Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Tōkyō (suite)

L’activité industrielle de Tōkyō se distingue encore de celle du reste du pays par le rôle accru des grandes entreprises : si celles de 4 à 29 ouvriers forment ici 53,4 p. 100 du total (contre 40,4 p. 100 pour l’ensemble du pays), celles de plus de 30 personnes s’élèvent à 0,8 p. 100 (contre 0,6 p. 100), montrant ainsi la structure « dualiste » de cette activité fondée sur un grand nombre de petites entreprises travaillant sous contrat avec quelques très grandes. Il faut rattacher à l’industrie de la ville les établissements des préfectures voisines de Saitama et de Chiba ainsi que ceux de la région de Kanagawa (qui correspond à l’agglomération de Yokohama), vers lesquels un mouvement centrifuge accéléré déplace un nombre croissant d’usines. Dans la région de Saitama, continentale, il s’agit d’activités reposant davantage sur la main-d’œuvre que sur les matières pondéreuses en raison de la difficulté des transports lourds ; au bord de la mer, au contraire (Chiba et Kanagawa), de vastes « combinats » colonisent actuellement les rivages et se couvrent d’industries lourdes, surtout aciéries et installations pétrochimiques. Cette conquête des rives de la baie est déjà un phénomène ancien et achevé entre Tōkyō et Yokohama (sur le bord occidental de celle-ci), où elle a donné naissance à la « banlieue noire » de la capitale. Au nord et à l’est, la perspective de surfaces vierges a tenté une activité qui manque de plus en plus de place depuis la guerre ; l’assèchement et l’aménagement (eau douce, électricité, chenaux accessibles aux tankers et aux minéraliers) de ces surfaces marines se poursuivent, mais exigent de gros investissements. Aussi s’agit-il toujours de grandes entreprises qui possèdent également des établissements dans les autres métropoles du pays (baies d’Ōsaka et de Nagoya) et sur les rives de la mer Intérieure.

Dans les 23 arrondissements, les secteurs industriels se cantonnent surtout au nord, à l’est et au sud, le centre ne conservant que les sièges sociaux (à part l’édition) en raison du prix exorbitant du terrain et l’ouest demeurant résidentiel. Le nord (Toshima, Itabashi, Kita) fabrique de l’appareillage photographique : des 219 fabriques de Tokyo, 55 p. 100 se consacrent à l’élaboration des pièces et ont moins de 30 ouvriers, 6 grandes usines (plus de 1 000 ouvriers chacune) les assemblent et contrôlent 60 p. 100 du marché. L’est (Sumida, Kōtō, Arakawa et Taitō) produit des biens d’usage (gants, vêtements, cravates ; l’industrie du cuir se groupe ici) ; enfin, ces arrondissements fournissent 30 p. 100 des bicyclettes japonaises, en ateliers fabriquant les pièces détachées et contrôlés par les grossistes-exportateurs qui les financent ; 70 p. 100 des grossistes en bois d’œuvre se trouvent encore ici ainsi que la plupart des fabricants de meubles économiques. Le secteur méridional enfin (Ōta et Shinagawa) forme la liaison avec la région industrielle voisine et Kanagawa (Kawasaki, Yokohama), ensemble qui concentre 83 p. 100 de la production industrielle de la région métropolitaine. L’industrie automobile se localise ici (56 p. 100 des véhicules routiers du pays) en quelques grands établissements contrôlant un grand nombre de firmes sous-contractantes (Nissan, Isuzu, Mitsubishi ; Hino se trouvant plus à l’ouest). L’autre grande activité est l’appareillage électrique et ménager, dont Tōkyō fabrique la moitié de la production nationale. Toshiba, Sony Fuji, NEC sont les firmes majeures et commandent de même une foule de sous-traitants.


La fonction commerciale

Tōkyō est le plus grand centre commercial du pays. Le commerce de gros occupait 543 000 personnes en 1964, et le total de ses ventes s’élevait au tiers du chiffre d’affaires de tous les grossistes du Japon : il se localise dans les arrondissements du centre. La même année, Tōkyō avait 122 000 détaillants (dont 48 p. 100 en produits alimentaires) employant 475 000 personnes. Les petites boutiques demeurent la règle, drainant de 300 à 500 familles d’habitués. Elles se localisent autour des gares et le long de certaines rues spécialisées, munies souvent de galeries : 28 p. 100 de ces boutiques se trouvent dans les quartiers centraux. Les grands magasins ont un rôle essentiel dans la fonction de distribution des denrées. Ils se trouvent soit dans le centre (Ginza et Nihombashi), soit autour des grandes gares (Tōkyō, Shinjuku, Shibuya, Ikebukuro, Ueno) de la ligne de ceinture. Leur superficie totale est de 600 000 m2 de plancher. Ils drainent un nombre considérable de clients des préfectures voisines, venus périodiquement faire leurs achats à Tōkyō. Enfin, les supermarchés se multiplient. Apparus en 1953, ils étaient au nombre de 331 dix ans plus tard ; 80 p. 100 sont spécialisés dans les produits alimentaires.


Le port

Le port de Tōkyō n’est que l’un des cinq organismes qui assurent les échanges maritimes le long de la baie (Kawasaki, Yokohama, Chiba, Yokosuka). Il est situé au fond de celle-ci, et des travaux de drainage considérables demeurent nécessaires pour que les cargos puissent y accéder. 40 p. 100 des marchandises qui en sortent viennent de la ville, 40 p. 100 de la préfecture de Kanagawa et 20 p. 100 du nord de Tōkyō. Sa fonction tend à se réduire de port national à celle de porte d’entrée et de sortie de la seule capitale. Les denrées alimentaires y prennent une part croissante aux entrées tandis que les produits manufacturés figurent principalement aux sorties, matières premières et produits semi-élaborés se dirigeant plutôt vers les quais de Yokohama et de Chiba (pétrole, ferrailles, minerais, etc.). En 1966, un programme d’agrandissement a prévu le doublement de son extension actuelle pour 1975, année où le trafic atteindra 75 Mt. Des lignes de conteneurs reliant la ville à l’Amérique du Nord et à l’Europe y trouveront des installations adéquates. Cela permettra notamment d’éviter les frais considérables entraînés par le transport terrestre des produits fabriqués de l’agglomération jusqu’à Yokohama. Une nouvelle route, large de 100 m, fragment de la voie circulaire de la baie, traversera le port, de même qu’une nouvelle voie ferrée, segment de la ceinture extérieure dont une section a été ouverte en 1973 dans la grande banlieue ouest.