Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Bamilékés (suite)

Pourtant, depuis 1962, les villageois bamilékés ont partout, de leur propre initiative, reconstruit les chefferies. Les chefs ont été partout rétablis. Dans l’esprit des cultivateurs bamilékés, le chef demeure le symbole vivant du groupement. Il est surtout le président des sociétés coutumières, dont dépend, pour chacun des habitants du groupement, la possibilité de gravir les échelons de l’échelle de considération et d’affirmer sa réussite. Seul il peut valablement attribuer des titres et créer des notables. En l’absence d’un chef, tout le mécanisme de la mobilité sociale se trouverait bloqué.


L’avenir des institutions

Ce qui, dans les influences véhiculées par la vie moderne, a les conséquences les plus dissolvantes sur les sociétés tribales africaines, ce n’est probablement pas ce qui s’attaque le plus directement aux croyances, lesquelles subsistent en fait en tant que système de pensée et de représentation de l’univers. C’est l’introduction d’un système économique exclusivement fondé sur la recherche d’un profit personnel, dans la mesure où ce système est en opposition radicale avec la structure du lignage et avec le mode de production et de distribution de la richesse dans la société considérée. Le lignage indifférencié, comportant un principe d’égalité et d’opposition à la mobilité sociale, ne peut résister à l’introduction du commerce et du salariat. Le système bamiléké ne présente pas la même vulnérabilité : dès avant le choc des idées modernes, il avait précisément élaboré la notion d’une promotion personnelle, et la mobilité sociale était sa raison d’être. Sous les influences nouvelles, l’idée que l’on se faisait de la réussite sociale a changé ; la richesse est désormais matérialisée par des objets manufacturés et non plus, comme jadis, par des troupeaux de chèvres ; mais les structures ne sont pas pour autant détruites ; elles peuvent, en tout cas, et c’est là le point essentiel, accueillir ces changements sans se trouver placées en face d’une contradiction interne.

Le dynamisme des Bamilékés, leur capacité d’adaptation au monde moderne et la vitalité de leurs institutions semblent donc liés à leur conception originale, unique en Afrique noire, du lignage et de la parenté.

Les Bamoums ou Bamouns

Cette ethnie africaine apparentée aux Bamilékés est située au centre du Cameroun, entre la région du Mungo (pays bamiléké) et le plateau Tikar, entre la rivière Noun et la rivière Mbam, autour de la ville de Foumban.

Le pays bamoum, qui constitue un département dans le Cameroun actuel, repose sur un système politique et social semblable à celui des Bamilékés, mais beaucoup plus centralisé (roi héréditaire avec représentants dans les villages qui lui sont soumis). Au moment de la conquête par les Allemands en 1902, il avait pour roi Njoya. Celui-ci inventa une écriture, fait pratiquement unique dans les civilisations noires traditionnelles, qui est un mélange de deux systèmes, idéographique et syllabaire. Il réussit à le diffuser en instituant des écoles, où cette écriture fut enseignée, et s’en servit notamment pour la conservation des actes juridiques et la rédaction d’un système religieux syncrétique (islām et protestantisme). Njoya fut déposé par l’administration française en 1923 et exilé à Yaoundé, où il mourut en 1933. Cette dernière augmenta le nombre de chefferies et admit comme successeur le sultan Seydou.

M. F.

J. H.

➙ Afrique noire / Cameroun.

 C. Tardits, Contribution à l’étude des populations Bamiléké de l’ouest du Cameroun (Berger-Levrault, 1960). / J. Hurault, la Structure sociale des Bamiléké (Mouton, 1962). / E. Mveng, Histoire du Cameroun (Présence africaine, 1963).

bandage

Assemblage de bandes utilisé en médecine et en chirurgie.


La bande est un long et étroit morceau d’une substance mince et souple que l’on tend sur ou autour de quelque chose qu’il s’agit de consolider ou de couvrir en partie.


Éléments constitutifs

On a habituellement recours à :
— la gaze ordinaire ou à la gaze imprégnée d’amidon, dite « gaze raide », car elle se durcit en séchant, la contention étant alors rigide, non élastique ;
— la bande de crêpe élastique, ou bande Velpeau, qui assure à la fois une bonne contention et une compression modérée ;
— la bande tissée avec du caoutchouc dans le sens de la longueur, de la largeur ou dans les deux sens, de plus en plus fréquemment employée en raison de la compression facilement réglable qu’elle permet.

Les bandes plâtrées donnent une immobilisation rigide ; elles sont particulièrement utilisées dans le traitement des fractures* ; il ne s’agit pas d’un bandage au sens strict du terme.

Les bandages composites, tels les bandages herniaires, n’ont en réalité de bandage que le nom, car, dans ce cas, il s’agit d’appareils formés de bandes de cuir, de tissu, munis de pelote et souvent armés de pièces métalliques. Leur exécution nécessite le recours à un bandagiste.


Fonctions thérapeutiques

Celles-ci sont variables avec la nature de l’élément constitutif utilisé et suivant l’endroit où le bandage est appliqué.

• La compression. Elle est employée contre l’hémorragie (compression hémostatique) ou contre le gonflement (compression antiœdémateuse). La compression hémostatique est obtenue par le classique pansement du blessé, des bandes de crêpe tendues sur des compresses et du coton s’efforçant de réaliser une compression pour empêcher le saignement des petits vaisseaux. La compression antiœdémateuse est réalisée grâce à des bandes de tissu élastiques, que l’on enroule particulièrement au niveau des membres inférieurs pour empêcher la constitution de l’œdème ou pour le résorber.

• La protection. C’est le bandage postopératoire chargé de protéger de la surinfection exogène l’incision cutanée encore récente.

• L’immobilisation. C’est ce que l’on recherche après une entorse ou une luxation pendant la période douloureuse initiale.

• Le soutien. L’utilisation d’une genouillère ou chevillière élastique a le double avantage de lutter contre l’œdème post-traumatique et d’assurer une contention supplémentaire, soulageant ainsi les ligaments articulaires pendant la période de cicatrisation.

• L’occlusion d’un orifice. Elle est réalisée par le bandage herniaire, empêchant l’issue hors de la cavité abdominale d’un élément de son contenu.