byzantin (Empire) (suite)
Icônes
Les icônes* peintes sur bois, à l’encaustique, avaient d’abord une valeur religieuse. Elles rendaient présents les intercesseurs auxquels la piété des fidèles aimait recourir. Elles étaient de la part des peintres l’objet d’un soin particulier ; elles aussi ont eu une longue et vaste influence : la Vierge dite « de Vladimir », peinte à Constantinople vers 1125, caresse de son visage celui de l’Enfant qui se courbe vers elle ; elle est à l’origine de bien des Vierges russes. Et partout les saints se ressemblent — saint Nicolas comme saint Jean Chrysostome.
Certaines images des manuscrits, on l’a vu, peintes à pleine page, ressemblent à des icônes ou reproduisent les grandes compositions de la peinture monumentale. Mais, souvent, l’illustration des textes sacrés ou des œuvres des Pères de l’Église a conduit à un enrichissement de l’iconographie et fourni des modèles aux fresquistes. L’esprit de toutes ces images saintes est le même, alors que chaque technique oblige sans cesse à des renouvellements.
Tissus
L’art du tissage* a connu aussi une grande fortune. Les sables d’Égypte nous ont conservé des lainages coptes, tissés et brodés, qui ont gardé une étonnante fraîcheur. À Constantinople, l’empereur s’était assuré le double monopole de la soie et de la pourpre. Le ver à soie avait été importé de Chine ; la pourpre était depuis longtemps connue, à partir de la Phénicie. La soie pourpre était un insigne impérial. Les motifs, souvent de tradition sassanide, stylisés et symétriques, ont une haute qualité décorative ; on en a retrouvé des exemples jusqu’en Occident, dans les tombes des princes et des saints.
Orfèvrerie, émaux
L’orfèvrerie, enfin, est extrêmement riche : les grands portaient des bijoux somptueux. Les trésors des églises et les musées conservent des calices d’argent et d’or ; les patènes, les croix d’autel, les croix processionnelles, les candélabres, les encensoirs, les éventails liturgiques, les reliquaires aussi, tous les objets nécessaires au culte ont servi de prétexte à des œuvres d’art minutieuses et éclatantes, souvent enrichies de pierreries. Les émaux concourent aussi à cette magnificence colorée. Leur technique, d’origine iranienne, qui enferme dans un cloisonnement d’or des pâtes étincelantes, a permis des réalisations à la fois délicates et somptueuses.
Tous ces accessoires de la vie princière, parce qu’ils étaient aussi ceux de la vie religieuse, ont atteint l’ensemble du peuple chrétien dans la splendeur des églises et des cérémonies. Ils appartenaient à la même recherche de somptuosité que les mosaïques à fond d’or. De nos jours encore, on retrouve à Ravenne, à Saint-Marc de Venise, à la chapelle Palatine de Palerme, à Dhafni, à Saint-Sauveur-in-Chora l’atmosphère de cette civilisation : le visiteur ébloui est comme enveloppé du chatoiement des ors et des couleurs, dans la lumière qui tombe des coupoles. Et il retrouve le sens d’un monde où rien n’était trop beau pour célébrer la majesté impériale ou la gloire du Seigneur.