Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

téléphonie (suite)

• Dans la commutation temporelle, cette même jonction, bien que métallique, change en permanence pendant la conversation, en fait, à chaque impulsion codée significative de l’état électrique de la donnée transmise, c’est-à-dire tous les 125 microsecondes. Le réseau de connexion peut ainsi être utilisé de façon optimale. Le système permet aussi une intégration plus complète entre la fonction commutation et la fonction transmission.


La transmission

Son domaine d’application est celui des lignes permettant l’acheminement des informations d’un point à un autre. On distingue deux catégories d’utilisation :
— la ligne individuelle, qui est raccordée au poste téléphonique, au téléimprimeur ou au modem de transmission de données, et qui n’est utilisée que lorsque l’usager qu’elle dessert l’utilise ;
— le circuit, qui assure l’interconnexion des commutateurs entre eux et qui est utilisé pour acheminer séquentiellement les informations. Une analogie simple peut être faite, au plan de l’exploitation, avec le chemin privé et la route du domaine public. Le trafic exprimé en erlangs est évidemment beaucoup plus important dans le deuxième cas que dans le premier. On admet que le trafic moyen d’un abonné est de l’ordre de 0,08 erlang, et celui d’un circuit de 0,70 erlang (environ 9 fois plus).

Les lignes ont été d’abord aériennes, constituées de fil de cuivre nu reposant de point en point sur des isolateurs et utilisées pour les raccordements d’abonnés et les circuits. Actuellement, les lignes aériennes se présentent sous l’aspect de paires (deux fils associés) isolées ou de câbles multipaires autoportés. On les trouve encore pour la desserte des zones urbaines à faible densité et pour les circuits locaux. Mais, de plus en plus, le réseau de transport et de distribution tend à devenir souterrain ; seule la partie extrême des lignes, du point de concentration à l’entrée de poste, se présente généralement sous la forme aérienne. Les câbles utilisés dans les distributions urbaines sont constitués de nombreuses paires isolées. Le diamètre du fil de cuivre est de l’ordre de 0,4 à 1 mm, et la capacité des câbles peut aller jusqu’à 1 800 paires à l’intérieur d’une enveloppe de plomb.

Dans les liaisons à grande distance, les lignes aériennes en fil nu ont disparu depuis longtemps. Tout d’abord constituées de paires ou quartes chargées par des self-inductances, localisées à intervalles réguliers, les lignes à grande distance se présentent maintenant sous forme soit de câbles ou paires coaxiales, soit de faisceaux hertziens à ondes dirigées. La paire coaxiale est constituée d’un conducteur central en cuivre, dont le diamètre est de l’ordre du millimètre, et d’une enveloppe concentrique également en cuivre de l’ordre du demi-centimètre (paire 2,6/9,5 ou 1,2/4,4). Cette ligne peut acheminer simultanément de nombreuses conversations. Souvent, un câble dit « multicoaxial » regroupe plusieurs tubes coaxiaux, jusqu’à 12. Le faisceau hertzien est un ensemble d’émetteurs-récepteurs d’ondes électromagnétiques de courte longueur (quelques centimètres), concentrées à l’aide de dispositifs rayonnants appropriés. L’onde est porteuse des informations. Les procédés de transmission par faisceaux hertziens sont mis en œuvre soit dans les liaisons terriennes, soit dans les liaisons par satellites.

Les équipements des lignes de transmission comprennent :
— les répéteurs amplificateurs, qui compensent l’affaiblissement naturel de la transmission, qu’elle soit assurée par une ligne métallique ou radioélectrique ;
— les différents dispositifs correcteurs de distorsions qui dénaturent la nature du signal ;
— les dispositifs générateurs des signaux multiplex, un multiplex étant un regroupement électrique de nombreuses voies téléphoniques (de largeur 4 000 Hz), que l’on place soit dans le spectre de fréquence pour les transmettre simultanément, soit dans l’échelle des temps pour les transmettre séquentiellement.

Parmi les moyens de transmission figurent également le guide d’onde circulaire et la fibre optique. Le premier utilise des ondes électromagnétiques de quelques millimètres de longueur ; la deuxième travaille dans le domaine des ondes lumineuses (ondes cohérentes des lasers). Ces procédés nouveaux devraient permettre d’atteindre des capacités de transmission de plusieurs dizaines de milliers à plusieurs millions de voies téléphoniques équivalentes. En fait, les signaux transmis ne se présentent plus sous la forme analogique originelle, mais sous une forme codée binaire (système M. I. C.).


L’organisation d’un réseau

L’ensemble des lignes de transmission et des centraux de commutation constitue un réseau. Pour permettre l’identification de chaque abonné, il a fallu d’une part construire un plan de numérotation, d’autre part normaliser les signaux de signalisation, correspondant non pas aux ordres émis sous forme codée par les abonnés, mais au langage utilisé par les autocommutateurs lorsqu’ils dialoguent entre eux.

Les plans de numérotation correspondent à deux modes :
— le mode à numérotation ouverte, qui conduit à ajouter un étage de sélection supplémentaire lorsque l’on passe d’une classe de nombres (centaine, millier) à la classe supérieure ;
— le mode à numérotation fermée, recommandé par le Comité consultatif international télégraphique et téléphonique (CCITT) et qui conduit à prévoir à l’avance le cadre de fonctionnement pour une classe de nombres déterminée (généralement de niveau élevé).

En France, la numérotation est à 7 chiffres dans la région parisienne et à 6 chiffres en province. D’autre part, il faut identifier la zone locale dans l’environnement extérieur à cette zone avec un code d’accès à deux chiffres (15 ou 16). Enfin, il faut identifier la région par l’émission du chiffre 1 pour Paris et d’un nombre à 2 chiffres pour la province. Au total, 10 chiffres sont nécessaires et, à la fin du xxe s., ce nombre sera insuffisant, ce qui entraînera des travaux importants. Aussi, dès à présent, les mémoires des organes centraux des autocommutateurs sont-elles prévues pour enregistrer jusqu’à quatorze et seize chiffres. Enfin, dans le cas de liaisons internationales automatiques, le code d’accès 16 ou 15 est remplacé par le 19, et le numéro régional par le numéro du pays suivi du numéro national de l’abonné (lui-même parfois composé d’un indicatif régional en plus du numéro local de cet abonné). C’est ainsi que, pour obtenir l’abonné 41.217 à Linz en Allemagne, à partir de la région parisienne, on numérotera en deux temps : 19-43.7222.41.217, soit treize chiffres.