Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

catholicisme (suite)

La foi

Aux notions de mystère et de révélation est liée dans l’esprit de l’Église celle de la foi. L’objet de la foi, c’est en effet la révélation du mystère chrétien. La foi est l’acte par lequel on croit les vérités que Dieu a révélées par son Fils et par son Église. Si la foi s’enracine dans l’intelligence et est une connaissance et non une adhésion aveugle, le dernier pas ne reste pas moins un saut dans l’inconnu, dans le surnaturel. « Ici-bas, dit saint Paul, nous marchons dans la foi et non dans la vision. »

L’Église recommande de raisonner sa foi, qui ne peut être seulement un sentiment, un désir, mais qui doit être d’abord assentiment de l’intelligence. Si la raison seule ne permet pas d’arriver à la foi, elle doit en permettre l’approche. « Nul ne croirait s’il ne voyait qu’il faut croire », tel est l’enseignement de saint Thomas d’Aquin. La foi reste tout de même une certitude dans les ténèbres, une connaissance du surnaturel, par son objet et à cause des limites de la créature. Connaître Dieu étant au-dessus des capacités de la nature humaine, on ne peut le comprendre que « dans un miroir et en énigme ».

La foi demeure un mystère, une opération obscure. Les objets de la foi, ce sont essentiellement les vérités révélées par Dieu et qui sont contenues dans le symbole des Apôtres : croyance à l’être même de Dieu, le mystère trinitaire, aux manifestations extérieures de la vie trinitaire, c’est-à-dire aux mystères de l’Incarnation, de la Rédemption et de la Résurrection avec toutes les croyances qui en découlent pour l’homme comme la résurrection de la chair et la vie éternelle.

Après avoir recherché par une opération rationnelle les motifs de crédibilité, un seuil reste à franchir, un saut reste à faire, et on ne le fait qu’en risquant tout sur la parole de Dieu révélée dans l’Écriture et transmise par l’Église. C’est cela qui constitue essentiellement l’acte de foi qui est un acte de volonté libre par lequel on tient pour véridiques, à cause de l’autorité divine qui les garantit, les vérités révélées par Dieu à travers son Fils, chef et créateur de l’Église qui les enseigne.


Le mystère de la Trinité

Le premier objet de la foi, on l’a vu, concerne la vie intime même de Dieu, le mystère trinitaire. Mystère en général mal connu ou méconnu, c’est, il faut en convenir, un mystère étrange, dont la formulation est délicate et malaisée. C’est celui pourtant auquel tout le reste achemine, et c’est la raison pour laquelle, d’ailleurs, il est le dernier connu. La Trinité est la vie profonde, interpersonnelle d’un Dieu unique qui se manifeste et s’extériorise en d’autres mystères (Incarnation, Rédemption).

Le pape Léon XIII résume ainsi cette croyance de l’Église : « Le mystère de la Trinité est la substance du Nouveau Testament. Il est le plus grand de tous, la source et la tête de tous les autres. C’est pour le connaître et le contempler qu’ont été créés les anges dans le Ciel et les hommes sur la Terre. » Bien que l’approche de ce mystère ne puisse être qu’abstraite et ne reposer que sur la foi, elle s’appuie cependant sur des données précises de la Révélation.

Il y a d’abord dans l’Ancien Testament comme un commencement voilé de ce qui n’a été manifesté clairement que dans le Nouveau. De nombreux textes font allusion aux trois personnes divines. En voici quelques-uns : « Le Seigneur m’a dit tu es mon Fils, je t’ai engendré aujourd’hui » ; « Je serai son Père et il sera mon Fils » ; « Au commencement, Dieu créa le Ciel et la Terre et la Terre était informe et vide ; les ténèbres couvraient l’abîme et l’Esprit de Dieu planait au-dessus des eaux. »

Mais c’est le Nouveau Testament qui enseigne les secrets de la vie trinitaire. Les références que le Christ fait à son Père sont nombreuses : « Personne ne connaît le Père, si ce n’est le Fils et celui à qui le Fils aura bien voulu le révéler. »

Il est remarquable que dans les Évangiles chaque moment important de la vie du Christ soit comme marqué du signe de la Trinité. L’ange annonce à Marie le jour de l’Incarnation : « Le Saint-Esprit descendra sur vous et la Vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre. C’est pourquoi le Saint qui naîtra de vous sera appelé Fils de Dieu. » Au moment du baptême de Jésus : « Voilà que les cieux s’ouvrirent et il vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. » Et du ciel une voix disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j’ai mis mes complaisances. » Enfin, le jour de l’Ascension, le Christ dit à ses apôtres : « Allez, enseignez toutes les nations et baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. »

Sur ces formules se sont penchés les théologiens, et peu à peu le dogme trinitaire s’est fixé. Il consiste dans le fait d’une substance, ou essence, ou encore nature unique qui subsiste en trois personnes distinctes qui sont déterminées par des relations. La nature unique est la nature divine, les trois personnes sont le Père, le Fils et l’Esprit saint.

Dieu étant la vie, « le Père a la Vie en lui-même », dit le Christ, et la vie dans sa plénitude ne se concevant pas sans pensée ni amour, il y a en Dieu, en plus du Père, deux autres personnes nécessitées par sa vitalité interne, elles sont la conséquence du retour de Dieu sur lui pour se penser et aimer sa pensée. En se pensant, le Père, l’Inengendré, engendre son Fils, et la mutuelle contemplation de l’un pour l’autre donne naissance à un amour réciproque qui est le Saint-Esprit, lequel procède ainsi du Père par le Fils. « L’Esprit de Vérité qui procède du Père rendra témoignage de moi », dit le Christ dans l’Evangile.

Le Saint-Esprit est donc Dieu comme le Père et le Fils, parce qu’il leur est consubstantiel et égal à l’un et à l’autre ; il est l’amour subsistant du Père et du Fils. Mais ces personnes sont à la fois parfaitement distinctes les unes des autres et parfaitement une, cette unité résultant de l’identité de leurs relations avec leur unique nature divine. Cette unité des personnes s’exprime par la communauté de leurs attributs, ainsi qu’il est montré dans le symbole de saint Athanase : « Incréé est le Père, incréé le Fils, incréé le Saint-Esprit. Immense est le Père, immense le Fils, immense le Saint-Esprit. Éternel est le Père, éternel le Fils, éternel le Saint-Esprit. Et cependant il n’y a pas trois éternels, mais un seul éternel. Non plus que trois incréés, ni trois immenses, mais un seul incréé et un seul immense. De même tout-puissant est le Père, tout-puissant le Fils, tout-puissant le Saint-Esprit. Et cependant il n’y a pas trois tout-puissants, mais un seul tout-puissant. »

Chacune des personnes de la Trinité est donc égale à chacune des autres. Voici la formule du concile de Florence : « Aucune ne précède l’autre en éternité, ne la dépasse en grandeur, ne la surmonte en puissance. »