Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Brême (suite)

Le complexe portuaire

L’ensablement de l’estuaire faillit pourtant compromettre l’essor portuaire. En 1618, Brême dut déplacer à Vegesack, à 10 km en aval de la ville, les activités portuaires. La solution ne fut que provisoire ; par la suite les Brémois furent contraints d’utiliser les ports oldenbourgeois de Elsfleth et Brake. La municipalité obtint une bande de terre sableuse du royaume de Hanovre, ce qui lui permit de fonder, en 1827, l’avant-port Bremerhaven. Depuis des travaux de dragages ont amélioré la navigation sur la Weser. (Bremerhaven, situé à 70 km en aval de Brême, constitue avec cette dernière un organisme urbain et portuaire complexe, à l’échelle de l’Allemagne.)

Incontestablement, la fonction portuaire a donné naissance à cette dynamique métropole, animée par un puissant secteur industriel. Plus de 15 000 navires ont fréquenté le port de Brême en 1968 et plus de 3 000, Bremerhaven. Bremerhaven reçoit surtout les gros navires pétroliers et minéraliers. Le trafic total dépasse 15 Mt pour Brême et 8 Mt pour Bremerhaven, c’est le deuxième ensemble portuaire de la République fédérale allemande (après Hambourg). Les importations se montent à 60 p. 100 du trafic total ; les matières pondéreuses jouent un rôle moindre que dans les autres très grands ports. La rapidité du transbordement et la haute valeur unitaire des produits transportés caractérisent Brême. 250 km de voies ferrées assurent des expéditions express sur toute l’Allemagne occidentale. L’installation d’une unité sidérurgique par le konzern Klöckner a, cependant, donné naissance récemment à un trafic de minerais et de coke qui connaît un essor rapide. De nouvelles installations de déchargement dont la capacité doit être portée à 12 Mt de minerais ont été construites à Bremerhaven. Plusieurs sociétés allemandes d’armateurs ont leur siège à Brême, notamment le Norddeutscher Lloyd. Près d’un quart de la flotte allemande a comme port d’attache Brême.

Le coton figure parmi les produits importés les plus importants (1,2 million de balles par an). La ville est considérée, grâce à sa Bourse du coton fondée en 1877, comme le premier centre cotonnier du continent. 65 p. 100 de la laine importée par la République fédérale allemande passent par le port. Le tabac constitue un autre produit important, grâce à la fondation, en 1959, d’un marché germano-indonésien qui donne à ce port le quasi-monopole mondial pour la vente des tabacs indonésiens ; ce marché porte annuellement sur près de 200 millions de DM. Le port importe près de 40 p. 100 du café consommé par la R. F. A., représentant une valeur de 420 millions de DM (100 000 t). Enfin, Brême est le grand centre d’importation allemand des vins et alcools. Les exportations intéressent les produits finis : équipements, machines, automobiles. Les industries sont, en partie, nées du port : chantiers navals, construction de machines et matériels. Les industries de consommation ont une part très élevée : industries alimentaires (chocolateries, biscuiteries, conserveries de poissons, etc.). L’industrie du café occupe 8 000 personnes. La brasserie tient une place importante sur le marché allemand. En 1850, on comptait déjà 280 petites et moyennes entreprises fabriquant des cigares et utilisant 2 000 personnes. La réussite de cette métropole active et ouverte sur le monde a été couronnée par la construction d’une université sur un terrain de 280 ha.

F. R.

➙ Allemagne / Hanse.

 F. Buchenau, Die freie Hansestadt Bremen und ihr Gebiet (Brême, 1882 ; 4e éd., 1934).

Brésil

En portug. Brasil, État de l’Amérique du Sud.
De tous les pays de l’Amérique du Sud atlantique, le Brésil constitue l’ensemble le plus vaste, le plus peuplé, le plus varié et, sans doute, le plus doué : l’exubérance de la forêt équatoriale, l’humidité et la chaleur du climat des plaines littorales, l’immensité des savanes de l’intérieur propices à l’élevage, la variété des climats du Sud où peuvent coexister des cultures tropicales et des cultures tempérées semblent appeler ce grand pays à un développement illimité de ses activités agro-pastorales. Il est tout aussi bien pourvu en ressources minières, la nature géologique du socle brésilien favorisant l’abondance du minerai de fer, des métaux non ferreux, des métaux précieux et des pierres rares, tandis que les avant-pays sont riches en pétrole et en phosphate. L’effectif du groupe humain, qui avoisine 105 millions d’habitants, semble assurer un potentiel de main-d’œuvre satisfaisant.
Or, le niveau de vie moyen au Brésil est encore bas : la masse rurale, souvent analphabète, vit dans des cabanes ; toutes les grandes villes renferment, dans leur espace, des bidonvilles, habitat spontané misérable. Le Brésil semble donc se caractériser par une distorsion entre les potentialités très favorables de la nature et les formes actuellement inadaptées de leur utilisation. Les carences alimentaires, l’importance de la mortalité infantile, la faiblesse de la productivité du travail, le gaspillage des terres, l’inégale industrialisation sont autant de traits qui rejettent le Brésil dans la grande famille des pays d’économie sous-développée. Cependant, ce sous-développement présente des formes diverses selon les régions, dans cet immense territoire dont la superficie représente seize fois celle de la France.


Le milieu naturel

Par sa latitude et par la forme de son espace, le Brésil est avant tout un pays tropical ; sa situation dans la partie orientale du continent sud-américain où prédominent les roches anciennes des vieux massifs primaires transformés en socle lui donne un relief dominé par les horizons plats. Pourtant au sein même de ces caractères généraux, une certaine variété de la nature permet de distinguer, à travers le pays, plusieurs grandes unités offrant aux hommes des conditions fort différentes de mise en valeur.