Braque (Georges) (suite)
En 1908, il est à l’Estaque, où le rejoint Raoul Dufy. Refusé au Salon d’automne, il fait à la galerie Kahnweiler sa première exposition particulière, dont le catalogue est préfacé par Apollinaire ; dans le Gil Blas du 14 novembre, le critique Louis Vauxcelles publie un article où il est question d’une toile curieusement composée de petits « cubes » : de là viendra l’appellation, d’abord humoristique, de la nouvelle école. En 1909 et 1910, Georges Braque va peindre à La Roche-Guyon, à Carrières-Saint-Denis et à l’Estaque. En 1911, à Céret où il est allé rejoindre Picasso, ils préludent ensemble à la phase du cubisme analytique dite « hermétique », caractérisée par l’introduction, dans leurs peintures, de lettres et de chiffres d’imprimerie. Ensemble encore, à Sorgues, près d’Avignon, ils exécutent en 1912 les premiers « papiers collés », ainsi que des toiles représentatives du cubisme dit « synthétique » ; il y entre du sable, des imitations de marbre, de bois, etc. En 1913, Braque travaille de nouveau à Céret et à Sorgues.
Mobilisé en 1914, il est grièvement blessé, subit une trépanation, est démobilisé en 1917 et entre en rapport avec Juan Gris et Henri Laurens* ; la même année, il publie dans la revue Nord-Sud, que dirige Pierre Reverdy, Pensées et réflexions sur la peinture. En 1919, grande exposition chez Léonce Rosenberg. En 1920, Braque expose chez Kahnweiler, avec des tableaux, sa première sculpture, un Nu debout (plâtre). Il illustre de gravures sur bois Piège de Méduse, d’Erik Satie.
Fixé en 1925 rue du Douanier, dans une maison construite pour lui par Auguste Perret, il y développe la phase ultime, dite « classique », de son œuvre. L’objet réel devient le prétexte d’une construction plastique très précieuse quant à la matière, très soignée quant à l’exécution ; couleurs et rythmes s’y accordent pour susciter une harmonie comme musicale. Voici, outre de très nombreuses natures mortes, quels seront désormais ses principaux thèmes de prédilection (avec la date de leur première apparition) : Canéphores et Cheminées (1922), Guéridons (1926), Barques (1929, à Varengeville près de Dieppe), Ateliers (1939), Billards (1944), Oiseaux (1948), Terrasses (1949), traités par séries dont chaque élément est une création particulière.
En 1924, il a exécuté pour les ballets du comte de Beaumont les décors de Salade ; en 1923 et 1925, pour Serge de Diaghilev, ceux des Fâcheux et de Zéphire et Flore. Il produit, en 1931, des plâtres gravés et des figures mythologiques, ainsi que des eaux-fortes pour la Théogonie d’Hésiode. Une exposition récapitulative de son œuvre a lieu à Bâle en 1933, prélude à celles qu’organiseront ultérieurement la plupart des grandes capitales. Braque a obtenu en 1937 le prix Carnegie à l’Exposition internationale de Pittsburgh et a été, en 1948, lauréat de la Biennale de Venise. Il a décoré de peintures le Mas Bernard à Saint-Paul-de-Vence et de vitraux la chapelle de Varengeville (1953-1954). Il a peint un plafond au Louvre, pour la salle Henri-II (grands oiseaux stylisés, 1952-1953). Il a composé des petits bronzes et des bijoux. Le cabinet des Estampes de la Bibliothèque nationale a présenté, en 1960, une rétrospective de son œuvre graphique (estampes et livres illustrés).
Sous le titre le Jour et la Nuit (Gallimard, 1952), Braque a publié l’ensemble de ses « Cahiers » de 1917 à 1952, recueil de courtes pensées esthétiques et morales. Il estimait qu’il n’est, en art, qu’une chose qui vaille : « celle que l’on ne peut expliquer ». Ses principaux amis ont été des poètes : Biaise Cendrars, Apollinaire, Jean Paulhan, Francis Ponge, René Char, qui Font loué tour à tour d’avoir su exprimer la spiritualité de la matière et d’avoir crée « une poétique de l’espace ».
M. G.
➙ Collage / Cubisme.
J. Paulhan, Braque, le patron (Éd. des Trois Collines, 1946). / F. Ponge, le Peintre à l’étude (Gallimard, 1949). / J. Cassou, Georges Braque (Flammarion, 1960). / W. Hofmann, l’Œuvre graphique de Braque (Éd. Clairefontaine, Lausanne, 1961). / J. Leymarie, Braque (Skira, Genève, 1961). / S. Fumet, Georges Braque (Maeght, 1965). / C. Brunet, Braque et l’espace. Langage et peinture (Klincksieck, 1972).