Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

boxe (suite)

Les premières réunions, exclusivement consacrées à la nouvelle discipline, eurent lieu salle Wagram, à l’Élysée-Montmartre et à la Grande-Roue. Mais ce fut à partir de 1907 que le jeune sport, enfin en vogue, vit se multiplier les organisations avec la création du Wonderland français — inspiré de celui de Londres — par le journaliste Victor Breyer et Théodore Vienne, le directeur de la Grande-Roue.

Les deux hommes avaient fondé une Société pour la propagation de la boxe en France, et, sous leur impulsion, les réunions fleurirent un peu partout : non seulement à la Grande-Roue, au Cirque de Paris, à Wagram et à l’Élysée-Montmartre, mais aussi à Bullier, aux Folies-Bergère, au Tivoli, à la Cigale, à l’Hippodrome, au Bowling Palace et au Fronton Bineau.

De nombreux champions étrangers, anglais et américains, vinrent alors se produire à Paris, tels Willie Lewis, Franck Erne, Peter Brown, Tiger Smith, Jim Barry, Tommy Burns, Jack Johnson, Sam McVea.

À propos de ce dernier, il faut rappeler le dramatique combat, disputé au « finish » au Cirque de Paris, en avril 1909, qui vit le fameux poids lourd noir Joe Jeannette vaincre Sam McVea par abandon à la 49e reprise. Ce match, auquel assistait l’écrivain Tristan Bernard, et qui s’acheva vers les 3 heures du matin, est demeuré célèbre dans les annales pugilistiques.

Par la suite, on devait limiter à vingt le nombre de rounds avant d’en arriver à la réglementation actuelle : dix rounds pour un combat entre premières séries ; quinze pour un championnat d’Europe (ou du monde), douze pour un championnat de France.


Les vedettes françaises

À l’école des pugilistes étrangers, les boxeurs nationaux effectuèrent de rapides progrès. G. Carpentier (1894-1975) s’affirma le plus grand de tous. Après avoir été champion d’Europe des poids welters et des moyens, il fut le premier Français à remporter un championnat du monde : le titre des poids mi-lourds, à la suite de sa victoire en 1920, à Jersey City, sur l’Américain Battling Levinsky, k.-o. à la quatrième reprise. Mais, en 1921, il échoua pour le titre suprême, celui des lourds, devant Jack Dempsey, étant mis k.-o. au 4e round.

À la suite de Georges Carpentier, neuf Français se sont parés d’un titre mondial unanimement reconnu.

Ce sont, dans l’ordre chronologique : Battling Siki, qui, en 1922, prit à Carpentier, sur le déclin, son titre mondial des mi-lourds ; Eugène Criqui (1923) et André Routis (1928), poids plumes tous deux ; Emile Pladner (1929) et Young Perez (1931), deux poids mouches ; Marcel Thil (1932) et Marcel Cerdan (1948), tous deux poids moyens, le second tragiquement disparu dans un accident d’avion le 28 octobre 1949 ; enfin Robert Cohen (1954) et Alphonse Halimi (1957), l’un et l’autre poids coqs.


Organisation générale

En matière de boxe, il convient de distinguer deux formes, à la fois très proches et différentes.

• La boxe professionnelle est organisée par des promoteurs privés qui assument les risques financiers de leurs organisations, dans chaque pays, chaque ville où le sport pugilistique est pratiqué. Ils sont certes affiliés à une fédération nationale, laquelle dépend elle-même d’un organisme européen (Union européenne de boxe). Mais fédérations nationales et européenne, si elles ont pour tâche de veiller à la régularité des compétitions, de déterminer les challengers, d’officialiser les champions, de désigner les responsables techniques d’une réunion, ne s’immiscent en aucun cas dans les considérations financières entre l’organisateur, le manager et son boxeur. Elles se contentent du rôle d’intermédiaire, de transmettre ou d’entériner... et de percevoir, pour leur bonne marche, une dîme (5 p. 100 en France) sur toutes les organisations qu’elles couvrent de leur autorité.

Il en est exactement de même pour les championnats du monde, mais, là, plusieurs organismes (tous américains) en revendiquent le contrôle. Ce sont, notamment, la World Boxing Association (WBA), la puissante Commission de l’État de New York, et, de formation plus récente, le World Boxing Council (WBC), dont le siège social se situe à Manille. Malheureusement, le manque d’unité entre ces organismes (de trop grands intérêts sont en jeu) fait que, dans certaines catégories, on trouve souvent deux (et parfois trois) champions du monde.

• La boxe amateurs, elle, dépend directement des fédérations nationales, généralement subventionnées par l’État. Un organisme suprême, l’A. I. B. A. (Association internationale de boxe amateurs), chapeaute les fédérations et assume la responsabilité des épreuves internationales (championnats d’Europe, jeux Continentaux, jeux Olympiques), décide des pays auxquels est accordée l’organisation de ces compétitions.

Par leur esprit et leur rythme (les combats amateurs se déroulent en trois reprises de trois minutes alors que les matches professionnels se déroulent en 6, 8, 10, 12 ou 15 rounds, selon l’expérience des pugilistes et l’importance des rencontres), les deux boxes diffèrent assez sensiblement.

Dans la plupart des pays (États-Unis, Grande-Bretagne, Allemagne fédérale), fédérations professionnelles et fédérations amateurs sont distinctes. Mais, en Italie, en Espagne et en France, une même fédération contrôle les deux formes de boxe.

Tous les pays de l’Est (U. R. S. S., Pologne, Roumanie, etc.) et la plupart des pays africains ignorent le professionnalisme.

Quant au point commun, il tient évidemment à la technique, la même pour les uns et les autres. Il n’y a, en effet, qu’une bonne manière de donner ou d’éviter un coup, quelle que soit la boxe pratiquée.

Les hommes de coin

manager, celui qui dirige la carrière des boxeurs professionnels avec lesquels il est lié par contrat (de 3 ou 5 ans). Mais le manager doit être obligatoirement professeur ou prévôt.

prévôt, instructeur diplômé, de moindre importance que le professeur. Le prévôt ne peut signer de contrats professionnels qu’avec des amateurs qu’il a lui-même formés.

professeur. En tête de la hiérarchie des enseignants de la boxe, il peut, lui, signer des contrats avec n’importe quel amateur, même formé dans un autre club que le sien.

second, le prévôt ou professeur qui, dans le ring, seconde le boxeur et prend toutes les décisions utiles (arrêt, jet de l’éponge, etc.).

soigneur. Sa fonction se limite aux soins à donner dans le ring, sous la direction du prévôt ou du professeur.