Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

treillis (suite)

Treillis de Boole

C’est un treillis distributif et complémenté. Un treillis est distributif et complémenté, z = ∅ et u = E, si A ∈ , A′ = ∁E A, car A ∩ A′ = ∅ et A ∪ A′ = E ; est un treillis de Boole. On a : ∁ (A ∪ B) = ∁ A ∩ ∁ B, et la relation duale
∁ (A ∩ B) = ∁ A ∪ ∁ B.

De façon générale, (a ∧ b)′ = a′ ∨ b′ et (a ∨ b)′ = a′ ∧ b′.

Un treillis de Boole peut être structuré en anneau commutatif et idempotent avec élément unité.

En posant a + b = (a′ ∧ b′) ∨ (a ∧ b), on définit l’addition de l’anneau ; d’ailleurs, à l’aide de la distributivité, on a a + b = (a′ ∨ b) ∧ (a ∨ b′).

Cette addition est associative, car
(a + b) + c =
= (a ∧ b ∧ c) ∨ (a′ ∧ b′ ∧ c) ∨ (a′ ∧ b ∧ c′) ∨ (a ∧ b′ ∧ c′),

qui est symétrique en a, b et c, d’où (a + b) + c = a + (b + c). D’autre part, a + u = a et a + a = a′ ∨ a = u ; donc, l’élément universel u est neutre pour l’addition, et l’élément a est son propre opposé. D’où le groupe additif abélien.

En posant a · b = a ∨ b, on définit la multiplication. Elle est associative, commutative et idempotente ; elle admet z comme élément unité puisque a · z = a ∨ z = a. Elle est distributive par rapport à l’addition, car
(a + bc = (a′ ∨ b ∨ c) ∧ (a ∨ b′ ∨ c) = ac + bc.

Dans le treillis , les opérations définies ci-dessus sont la somme symétrique et l’union : A et B étant deux parties de l’ensemble E, la somme A + B est formée des éléments de l’ensemble E appartenant à la fois à A et à B, ou n’appartenant ni à A ni à B. On peut aussi choisir la différence symétrique et l’intersection :
A ∆ B = (A ∩ B′) ∪ (A′ ∩ B) et A ∩ B,
ou, dans un treillis quelconque, a + b = (a′ ∧ b) ∨ (a ∧ b′) et a · b = a ∧ b.

Inversement, tout anneau idempotent avec élément unité peut être structuré en treillis de Boole de manière que l’anneau de Boole associé par la construction ci-dessus coïncide avec l’anneau initial. En effet, tout anneau idempotent est commutatif et de caractéristique deux, c’est-à-dire que 2 a = 0, quel que soit l’élément a de l’anneau. D’autre part, on définit
a ∨ b = ab et a ∧ b = a + b + ab.
On obtient alors un treillis distributif à élément nul z = 1, élément unité de l’anneau, et à élément universel u = 0. Enfin, a′ = 1 + a.

L’étude des treillis — qui se poursuit, en particulier, par celle des treillis modulaires et des treillis géométriques — donne lieu à de nombreuses applications.

E. S.

➙ Anneau / Ensemble / Relation binaire.

 M. L. Dubreuil-Jacotin, L. Lesieur et R. Croisot, Leçons sur la théorie des treillis, des structures algébriques ordonnées et des treillis géométriques (Gauthier-Villars, 1953). / G. Szasz, Introduction to Lattice Theory (en hongrois, Budapest, 1959 ; trad. angl., New York, 1963). / P. Dubreuil et M. L. Dubreuil-Jacotin, Leçons d’algèbre moderne (Dunod, 1961). / D. E. Rutherford, Introduction to Lattice Theory (New York, 1965). / M. Barbut et B. Monjardet, Ordre et classification. Algèbre et combinatoire (Hachette, 1970 ; 2 vol.).

Trématodes

Classe de vers plats (Plathelminthes*), comprenant notamment des parasites internes de Vertébrés, comme les Douves (Fasciola, Dicrocœlium) et les Bilharzies (Schistosoma) ; leur cycle de développement passe par un, deux ou trois hôtes intermédiaires, parmi lesquels se trouve toujours un Mollusque.



Modalités du parasitisme

En forme d’ovale, blanchâtres, les Trématodes adultes mesurent en général entre 1 et 10 mm (la grande Douve du foie atteint cependant 3 cm de long). Les plus importants d’entre eux, les Distomiens, possèdent deux ventouses de fixation, l’une en avant autour de la bouche, l’autre ventrale ; unique orifice du tube digestif, la bouche mène à un court pharynx d’où partent deux longs cæcums aux multiples ramifications. Les Trématodes sont presque tous hermaphrodites et s’autofécondent ou effectuent un accouplement réciproque ; seules, les Bilharzies ont des sexes séparés ; la femelle, très fine, loge en permanence dans un sillon ventral du mâle.

Les diverses classes de Vertébrés hébergent des Trématodes, en général dans le tube digestif et ses dépendances, comme les voies biliaires, parfois dans les poumons, la vessie ou même les vaisseaux sanguins. Azygia vit dans l’estomac du Brochet et d’autres Poissons d’eau douce ; les Grenouilles peuvent héberger Gorgodera dans leur vessie, Halipegus sous leur langue, Opisthoglyphe dans leur intestin et d’autres genres dans leurs poumons, leurs reins et même leur canal rachidien. Dans l’intestin de plusieurs Oiseaux, on trouve Leucochloridium macrostomum. Aspidogaster est le seul Trématode adulte parasite d’un Invertébré, un Mollusque du genre Anodonte.

Chez les Moutons, et parfois chez d’autres herbivores, les Douves provoquent de graves affections ; la grande Douve (Fasciola hepatica) et la petite Douve (Dicrocœlium lanceolatum) habitent les canalicules biliaires, se nourrissent de sang et entraînent une dégénérescence redoutable du tissu hépatique ; vivant en milieu anaérobie, elles tirent leur énergie de la fermentation du glycogène.

Les Trématodes munis d’une seule ventouse (Monostomiens) vivent en parasites des Oiseaux, tandis que quelques genres qui se fixent sur la peau, les branchies ou les parois buccales des Poissons disposent de nombreuses ventouses, souvent armées de crochets (groupe des Polystomiens).

Trématodes parasites de l’Homme

Parmi les Trématodes, seuls sont parasites de l’Homme les Distomiens (porteurs de deux ventouses), qui comprennent d’une part des Douves, hermaphrodites, d’autre part les Bilharzies (Schistosomidés), à sexes séparés.