Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Caldwell (Erskine) (suite)

Trouble in July (Bagarre de juillet, 1940) est peut-être le meilleur roman de Caldwell. Une petite vicieuse de quinze ans, Katy, accuse un Noir de l’avoir violée. On lynche celui-ci. Quand la fillette proteste, on la lapide plutôt que d’avoir tort. Journeyman (1935) évoque la superstition des petits Blancs du Sud : un prédicateur itinérant déclenche l’hystérie d’un village, exploite la crédulité avant de s’enfuir avec la prostituée locale, dont il devient le souteneur. Trente ans plus tard, Caldwell reprend un thème voisin dans Miss Mamma Aimée (1967).

Infatigable, à contre-courant des modes littéraires, Caldwell continue de décrire en 1970 l’envers des États-Unis, un monde sans ordinateur ni management, un monde qui, à force de misère, finit par avoir le charme de l’exotisme. Quand il raconte les malheurs du Sud, il n’a pas le génie de Faulkner. Mais il a le même amour déchiré pour le Sud, pour cette terre maudite, où l’histoire semble s’être arrêtée depuis la guerre de Sécession. Venue du Nord, la civilisation yankee est passée sur le Sud comme la colonisation sur l’Afrique, détruisant les cultures, brisant les ethnies, laissant des êtres médusés, qui sont autant de « grotesques ». Tragic Ground (Terre tragique, 1944), histoire d’un paysan qui tente vainement de se reconvertir à l’industrie, montre que le Sud ne peut pas se recycler : il est maudit.

L’œuvre de Caldwell souffre d’une ambiguïté fatale : l’écrivain dénonce la dégradation du Sud, mais il est fasciné par ce pourrissement. Il y a quelque chose de psychopathique dans son érotisme bestial, son goût de la violence, qui l’apparente plus à Tennessee Williams et au roman noir sudiste, héritier d’Edgar Poe, qu’au roman social. Caldwell est un écrivain sérieux, moral, qui souffre de la misère de ses semblables, qui la dénonce dans des nouvelles comme American Earth (1930), ou dans des essais tels que You have seen Their Faces (1937). Mais son misérabilisme n’a jamais trouvé sa vraie vocation, hésitant entre le reportage social et le roman noir, entre la pitié et le sadisme. Après avoir connu un très grand succès, Erskine Caldwell garde une place modeste dans la littérature américaine comme auteur de mélodrames régionalistes.

J. C.

 A. Kazin, On Native Grounds (New York, 1942). / P. Brodin, les Écrivains américains de l’entre-deux-guerres (Horizons de France, 1946). / W. M. Frohock, The Novel of Violence in America (Boston, 1950).

calendrier

Système élaboré par les hommes pour recenser de façon logique les jours, les semaines, les mois et les années en restant en accord avec les principaux phénomènes astronomiques directement observables (concernant essentiellement le Soleil et la Lune).


Le tableau correspondant comprend en général quelques renseignements complémentaires, concernant notamment les saints dont l’Église célèbre la mémoire, les fêtes, les anniversaires historiques et également quelques informations astronomiques, telles que les phases de la Lune, le lever et le coucher du Soleil, les éclipses ainsi que, dans certains cas, les marées (heures de la haute mer en particulier).

On distingue diverses sortes de calendriers suivant les phénomènes astronomiques auxquels il a été décidé de se référer essentiellement : calendriers solaires, lunaires et luni-solaires.


Calendriers solaires

Chez tous les peuples chrétiens, les calendriers solaires sont seuls en usage. Ils sont fondés sur la durée de la révolution apparente du Soleil autour de la Terre. C’est la durée de l’année tropique qui est prise pour référence, c’est-à-dire l’intervalle de temps séparant deux passages consécutifs du Soleil par le point γ, ou point équinoxial, l’un des deux points d’intersection du plan de l’écliptique (plan dans lequel le Soleil effectue son mouvement propre) et du plan de l’équateur terrestre (plan passant par le centre de la Terre et normal à l’axe de rotation terrestre). La durée moyenne de l’année tropique est 365,242 2 j ou 365 j 5 h 48 mn 46 s. C’est justement dans la manière de tenir compte de ces dernières décimales (légèrement variables avec le temps) que réside la diversité des divers calendriers solaires.


Calendrier julien

La première réforme importante a été introduite par Jules César en l’an 45 av. J.-C. Le point de départ a été l’adoption d’une durée approchée de l’année tropique, soit 365,25 jours solaires moyens. Cette réforme, dont les éléments ont été établis par l’astronome grec Sosigène, installé alors à Alexandrie, mit fin au désordre extraordinaire qui régnait à Rome dans le compte des jours, laissé à la disposition des pontifes (échéances fiscales, dates d’entrée en charge de certains magistrats, etc.). Le point essentiel de la réforme a consisté à redoubler un jour tous les quatre ans. Le jour choisi fut le 24 février, et le jour rajouté devint le bis sextus dies ante calendas Martii. Les années qui comportaient un tel redoublement furent appelées années bissextiles (de bisextus, « sixième redoublé »). Accessoirement, le début de l’année, qui était fixé jusqu’alors au 1er mars, fut ramené au 1er janvier : d’où l’explication des noms des quatre derniers mois de l’année : septembre, octobre, novembre et décembre, qui sont en fait les 9e, 10e, 11e et 12e mois de l’année ainsi réformée, mais qui ont gardé leurs anciennes appellations.


Calendrier grégorien

En adoptant comme valeur approchée de la durée de l’année tropique 365,25 jours au lieu de sa valeur plus exacte 365,242 2 jours, il devait se produire un décalage des saisons qui deviendrait de plus en plus sensible au cours des siècles (0,78 jours par siècle). Le calendrier grégorien, introduit en 1582 par le pape Grégoire XIII, fait état d’un décalage voisin de 10 jours existant à cette époque : le jeudi 4 octobre 1582 fut immédiatement suivi à Rome du vendredi 15 octobre. Pour serrer de plus près la réalité, on supprime trois années bissextiles séculaires sur quatre : seules sont bissextiles les années séculaires dont le millésime est un multiple de 400 (1 600, 2 000, 2 400...). Le calendrier grégorien fut adopté en France le dimanche 9 décembre 1582, dont le lendemain fut le 20 décembre, et en Grande-Bretagne le mercredi 2 septembre 1752, dont le lendemain fut le jeudi 14 septembre 1752 (le décalage avait augmenté d’un jour). En Russie, le changement fut adopté en 1918 et en Grèce en 1923. Il peut être considéré à l’heure actuelle comme étant d’un usage universel ; la subdivision en 52 semaines correspond approximativement au nombre de quarts de lunaison contenu dans l’année. Le calendrier grégorien correspond à une durée de l’année tropique de 365,242 5 jours. Il subsiste donc encore un décalage de 3 jours en 10 000 ans.