Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Brasília (suite)

La zone résidentielle est constituée d’habitations individuelles disposées en bandes continues ou en « superquadras », carrés de 250 mètres de côté. Ces derniers, conçus pour 3 000 hab., ont des limites nettement définies, soulignées par un rideau de verdure. Chacun est composé de onze à trente-trois immeubles sur pilotis et dispose d’une école primaire. Le groupement de quatre superquadras constitue une unité de voisinage : à la jonction sont implantés les équipements collectifs (cinéma, chapelle, centre commercial local, établissement d’enseignement secondaire). La réalisation a été confiée à différents architectes, Sérgio Bernades, Hélio Uchoa, Oscar Niemeyer, ce qui contribue à rompre l’uniformité par une variété d’implantation et de volume interne.

Née d’un acte politique, Brasília n’a cessé d’avoir ses partisans et ses détracteurs. Si la nouvelle capitale a soulevé une telle polémique c’est qu’elle pose le problème fondamental de la ville créée ex nihilo. Au-delà de sa signification sur le plan brésilien, certains affirment qu’elle n’est pas la concrétisation d’une conception de la vie urbaine et que symbole, œuvre d’art, elle n’est pas faite pour l’homme.

M.-M. F.

Bratislava

V. de Tchécoslovaquie, capit. de la Slovaquie, sur le Danube ; 340 000 hab.


Bratislava est établie au débouché des riches terroirs agricoles de Moravie (la Morava conflue avec le Danube en amont de la ville), région de passage entre le Bassin pannonien et la Silésie et, au-delà, les plaines polonaises. La ville commande l’entrée des vastes plaines danubiennes.

Le site est favorable au développement d’une grande ville. La vallée du Danube est rétrécie au franchissement de l’extrémité d’un éperon des Carpates blanches qui s’élèvent jusqu’à plus de 500 m d’altitude. La ville ancienne gardait le passage sur le fleuve ; aujourd’hui, un seul pont conduit en direction de la triple frontière, hongroise et autrichienne, à quelques kilomètres. Le château (hrad) sur une butte à quelques centaines de mètres du fleuve a été détruit en 1811, mais sa restauration est achevée. Il protégeait un hameau de pêcheurs et une ville-marché (město) peuplée de colons germaniques, d’artisans et de commerçants. La ville-marché forme encore le noyau de la ville ancienne et enferme les couvents et églises de style baroque, les musées, de vieux hôtels. Le rôle culturel est ancien, attesté par la fondation d’une académie en 1467, d’une université Komenský (ou Comenius), située au bord du Danube. L’apogée de Bratislava se situe en effet aux xve et xvie s. La révolution industrielle ne l’a pas favorisée. Budapest, redevenue capitale après la libération de la Hongrie, la concurrence et, en 1880, la population n’atteint pas 60 000 habitants (pour les deux tiers des Allemands, en majorité commerçants).

Le développement économique date de la fondation de l’État tchécoslovaque. La population, qui dépasse 100 000 habitants en 1913, atteint 175 000 en 1940. Aux industries traditionnelles qui travaillaient pour l’Empire austro-hongrois, s’ajoutent des cimenteries, utilisant les calcaires des Carpates blanches, et la mécanique. Le port sur le Danube est en relation avec Vienne et le cours moyen et inférieur du fleuve. Les familles paysannes descendues des montagnes de Slovaquie renforcent la proportion de population slave ; avant 1940, la ville ne comptait plus que 20 p. 100 d’Allemands et 12 p. 100 de Magyars.

Le plan d’industrialisation des régions les moins développées de la Tchécoslovaquie, devenue démocratie populaire après 1945, accélère le développement de la ville, dont la population a doublé depuis la Libération et qui se trouve à la tête d’une région de près d’un million d’habitants. Bratislava devient une véritable métropole administrative et politique, siège des organes slovaques, renforcés depuis la création du bipartisme dans le cadre de la République tchécoslovaque. Elle reçoit des investissements proportionnellement supérieurs à ceux de la Bohême en vue de procurer des emplois à la population des campagnes chassée par la collectivisation et la motorisation et d’équilibrer la puissance économique de la Silésie et des régions industrielles du nord de la Bohême. L’énergie nouvelle lui est fournie par l’équipement hydro-électrique du Váh et du Hron, presque achevé, complété par celui du Danube, qui est en cours d’achèvement. L’oléoduc de l’Amitié l’atteint depuis 1963 ; en aval de la ville, la raffinerie (Slovnaft) traite plusieurs millions de tonnes de brut et fournit engrais, matières plastiques, caoutchouc synthétique. Le gazoduc venant d’U. R. S. S. et se prolongeant vers l’Autriche la dessert depuis 1967. Le secteur énergétique et chimique emploie près de la moitié des salariés : l’entreprise Dimitrov est une des plus grandes de Tchécoslovaquie pour la fabrication des articles en caoutchouc et de pneumatiques. Les branches traditionnelles ont été modernisées et étendues, ainsi la construction de machines-outils, l’électrotechnique, la chaudronnerie et la fabrique de câbles, le textile (principalement la confection), auxquels s’ajoutent de gros combinats alimentaires (minoteries, sucreries, brasseries). L’agglomération se développe vers l’aval, le long du fleuve. Elle emploie le dixième de la population industrielle slovaque.

Le port reçoit des chalands de 1 100 à 1 300 t (les travaux d’aménagement sur le Danube moyen permettront de porter la charge à 3 000 t). Le projet de canal Odra-Danube par les plaines moraves doit être exécuté dans la décennie 1970-1980, et Bratislava peut espérer devenir un grand port fluvial. Le trafic actuel s’élève déjà à 5 Mt (3 Mt aux entrées, 2 Mt aux sorties) : matériaux de construction, hydrocarbures, charbon, coke et minerais ; Bratislava est en relation avec l’Allemagne occidentale et l’Autriche aussi bien qu’avec les pays du Comecon.

Bratislava présente trois types de quartiers résidentiels : la ville ancienne (Staré Město) ; les quartiers de villas, disséminées dans la forêt sur les pentes des Carpates blanches (Vinohrady ou « les Vignobles », Nové Město), moins densément peuplés ; une ville nouvelle, composée de grands ensembles édifiés en aval, le long du Danube, de la voie ferrée et de la route en direction de la cité, industrielle de Nitra.

A. B.