Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
V

Valdés Leal (Juan de) (suite)

Son œuvre est inégale autant que diverse. Bien que le peintre reflète, même dans sa maturité, les influences de Zurbarán* et de Murillo, ses Immaculées et ses Assomptions, alourdies de fleurs, d’orfèvreries, de saints et d’angelots, ignorent la grâce sobre de ces maîtres. Ses dominantes sont la fougue, l’opulence et l’éclat, l’indifférence à la correction du dessin comme à la beauté formelle, un expressionnisme parfois violent ou macabre. Valdés se plaît aux mêlées furieuses (Défaite des Sarrasins, musée de Séville), aux visions tumultueuses (Élie enlevé dans le char de feu, au Carmen de Cordoue). Mais il est aussi coloriste raffiné, jouant d’une gamme légère où vibrent vermillons, verts clairs et violets sur des fonds sourds et moelleux. La Flagellation et les Tentations de saint Jérôme (pour San Jerónimo de Buenavista, au musée de Séville) sont de chatoyants ballets — à l’inverse des mêmes sujets traités par Zurbarán avec une sculpturale gravité. Le chromatisme de Valdés prend parfois une valeur tragique, comme dans ce Chemin du calvaire (musée de Séville), où les Saintes Femmes et saint Jean courent, éclatants, sous un ciel noir. Valdés, pourtant, peut aussi faire résonner une note méditative, anxieuse et mélancolique : ainsi avec sa Procession de sainte Claire (musée de Séville), défilé monochrome de nonnes blafardes et rigides, dont chacune est un admirable portrait, ou avec sa série de religieux hiéronymites (Séville et autres musées), figures monumentales tendues vers le ciel, emportées par un souffle ardent et triste.

Mais le tempérament de Valdés trouve son expression la plus forte dans les thèmes de la mort et de la vanité du monde. Non pas qu’il fasse figure de novateur avec les têtes coupées de martyrs qu’il place dans son retable du Carmen de Cordoue ou avec les natures mortes de « vanités » qu’il peint magistralement vers 1660. Mais les deux grands tableaux de la Caridad (« Hiéroglyphes des Fins dernières ») illustrent directement le poignant Discurso de la Verdad de Miguel de Mañara, le célèbre « converti » sévillan, fondateur de l’hospice. Le contraste entre In ictu oculi, triomphe du squelette dressé, piétinant les attributs du pouvoir tandis qu’il éteint le flambeau de la vie, et Finis gloria mundi, l’évêque et le chevalier gisant dans la pénombre, déjà mangés des vers, a frappé les contemporains avant les romantiques. Par-delà ces effets faciles, la sourde magnificence de la technique picturale, le sentiment obsédant de majesté funèbre élèvent ici, pour la première fois, le bodegon au grand style épique.

P. G.

 C. Lopez Martinez, Juan de Valdés Leal, estudio (Séville, 1922). / E. Du Gué Trapier, Valdés Leal, Baroque Concept of Death and Suffering in This Paintings (New York, 1956).

Val-d’Oise. 95

Départ. de la Région Île-de-France ; 1 249 km2 ; 840 885 hab. Ch.-l. Pontoise*. S.-pr. Argenteuil et Montmorency.


Le département a été créé à la suite du nouveau découpage administratif de la Région parisienne en huit départements (au lieu de trois), décidé par la loi du 10 juillet 1964 et le décret du 25 février 1965. Il est, avec les Yvelines et l’Essonne, l’un des trois départements issus de la Seine-et-Oise et non limitrophes de Paris, appelés, pour cette raison « de la deuxième ou grande couronne ».

Il possède à l’ouest, au nord et à l’est les limites inchangées de l’ancienne Seine-et-Oise avec l’Eure, l’Oise et la Seine-et-Marne, mais, au sud, où il est limitrophe des Yvelines et de la Seine-Saint-Denis, il n’atteint la vallée de la Seine qu’à l’est de l’Oise et sur une courte distance.

C’est un département encore assez équilibré, rural et urbain. Allongé d’ouest en est sur 70 km (avec une largeur maximale de 25 km), il est traversé en son centre, du nord au sud, par l’axe de la basse vallée de l’Oise, de Persan-Beaumont jusqu’à proximité du confluent de la Seine et de l’Oise, axe sur lequel se trouve Cergy-Pontoise, ville nouvelle, principal pôle de développement du nouveau département.

Le Val-d’Oise comprend : à l’ouest, jusqu’à l’Oise, le Vexin français ; à l’est de l’Oise, une bande boisée avec les forêts de Carnelle, de L’Isle-Adam, de Montmorency ; une partie de l’Île-de-France entre la forêt de Chantilly et l’alignement des buttes de Montmorency ; entre celles-ci et les buttes de Sannois, la plaine d’Ermont. Enfin, plus au sud encore, il englobe Cormeilles-en-Parisis, Argenteuil, Bezons et se rapproche ainsi de Paris.

On peut y distinguer plusieurs petites régions économiques. À l’ouest de l’Oise, le Vexin français est une zone de terres labourées (céréales, cultures fourragères et légumières de plein champ), de prairies et d’arbres fruitiers : prés et élevage de bovins deviennent de plus en plus importants vers l’ouest. Les industries alimentaires sont représentées par des sucreries-distilleries et des conserveries de viande. La vallée de l’Oise, bien moins industrielle qu’à Creil-Montataire, plus au nord, possède néanmoins quelques usines à Persan-Beaumont et à Saint-Ouen-l’Aumône, faubourg industriel de Pontoise sur la rive gauche de l’Oise. L’arc forestier de Luzarches à Montmorency est un secteur de détente et de loisirs des Parisiens, en particulier sur les bords de l’Oise (L’Isle-Adam). La plaine de l’Île-de-France, ou Vieille France, ou Parisis (Belloy-en-France, Mareil-en-France, Châtenay-en-France, Puiseux-en-France) est une terre de grandes exploitations (blé et betterave industrielle), aux gros villages serrés comme en Vexin. La banlieue parisienne envahit tout le sud de l’Île-de-France ainsi que la plaine d’Ermont jusqu’à Pierrelaye. Son expansion s’effectue par taches autour des gares, sur la ligne de Persan-Beaumont jusqu’à Montsoult et sur la ligne de Chantilly jusqu’aux limites du département, à Survilliers et à Fosses. Elle est précédée d’une zone de développement des cultures maraîchères, fruitières, florales et arboricoles. Enfin, l’extrémité est du département est desservie par l’autoroute du Nord et a accueilli l’aéroport Charles-de-Gaulle à Roissy-en-France. Le secteur le plus industriel est celui d’Argenteuil-Bezons.

Les trois quarts des habitants du Val-d’Oise sont des banlieusards, les communes les plus peuplées étant Argenteuil (103 141 hab.) et Sarcelles (55 177 hab.). En dehors de la banlieue, les agglomérations les plus importantes sont Cergy-Pontoise (54 000 hab.) et Persan-Beaumont (22 000 hab.).

J. B.

➙ Pontoise-Cergy.