Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Brésil (suite)

C’est la ville de São Paulo qui détient l’essentiel de ces industries. Elle a été le premier foyer de développement de l’activité industrielle au Brésil et demeure le plus important : à elle seule, la région de São Paulo assure plus de la moitié de la production industrielle ; dans le domaine des biens de consommation, elle y ajoute un rôle important dans la sidérurgie avec les usines de la plaine littorale, et dans celui du raffinage du pétrole à partir du pétrole brésilien ou de pétrole brut importé.

À proximité de ce très grand foyer industriel, celui de Rio de Janeiro assure une part qui est nettement moindre de la production brésilienne.

Le foyer situé autour de la capitale de Minas Gerais, Belo Horizonte, est encore beaucoup plus modeste. Enfin, quelques grandes villes, Pôrto Alegre au sud, Recife et Salvador dans le Nordeste, abritent un certain nombre d’usines. D’ailleurs, l’activité industrielle de ces deux dernières villes a pris récemment un essor considérable, grâce à une législation spéciale qui, par une série d’exemptions fiscales et d’aides financières accordées par le gouvernement, facilite les investissements effectués dans le Nordeste et en particulier dans les zones industrielles entourant Salvador et Recife.

Actuellement, le bilan du potentiel industriel à travers l’espace brésilien fait d’abord apparaître un pôle de croissance « spontané », le littoral du Sud-Est brésilien entre Rio de Janeiro et São Paulo. Ensuite, le foyer du Nordeste peut être considéré comme un pôle de croissance « volontaire », d’incitation. Enfin, le foyer de Minas Gerais, qui renferme un gros potentiel de production de matières premières, est encore peu développé dans le domaine des industries de transformation, étant moins favorisé que celui du Sud-Est pour les localisations spontanées, faute d’un acquis comparable à celui de grandes villes comme São Paulo et Rio de Janeiro, et ne bénéficiant pas d’exemptions fiscales comme le foyer volontaire du Nordeste. Aussi connaît-il une croissance assez lente, alors que, mieux soutenu dans le cadre d’une politique d’aménagement, il pourrait être le point de départ d’une mise en valeur du Brésil intérieur, qui demeure encore aujourd’hui, surtout au point de vue industriel (en excluant les branches extractives), une zone très vide.


Les contrastes régionaux

Sans chercher à épuiser toute la variété des paysages et des formes d’organisation de l’espace brésilien, il est possible d’en présenter une vue d’ensemble rapide par la description de cinq régions constituant, pratiquement, les cinq grands types d’espace caractéristiques du Brésil. Ces grandes régions sont : l’Amazonie encore vide d’hommes et lourde du poids d’une nature contraignante ; le Plateau intérieur, vide d’hommes également, malgré les potentialités naturelles offertes à l’agriculture ; le Nordeste, où le sous-développement accable l’homme ; le Sud-Est, zone de croissance et d’essor des activités modernes ; le Sud, enfin, dont les caractères originaux résultent des conditions de peuplement et de l’importance de l’immigration européenne à la fin du xixe et au début du xxe s.


L’Amazonie

L’Amazonie est la zone du climat équatorial et le domaine de la grande forêt équatoriale.

Difficile à défricher, cette forêt cache, sous l’exubérance végétale, des sols très fragiles, mal connus, vite détériorés et épuisés une fois qu’ils sont privés de la couverture avec laquelle ils sont en équilibre depuis très longtemps. À la faune dangereuse s’ajoute le pullulement de micro-organismes, facteur d’insalubrité. Aussi est-ce dans cette forêt amazonienne hostile à l’homme que se sont réfugiés les Indiens qui peuplaient le Brésil en tribus éparses avant la pénétration portugaise et qui ont été chassés des terres mises en valeur par les colons ; en effet si l’Européen a pénétré dans cette forêt, il ne s’y est jamais installé de façon définitive, se contentant d’y faire des incursions pour la coupe des bois précieux. Actuellement les Indiens d’Amazonie sont sans doute assez peu nombreux, environ 50 000 d’après certaines estimations, d’ethnies différentes, mais essentiellement rattachées au groupe « tupi ».

L’Amazonie a eu un peuplement blanc plus ou moins épars et temporaire à l’époque coloniale, par suite de la recherche des bois précieux ; il est devenu plus permanent et intense à la fin du xixe s. lors de la découverte de l’Hevea brasiliensis qui pousse à l’état naturel dans la forêt amazonienne, et dont la sève fournit la matière première pour la fabrication du caoutchouc. L’Amazonie moyenne, qui en détient l’essentiel, a connu alors un boom économique et a vu affluer une forte immigration de main-d’œuvre pour recueillir la sève des arbres dispersés à travers la forêt. La ville de Manaus s’est accrue rapidement et est devenue la capitale du caoutchouc. Mais cette époque de prospérité fut de courte durée, la concurrence des plantations d’hévéas de Malaisie, dans la deuxième décennie du xxe s., ayant provoqué la ruine de cette exploitation. La main-d’œuvre pauvre, n’ayant pas la possibilité de repartir, a constitué un groupe humain épars le long des fleuves (ceux-ci étant l’unique moyen de circulation), et a commencé à pratiquer une petite agriculture de subsistance, en défrichant la forêt sur une profondeur ne dépassant pas quelques centaines de mètres à partir des berges. Aussi, l’Amazonie est-elle actuellement parsemée de ces taches de peuplement sur les marges des rivières.

Le seul moyen de communication étant encore en 1970-1971 le bateau, les deux grandes villes, Manaus et Belém, sont deux ports. Belém est un port de mer. Manaus, à environ 1 500 km à l’intérieur des terres, constitue un point de transbordement entre la flottille des petites embarcations traditionnelles sillonnant continuellement l’Amazone et les bateaux modernes qui remontent le fleuve jusqu’à cette ville. Au port moderne, équipé de docks flottants recevant, au milieu du fleuve, les bateaux de moyen tonnage, s’oppose le port de berge qui accueille les petites embarcations fluviales. Bien que Belém compte une population beaucoup plus importante, les deux villes portent dans leur paysage l’empreinte de la prospérité de la fin du xixe s. et du début du xxe s., par la prédominance des bâtiments de cette époque, cependant que le nombre restreint d’immeubles de plus de dix étages, en plein essor dans le centre des affaires des autres villes brésiliennes, traduit la faiblesse du développement récent de la région. À Manaus même, les très grandes avenues tracées au moment du boom du caoutchouc sont actuellement reprises par la végétation naturelle et bordées de pauvres paillotes. Pourtant, la prospection pétrolière peut avoir un rôle important sur l’avenir de l’Amazonie (intéressée aussi par la construction d’une route transamazonienne) et en transformer la physionomie si elle parvient à confirmer les espoirs suscités par cette fosse de subsidence.