Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Bacon (Francis) (suite)

« Une difficulté d’être »

Il est remarquable que ces disciples, qu’il n’a point désiré avoir, se soient orientés vers un art de contestation sociale. Or, si de toute évidence l’œuvre de Bacon est une protestation véhémente, celle-ci vise, très au-delà des structures économiques et sociales, ce que l’on pourrait nommer, selon le mot de Fontenelle mourant, « une difficulté d’être ». Non qu’un personnage comme Bacon s’accommode le moins du monde de l’état de choses existant : son homosexualité, notamment, contribue à fortifier en lui le sentiment d’être étranger à sa propre vie, en décalage par rapport à elle, à jamais irréconcilié. De même, les êtres qu’il représente sont des inadaptés irrémédiables, dont aucune société avant longtemps ne sera en mesure d’assurer l’accès à « la vraie vie » souhaitée par Rimbaud. Leur malheur est fondamental, puisqu’il consiste d’abord dans le fait d’être. Ainsi en va-t-il aussi bien de l’Enfant paralytique marchant à quatre pattes (1961) que d’un Van Gogh à demi dissous dans les rayons de lumière (la gloire du malheur) ou du pape Innocent X dont l’assurance et la majesté fondent comme neige au soleil. Que leur misère soit réelle ou infligée par le peintre à leur effigie, elle est, dit Bacon, « cette sorte de blessure qui me permet, je crois, d’énoncer plus clairement leur réalité essentielle ». Afin de cerner avec plus de précision cette « réalité essentielle », Bacon s’est progressivement allégé des situations dont la signification pathétique est donnée d’avance et risque par conséquent d’obscurcir sa démarche créatrice. Au thème traditionnel de la Crucifixion, par exemple, il préférera un personnage assis sur un siège de w.-c. ou, plus simplement encore, un visage en gros plan.


« La minute de vérité »

Pourtant, il semble que ce soit lorsque le personnage est non seulement entier, mais, de plus, situé à l’intérieur d’un décor même sommaire (par exemple couché sur un divan, le mur et le sol apparents), que la peinture de Bacon atteigne à son maximum d’efficacité. Un certain espace est nécessaire, ne serait-ce que pour accuser l’isolement, l’étrangeté de chaque individu, qui donne toujours l’impression d’avoir bougé pendant que le peintre l’observait. Bacon, utilisant des photos comme base de son travail, pense que la stabilité de la photographie nette est contraire à la vérité de sa peinture, qui trouve par contre son bien dans le flou ou dans certains instantanés révélateurs d’aspects cachés, souvent monstrueux, des êtres. L’analyse photographique du mouvement par Eadweard Muybridge, le gros plan de la nurse à l’œil crevé au bas des marches d’Odessa dans le Cuirassé « Potemkine » d’Eisenstein, des photographies de Hitler et de Pie XII ont joué un rôle initial aussi important pour lui que le masque mortuaire de William Balke ou le Pape Innocent X de Vélasquez. La photo est ainsi devenue d’un usage systématique chez Bacon, qui, sur ce plan-là aussi, a fait école, y compris par la faveur faite aux macules et rayures provenant du tirage photographique ou de l’impression. Ce qu’il tente de saisir, c’est « la minute de vérité », comme on dit en tauromachie, où ces instruments d’observation que sont l’œil humain et son prolongement, l’objectif de l’appareil photographique, se trouvent pris en défaut, ce qui se traduit par une incertitude de l’enregistrement et du jugement. À partir de ce qui se dérobe se révèle la vérité des êtres. Telle est en tout cas la certitude qui anime Francis Bacon, aidé d’une palette somptueuse comme d’une mise en page tout particulièrement susceptible de mettre en valeur l’inguérissable malaise des individus noués sur eux-mêmes.

J. P.

➙ Figuration (nouvelle).

 R. Alley et J. Rothenstein, Francis Bacon (Londres, 1964). / D. Sylvester et M. Leiris, Bacon (Maeght, « Derrière le miroir », 1966). / Francis Bacon, catalogue d’exposition (C. N. A. C., 1971).

Bactéries

Êtres généralement unicellulaires appartenant au groupe des Protistes inférieurs. Ce sont des cellules de dimension variable, les plus petites mesurant 0,2 µ, les plus grandes 50 µ ; leurs dimensions moyennes sont de 0,5 à 1 µ. Les Bactéries ont une structure moins complexe que les cellules des organismes supérieurs ; ce sont des cellules procaryotes (leur noyau est formé d’un chromosome unique et il n’a pas de membrane). Elles sont également très différentes des virus, qui ne peuvent se développer que dans les cellules et ne contiennent qu’un acide nucléique.


Les Bactéries jouent un rôle fondamental dans la nature et chez l’Homme ; la présence d’une flore bactérienne normale est indispensable, mais de nombreux germes sont pathogènes. Elles ont également un rôle important dans l’industrie et elles permettent d’accomplir de grands progrès dans la recherche, en physiologie cellulaire et en génétique. L’examen microscopique des Bactéries ne permet pas de les identifier, car il existe peu de types morphologiques, coque (sphère), bacille (bâton), spirille (spires), et il est nécessaire de recourir à des techniques détaillées plus loin. Mais l’étude en microscopie optique et électronique révèle leur structure.


Structure et physiologie des Bactéries


Structure de surface et d’enveloppe

• La capsule est inconstante. C’est une couche gélatino-muqueuse de taille et de composition variables, qui joue un rôle important chez les Bactéries pathogènes.

• Les cils, ou flagelles, n’existent que dans certaines espèces. Filamenteux, de longueur variable, ils constituent des organes de locomotion. Selon les espèces, ils peuvent être implantés à l’un ou aux deux pôles de la Bactérie, ou tout autour. Ils constituent le support des antigènes « H ». Chez certains bacilles Gram négatifs, on trouve des pili, appendices plus petits que les cils, qui ont un rôle fondamental en génétique bactérienne.