Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
U

U. R. S. S. (Union des républiques socialistes soviétiques) (suite)

Surprise en pleine réorganisation en 1941 par un adversaire qui lui est largement supérieur, l’armée rouge réussit d’abord à rattraper sensiblement le niveau de ce dernier à la fin de 1942 pour le dépasser nettement au lendemain de sa grande victoire de Stalingrad* en 1943. Au début de 1945, après avoir progressé de plus de 1 000 km sur un front de 2 000 km et chassé la Wehrmacht du territoire national, les forces soviétiques groupent un total de 7,1 millions d’hommes (6,3 dans l’armée, 0,46 dans l’aviation et 0,32 dans la marine). L’armée rouge compte environ 500 divisions (d’effectif réduit) qui sont articulées en 55 armées, 6 armées blindées et 13 armées aériennes. Elle dispose de 115 000 canons et mortiers, de 15 000 chars et de 15 800 avions. Depuis 1943, le corps des commissaires politiques a été supprimé, et l’appellation d’officier (avec les insignes de grade analogues à ceux de l’ancienne armée russe) rendue aux cadres de commandement, parmi lesquels Staline*, qui exerce lui-même les fonctions de commissaire à la Défense du 19 juillet 1941 au 3 mars 1947, nommera une trentaine de maréchaux...

C’est avec ce formidable appareil de combat que l’armée rouge abattra l’adversaire allemand et créera en Europe orientale un glacis qui, trente ans plus tard, demeure pour toute politique soviétique le symbole et le gage de la sécurité.

P. D.

➙ Guerre mondiale (Seconde).

 A. L. Guillaume, Pourquoi l’armée rouge a vaincu (Julliard, 1948). / R. L. Garthoff, Soviet Military Doctrine (Glencoe, Illinois, 1953 ; trad. fr. la Doctrine militaire soviétique, Plon, 1956). / M. Garder, Histoire de l’armée soviétique (Plon, 1959). / C. R. Andolenko, Histoire de l’armée russe (trad. du russe, Flammarion, 1967). / A. Costantini, l’Union soviétique en guerre (Impr. nat., 1968-69 ; 3 vol.).


L’après-guerre et la fin de la période stalinienne (1946-1953)

Dès juillet 1945, la division entre les vainqueurs apparaît clairement lors de la conférence de Potsdam qui réunit Staline et les représentants britanniques et américains. L’Union soviétique ne dispose pas de la bombe atomique, alors que les États-Unis l’utilisent contre le Japon à Hiroshima et à Nagasaki (août 1945). Ce n’est qu’en 1949 que l’U. R. S. S. expérimentera sa première bombe atomique.

Il n’est pas question ici de rechercher les responsabilités des uns et des autres dans la situation de l’après-guerre. On peut dire simplement que l’U. R. S. S. a alors le sentiment d’être rejetée par ses alliés occidentaux, malgré sa participation à l’organisation des Nations unies, où elle est membre permanent du Conseil de sécurité, disposant du droit de veto. Elle ne reçoit, malgré les destructions de la guerre, aucune aide économique des États-Unis pour la reconstruction et ne bénéficie guère des réparations allemandes (à l’exception des prélèvements effectués dans sa propre zone d’occupation). Quant aux Occidentaux, ils s’inquiètent de la politique soviétique en Europe orientale, de la création d’États de démocratie populaire dans les pays libérés par l’armée rouge. Il est juste de dire que Staline ne fait rien, bien au contraire, pour rassurer l’Occident. Le conflit entre la Yougoslavie et l’U. R. S. S. montre bien à quel point les méthodes autoritaires de Staline ne peuvent qu’alimenter l’antisoviétisme occidental. Staline prétendait qu’il lui suffisait de « lever le petit doigt pour écraser Tito » : il ne peut mettre à la raison la Yougoslavie socialiste.

Le Bureau d’information (le Kominform), créé en septembre 1947, a un rôle beaucoup moins important que le Komintern dans les années d’avant guerre. Néanmoins, la politique stalinienne stimule la tension internationale, même si l’Union soviétique ne cherche pas à faire une guerre qu’elle ne peut supporter.

On le constate lors de la crise de Berlin, commencée en juin 1948. Les Soviétiques estiment alors que les accords de Potsdam sont caducs du fait de leur rupture par les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France, qui ont organisé leur zone d’occupation en Allemagne indépendamment de l’U. R. S. S. À la suite de la décision prise par les Occidentaux d’effectuer une réforme monétaire et de l’introduction du deutsche Mark en Allemagne occidentale, les Soviétiques interrompent les relations entre Berlin et l’Allemagne occidentale ; les Américains ripostent en établissant un pont aérien, destiné à empêcher le blocus de Berlin. Les Soviétiques protestent, mais s’inclinent, le pont aérien et le blocus durent jusqu’en mai 1949.

En même temps, la République fédérale d’Allemagne est créée. Approuvée dès juin 1948, le pacte de l’Atlantique n’entre cependant effectivement en vigueur qu’en août 1949. À ces mesures occidentales répondent en 1949 la création de la République démocratique allemande et en 1955 la signature du pacte de Varsovie*, auquel adhèrent les États de démocratie populaire, à l’exception de la Yougoslavie.

En Asie, le triomphe de la révolution chinoise et la fondation de la République populaire de Chine* en 1949 modifient le rapport des forces. À l’époque de Staline, les rapports entre Soviétiques et Chinois sont plutôt bons : en décembre 1949, Mao Zedong (Mao Tsö-tong) se rend à Moscou à l’occasion des fêtes du 70e anniversaire de Staline et il signe le 14 février 1950 un traité d’assistance mutuelle entre la Chine et l’U. R. S. S. Les Soviétiques fournissent aux Chinois une aide économique importante.

C’est en Corée* que les événements les plus graves se produisent. Les accords de Moscou signés en décembre 1945 ont prévu par étapes une réunification du pays. En fait, la division de ce dernier s’accentue : au nord, la République démocratique populaire de Corée, présidée par Kim Il-sŏng, et, au sud, un autre État coréen violemment anticommuniste, dirigé par Li Seung-man (Syngman Rhee).

À la suite de sanglants incidents de frontière, la guerre de Corée commence en juin 1950 et, dès les premiers jours, le président américain Truman fait intervenir les troupes américaines pour éviter la défaite du régime de Li Seung-man. Des « volontaires » chinois interviennent à leur tour en novembre-décembre. Au début de 1951, quand le général MacArthur* menace de bombarder la Chine, on peut craindre le pire, c’est-à-dire une troisième guerre mondiale, mais MacArthur est destitué et, en avril 1951, des négociations d’armistice s’engagent entre les combattants.