Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Chauve-Souris (suite)

Les Vespertilionoïdés

Cette superfamille groupe la plupart de nos Chauves-Souris. Les Minioptères de taille moyenne (tête et corps de 6 cm de long) ont les oreilles courtes. Ils ont une aire de répartition extrêmement vaste, qui s’étend de l’Europe au Japon ; ils habitent les forêts des régions accidentées et se rencontrent en hiver dans des grottes et des trous. Ils ont un vol rapide et un instinct grégaire très développé.

Les Vespertilions, ou Myotis, se trouvent un peu partout dans le monde (50 p. 100 des Chiroptères de France appartiennent à la famille des Vespertilionidés). Le plus connu, le Grand Murin (tête et corps de 8 cm de long), a une envergure de près de 38 cm ; son pelage, peu fourni, est brun grisâtre. Les jeunes naissent fin mai - début juin ; au printemps, les femelles font des nurseries, dont elles excluent totalement les mâles. À deux mois, les jeunes sont lâchés et capables de chasser seuls pour leur propre compte. Dès la fin de septembre, ces individus recherchent des retraites hivernales, qu’ils trouvent surtout au voisinage des villes, dans des caves présentant des accès faciles ou sous des toitures de maisons peu fréquentées. L’aire de répartition de l’espèce est très vaste, comme celle du Petit Murin : d’Europe de l’Ouest jusqu’à la Corée.

Les Vespertilions sont nombreux ; on peut citer le Vespertilion de Daubenton, le Vespertilion de Bechstein, le Vespertilion de Natterer, le Vespertilion des marais. Ils ont une taille moyenne (5 cm de long) et une envergure de 20 à 24 cm. La Noctule (Nyctalus noctula) mesure un peu plus de 8 cm de long ; son envergure peut atteindre plus de 38 cm et dépasser celle du Grand Murin. La Noctule est un animal particulièrement utile, qui se gave de gros Insectes : Hannetons et Bousiers sont ses proies favorites. Elle sort de sa cachette de bonne heure, un peu avant la tombée de la nuit.

L’Oreillard (Plecotus auritus) a des oreilles trois fois plus grandes que sa tête et soudées en arrière à sa base. Il a 26 cm d’envergure. Il mange des Papillons nocturnes, des Coléoptères et des Scarabées. En vol, ses oreilles sont dirigées vers l’avant. Quand il se repose, il replie ses oreilles vers l’arrière et les cache sous ses ailes. Les femelles se réunissent pour élever entre elles leurs petits. La Barbastelle (Barbastella barbastellus) a une envergure de 25 cm. Elle vole quelquefois en plein jour ; on peut la reconnaître, car elle vole la queue redressée.

La Sérotine (Eptesicus serotinus) est très commune en Europe. Longue de 7 cm, elle a une envergure de 35 cm. Son pelage est brun cendré assez long. Son vol est assez haut et lent. Elle sort tardivement de ses refuges, qui sont des granges, des vieilles demeures, des troncs d’arbre. Elle entre en léthargie hibernale de bonne heure et s’abrite dans des souterrains, des fissures de murailles. Quand on l’attrape, elle est agressive et mord vivement. Son aire de dispersion est vaste : du sud de l’Angleterre et du Danemark jusqu’en Asie.

Les plus petites de toutes sont les Pipistrelles (Pipistrellus pipistrellus), de 3 cm de long avec une envergure de 20 à 28 cm. On les trouve partout ; elles sont les plus sociables : on les voit tôt le soir volant autour des maisons dont la lumière les attire. Elles s’abritent parfois derrière les volets des maisons un peu délaissées par leurs propriétaires. La Pipistrelle d’Afrique (P. musciculus) est probablement le plus petit Mammifère existant sur terre. Elle pèse de 2 à 3 g !

Citons un représentant de la famille des Molossidés : le Molosse de Cestoni (Tadarida teniotis). Cet animal ne se rencontre en France que sur la Côte d’Azur. Il dégage une odeur infecte. Il habite l’Afrique du Nord et l’Asie.


Biologie des Chauves-Souris

Les Chiroptères, ayant une activité essentiellement nocturne, se reposent le jour, suspendus par leurs griffes, la tête en bas. Le support peut être une branche d’arbre, une arête rocheuse, la fente d’un mur, une toiture. Pour sortir de cette position, la Chauve-Souris fait des battements d’ailes afin de remonter son corps à l’horizontale, puis lâche les griffes du support où elle se tient.

Son vol est analogue à celui des Oiseaux. On a compté 12 battements par seconde chez le Murin, 18 chez le Petit Fer-à-Cheval. Plus les ailes sont longues et larges, plus les battements sont lents. La vitesse varie suivant les espèces :
50 km/h pour le Minioptère ;
45 km/h pour la Noctule ;
32 km/h pour la Sérotine ;
30 km/h pour le Grand Murin ;
25 km/h pour la Pipistrelle.

Beaucoup de Chauves-Souris sont capables de voler sur place pour prendre les Chenilles ou les Insectes posés sur les feuilles et les fleurs. La poursuite qu’elles font aux Insectes nocturnes leur fait pratiquer des tours et des détours, mouvements qui nous semblent désordonnés.

Quand elles reviennent au gîte pour se reposer, elles effectuent une cabriole pour se suspendre par leurs griffes postérieures. Pendant le jour, elles semblent dormir la tête en bas. C’est en réalité une sorte de léthargie journalière. Même pendant les beaux jours, une fois rentrées dans leurs abris et immobilisées, leur température interne baisse fortement pour atteindre à peine quelques degrés de plus que la température ambiante. Si on en capture une en la prenant dans la main, on a une sensation de froid : l’animal est inerte, ses mouvements respiratoires sont ralentis. Puis, brusquement, celui-ci contracte ses muscles des cuisses, ouvre les yeux et la bouche, pousse des cris perçants, se débat, essaie de fuir, s’agite énormément ; sa température est alors brusquement remontée. Son réveil est terminé. C’est ce qui arrive au crépuscule. En dix minutes, la température remonte, la respiration se rétablit à la normale, et les Chauves-Souris sont prêtes à partir pour la chasse. Tout autre est la léthargie hibernale. Elle s’amorce vers le mois d’octobre, lorsque la température des abris atteint environ + 10 °C. Suspendues, les Chauves-Souris sont immobiles, et leur température interne baisse très rapidement, se mettant presque en équilibre avec celle de leur abri. Quand il fait très froid, elles peuvent même avoir une température interne négative, et cela jusqu’à près de – 3,5 °C. Si la température externe baisse trop, un mécanisme de sauvegarde les réveille, et leur température s’installe au-dessus de 0 °C, ce qui évite tout risque de congélation. L’abaissement du métabolisme de l’animal endormi est accompagné d’un ralentissement des battements du cœur. La respiration qui, normalement, atteint 150 à 200 mouvements par minute, descend à 20 ou 30 pendant cette période d’hibernation. Elle s’arrête quelques minutes, puis reprend tout doucement.

C’est ce qu’en médecine on appelle une respiration de Cheyne-Stokes.