Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Champignons (suite)

Le début est très tardif, précédé d’une incubation absolument silencieuse : les Champignons peuvent être mangés à plusieurs repas consécutifs. Après plusieurs heures (de 6 à 40), le sujet, jusque-là normal, commence à ressentir un malaise où prédominent les brûlures gastriques avec sueurs et vertiges. Presque aussitôt surviennent des vomissements au cours de nausées douloureuses, une diarrhée fétide sanguinolente avec coliques violentes, épreintes et ténesme. S’y ajoutent parfois vertiges, éblouissements et presque toujours une soif intense. La sudation et l’oligurie (diminution des urines) sont de règle.

À l’examen, on note un météorisme (ballonnement) abdominal, sans contracture, une douleur sous-hépatique, l’absence de fièvre, une tension artérielle pincée.

Le malade reste en pleine conscience, bien que prostré. L’évolution de l’empoisonnement se fait par crises successives, entrecoupées d’accalmies, parfois très longues, durant plusieurs jours. Les signes essentiels sont ceux d’une déshydratation aiguë avec perte de sels de potassium (tendance au collapsus, soif, anxiété, crampes musculaires, hyperthermie secondaire).

L’atteinte hépatique, extrêmement précoce, est caractérisée par l’élévation considérable des transaminases, à plusieurs milliers d’unités, et, plus accessoirement, par l’apparition d’hypoglycémie, qui, en l’absence de la thérapeutique, peut tomber à un chiffre pratiquement nul et provoquer des secousses musculaires cloniques, des convulsions et la mort.

Malgré l’administration d’eau, de sel et le maintien du taux de glycémie à la normale, l’évolution est imprévisible. Les transaminases peuvent redevenir normales en quelques jours. Mais, dans d’autres cas, l’atteinte hépatique reste très importante avec ictère, et vers le troisième jour apparaissent des perturbations biologiques : troubles des protéines, chute des facteurs de coagulation. Il est encore possible, pendant quelques jours, de prévenir des accidents dramatiques par adjonction des facteurs plasmatiques purifiés de la coagulation. Dans les cas les plus graves, le sujet meurt dans un état d’encéphalopathie comateuse par insuffisance hépatique totale. L’atteinte rénale, presque constante, se traduit souvent par une oligurie avec hyperazotémie. L’autopsie montrera l’importance des lésions cellulaires et l’atrophie aiguë du foie.

Les premiers stades de l’intoxication phalloïdienne varient beaucoup selon les circonstances, d’une année à l’autre.

L’organothérapie (trois estomacs frais non lavés et sept cervelles de lapins broyées par malade, à faire absorber crus) n’a pas montré d’efficacité constante.

La sérothérapie par le sérum de Dujarric de La Rivière n’a pas donné de résultats beaucoup plus précis.

• Manifestations à prédominance rénale. Le Champignon responsable est Cortinarius orellanus.

Le syndrome orellanien associe une gastro-entérite retardée à une atteinte rénale marquée.

• Manifestations à prédominance sanguine. Les Champignons responsables sont Gyromitra esculenta ou virulenta à l’état frais, parfois après sensibilisation préalable, et Sarcosphæra coronaria à l’état cru. Les symptômes principaux sont l’ictère et l’hémoglobinurie ; ils surviennent tardivement.


Syndromes d’apparition rapide, généralement bénins, fonctionnels

• Manifestations à prédominance digestive. Les principaux Champignons responsables sont Entoloma lividum et Tricholoma pardinum.

L’effet toxique est très rapide ; il s’observe aussi à la suite de l’ingestion de certaines espèces de Russules, de Lactaires, d’Agaricacées, de Bolets, de Clavaires, de Polypores et de Sclérodermes. On observe une gastro-entérite bénigne aiguë, guérissant sans séquelles.

• Manifestations à prédominance nerveuse et neuro-végétative.

1. Syndrome muscarinien ou sudorien.

Les Champignons responsables sont de petits Clitocybes blancs et certains Inocybes.

Le syndrome sudorien est caractérisé par une hypersécrétion salivaire, nasale, bronchique, une sudation, une myosis (pupille fermée), des troubles visuels et un larmoiement, des coliques et des diarrhées, puis une bradycardie (ralentissement du cœur).

2. Syndrome panthérinien ou muscarien.

Les Champignons responsables sont Amanita muscaria (Fausse Oronge) et Amanita pantherina.

On observe un malaise avec titubation, brûlures gastriques, nausées, fourmillements, exubérance, agitation confuse, puis somnolence.

• Manifestations hallucinatoires pures. Les Champignons responsables sont des Panæolus et des Psilocybes. Certains sont pris en connaissance de cause, comme « drogues ».

• Manifestations à prédominance vasculaire et nerveuse. Le Champignon responsable est l’Ergot* de seigle.

• Manifestations à prédominance vasculaire. Le Champignon responsable est Coprinus atramentarius. Les troubles provoqués par ce Champignon commencent par un éréthisme cardio-vasculaire, une tachycardie (cœur rapide), puis une hypotension, une congestion et une cyanose* de la face. L’impression de gêne respiratoire, des bourdonnements, des éblouissements, des nausées, des vomissements et parfois une prostration ne surviennent que s’il y a eu ingestion concomitante d’alcool.

E. F.

Champlain (Samuel de)

Colonisateur français, fondateur de la « Nouvelle-France » (Brouage entre 1567 et 1570 - Québec 1635).


Champlain naquit dans une famille peut-être protestante, comme tendrait à le montrer son prénom, mais en un lieu, la Saintonge, et en un temps où les passages de l’une à l’autre confession étaient, de par les circonstances, bien fréquents. En tout cas, le fondateur des possessions françaises en Amérique du Nord sera très tôt catholique, et fervent : il léguera tous ses biens à la Sainte Vierge, oubliant les engagements successoraux pris envers sa femme.

Son père était capitaine de marine, très vraisemblablement roturier : l’anoblissement de Samuel de Champlain, qui n’est qu’une hypothèse, pourrait remonter au moment où une dignité accrue lui était nécessaire, lorsqu’en 1612 il devint le représentant en Nouvelle-France d’un vice-roi qui était un très grand personnage, le prince de Condé.