maḥall, c’est en faisant un retour au style de la tombe de Humāyūn que les architectes pourront dépasser ce chef-d’œuvre, pour donner un monument unique au monde par sa science et sa beauté. Tout concourt à la gloire du Tādj : son porche, son jardin, la rivière qui le baigne, les deux édifices de grès rouge qui le flanquent, la lumière qui l’éclairé et sans laquelle il est impossible de le comprendre, le roman d’amour dont il est le témoin. Construit pour Mumtāz Maḥall, épouse de Chāh Djahān, sur une terrasse décorée d’arcades lobées et portant quatre minarets (aux quatre angles), il apparaît comme un cube de marbre blanc (55,80 m de côté) aux pans coupés, surmonté d’une coupole bulbeuse haute de 57 m, entièrement travaillé et orné d’incrustations. Si des artistes venus de tout l’empire et de l’étranger y travaillèrent (de 1631 à 1643 au moins), l’intervention d’un architecte vénitien est bien une légende.
Fathpūr-Sīkrī
Cette ville fut fondée à 37 km à l’ouest d’Āgrā comme capitale cérémonielle et ne connut qu’une brève période de vie (1570-1586). Abandonnée aussitôt qu’achevée, elle se présente à nous comme un exemple unique et remarquable de l’architecture de la seconde moitié du xvie s. Enfermée dans une enceinte de forme rectangulaire, elle n’est pas à proprement parler une cité, mais une succession de terrasses et de cours, avec pavillons et palais disposés suivant un axe nord-sud. On y retrouve l’équivalent des édifices qu’Akbar avait fait construire à Āgrā et qui ont disparu. Dans plusieurs d’entre eux, Dīwān-i Khāṣṣ, Pānč Maḥall, palais de Myriam et de la sultane, de grandes concessions ont été faites aux traditions locales. La Grande Mosquée, érigée en 1571, est une des plus vastes et des plus nobles de l’Inde. Elle présente sur sa face sud un porche monumental, le Buland Darwāza, en marbre rouge et blanc, qu’Akbar fit ériger plus tard comme arc triomphal. Dans l’immense cour de la mosquée se dresse la tombe de Salīm Čichtī, petit mausolée de marbre blanc remarquable par la finesse de ses détails.
J.-P. R.
➙ Inde / Islām / Moghols.
S. M. Latif, Agra, Historical Descriptive (Londres, 1896). / M. Ashraf Husain, A Guide to Fatehpur Sikri (Delhi, 1937). / P. Brown, Indian Architecture (The Islamic Period) [Bombay, 1942].