Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Bruxelles (suite)

Débordant cette enceinte, la ville s’est développée vers l’est et surtout vers le sud-est le long, souvent, des anciennes « chaussées ». L’administration centrale s’est installée le long de la rue de la Loi, en direction du parc du Cinquantenaire, tandis que les ambassades ou les nouveaux organismes du Marché commun allaient plus loin encore, le long de l’avenue de Broqueville. Le quartier Léopold est à la fois administratif et résidentiel ; la Chaussée d’Ixelles est devenue l’une des grandes artères commerçantes ; l’avenue Louise est l’axe d’un quartier à haut standing et une rue de commerces de luxe ; elle conduit au magnifique bois de la Cambre.

L’urbanisme

Depuis 1958, date de l’Exposition universelle, Bruxelles n’a cessé d’être un vaste chantier. Dans l’agglomération se sont édifiées des tours de béton, d’acier, et de verre, souvent un peu au hasard, semble-t-il. Pourtant, dès 1947, un plan régional avait essayé de fixer l’expansion de la ville autour de treize noyaux satellites afin d’empêcher la formation d’une nébuleuse informe et une extension en tache d’huile propice à l’éclosion des banlieues-dortoirs.

Mais, en 1960, à la suite du déplacement de la gare du Nord, la commune de Saint-Josse-ten-Noode récupéra un terrain d’un peu plus d’un hectare, en pleine agglomération. La décision d’en faire un centre d’affaires se matérialisa très vite par la tour Rogier, haute de 110 m, première d’une grande série. Une véritable compétition se développa entre les dix-neuf communes qui composent l’agglomération bruxelloise. L’autonomie dont elles jouissent constitua un obstacle à l’élaboration d’un plan d’urbanisme d’ensemble, obstacle renforcé par le système d’impôts fonciers qui permet aux communes de les percevoir directement.

Devant cette prolifération, un « Plan de secteur », élaboré en 1965, tenta vainement de modifier le contour des communes suburbaines pour donner à l’agglomération la cohésion qui lui manquait. L’absence de réglementation a entraîné une prolifération d’opérations ponctuelles : tour Madou (100 m), tour de la Porte de Namur (104 m), tour carrée du Midi (148 m), l’une des plus élevées d’Europe, etc. La surface moyenne des bureaux, par tour, est de 30 000 m2, ce qui représente ainsi 4 000 emplois.

Ces réalisations traduisent un réel besoin de locaux à usage de bureaux, besoin né de la croissance du rôle international de la capitale belge.

Une opération de rénovation, près de la gare du Nord, doit libérer cinquante-trois hectares permettant l’implantation d’un vaste centre « décisionnel » : Manhattan Nord. Ce complexe, plus soucieux de rationalité que les opérations précédentes et d’une plus grande envergure, doit offrir plus de 25 000 emplois, avec ses 30 immeubles, ses 5 tours (dont une de 162 m), ses 2 hôtels, etc.

Un réseau métropolitain sera dans un premier temps constitué par des tramways souterrains (1972). Il s’ajoutera aux chemins de fer et à la rocade autoroutière et permettra d’acheminer les « tertiaires » vers les bureaux du centre.

M.-M. F.


Les fonctions

600 000 actifs travaillent dans l’agglomération, soit environ 20 p. 100 des actifs belges. La puissance d’attraction de la main-d’œuvre est considérable, puisque 200 000 actifs, le tiers de l’effectif employé, viennent, chaque jour, de l’extérieur. Cette puissance s’exerce sur presque tout le pays : 8 communes belges sur 10 envoient des migrants pendulaires vers Bruxelles ; les deux tiers de ces migrants font un trajet de plus d’une heure ; plus de la moitié viennent de la région flamande, mais il en vient également des parties les plus éloignées du pays, comme, par exemple, de l’arrondissement de Verviers.


Les fonctions industrielles

L’industrie n’occupe que le tiers environ des actifs ; néanmoins, Bruxelles est le premier centre industriel belge avec 18 p. 100 des actifs industriels du pays et 22 p. 100 des entreprises, une gamme étendue d’industries et, dans de nombreuses branches, un pourcentage de production important par rapport à l’ensemble du pays.

On y trouve les entreprises classiques des grandes villes, liées au marché de consommation, au marché de main-d’œuvre et à la présence de capitaux ; mais, par ailleurs, Bruxelles se trouve au centre même de l’axe de développement urbain et industriel dit ABC, à quelques kilomètres seulement des centres industriels ou commerçants d’Anvers ou de Charleroi et bien relié avec eux par voie navigable, route ou chemin de fer.

Ancien centre textile, Bruxelles groupe le tiers de la confection belge, c’est aussi un centre de textiles artificiels. On y trouve 60 p. 100 de la maroquinerie belge, les trois quarts de l’orfèvrerie, 40 p. 100 de l’imprimerie. Les constructions mécaniques représentent le quart du potentiel national, notamment le montage automobile, le matériel ferroviaire, l’appareillage électrique, les appareils de radio-télévision, les appareils ménagers. C’est encore un centre chimique important : le quart de la chimie belge (peintures, savons et détergents, acide sulfurique, caoutchouc, produits pharmaceutiques, parfums). Les industries alimentaires sont largement représentées : meunerie, huilerie, le quart des brasseries belges, le tiers de la chocolaterie, 40 p. 100 de la confiserie. Il y a également quelques industries lourdes (fonderies, laminoirs, tréfileries).

Ces industries et, naturellement, les industries les plus lourdes se localisent principalement le long de la vallée de la Senne.


Les fonctions tertiaires

Le tertiaire occupe plus des deux tiers des actifs, soit environ 400 000 personnes, ce qui représente le quart du tertiaire belge.

Quel est le poids de cette métropole ? Quelles sont ses fonctions directionnelles ? Quelques exemples permettent de les mesurer. La structure urbaine belge n’est pas exactement celle du Randstad Holland ou celle de la Ruhr, c’est-à-dire la structure de l’Europe du Nord-Ouest, où plusieurs centres possèdent les grandes fonctions directrices. Mais ce n’est pas non plus tout à fait le centralisme de type français. La situation est à mi-chemin entre ces deux types.

• Un très haut niveau de vie. Le quart du revenu net imposable de la propriété bâtie est perçu à Bruxelles, ainsi que 39 p. 100 des revenus supérieurs à 1 million de francs belges. Le cinquième des voitures belges y est immatriculé.

• Un puissant réseau de transport. Sans être le centre d’une toile d’araignée comme Paris, Bruxelles est un centre important de communications. Le cinquième des actifs belges occupés dans les transports y est employé. C’est le plus grand nœud ferroviaire belge.

Un important carrefour autoroutier sera bientôt constitué. En 1970, Bruxelles est reliée par autoroute à Gand, Bruges, Ostende et Anvers. Une branche vers Mons, Valenciennes, puis avec liaison avec Paris est en cours de réalisation. Sont encore en cours de réalisation les autoroutes allant vers Charleroi, Namur et Liège.