Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Australie-Occidentale (suite)

Le charbon de Collie (1 Mt) et la bauxite de Jarrahdale sont activement exploités par suite de leur proximité du port industriel de Fremantle (Perth). Le pétrole commence à être extrait du gisement de Barrow Island. Dans le Nord (Kimberley), d’importants dépôts de bauxite ont été découverts. En dehors de quelques usines installées dans de petits centres comme Bunbury ou Albany, les industries de transformation sont concentrées pour plus des trois quarts dans l’agglomération de Perth.

Les moyens de transport ont une longueur démesurée par rapport à la population. Il y a 28 000 km de routes goudronnées et 100 000 km de routes non revêtues ouvertes au trafic général. Les 6 900 km de voies ferrées (dont une grande partie à faible écartement) jouent un rôle essentiel pour le transport des minerais et de certains produits agricoles (blé). Le trafic entre Perth et le nord de l’État se fait essentiellement par avion pour les voyageurs et par cabotage pour les marchandises.

A. H. de L.

➙ Perth.

autobiographie

Vie d’une personne écrite par elle-même.


Si, comme l’affirment de nombreux critiques, la forme fondamentale de la narration est la troisième personne, il faut considérer que l’utilisation du récit autobiographique est une conquête au même titre que la conscience de soi qui le sous-tend. « Écrire ma vie... [pour] rendre compte des mouvements intérieurs de l’âme », tel est le projet que formule Stendhal au début de la Vie de Henri Brulard, tel est aussi le programme de toute autobiographie, qu’elle soit réelle ou romancée.


Des notes à l’œuvre

La forme idéale de l’autobiographie, c’est apparemment le journal intime, rédaction privée au jour le jour d’un homme pour lequel le monde extérieur et ses diverses matérialisations n’existent que pour permettre à l’intimiste de s’ouvrir à la vie : c’est lui-même qu’il traque et épie au long de ses réflexions, éparpillées, sans lien logique que la simple chronologie de la vie quotidienne. Dès lors, la barrière est dressée entre le journal et les autres genres littéraires où l’auteur ne craint pas de parler à la première personne.

Rédaction non destinée à la publication, le journal intime se distingue radicalement des Mémoires (Saint-Simon, Casanova, Chateaubriand) et des confessions (saint Augustin, Rousseau), qui sont destinés à un public avec l’intention de saisir rétrospectivement les faits saillants d’une carrière pour en montrer le côté exemplaire. Ce n’est pas tant son moi que recherche le mémorialiste qu’une valeur morale, littéraire ou politique : la personne s’efface derrière la personnalité. Outre cet aspect, l’intimiste se sépare du mémorialiste dans le domaine même de la création littéraire ; il ignore un élément essentiel de l’art : l’imagination qui trie, organise, éclaire et condense les faits essentiels laisse dans l’ombre l’anecdote. Ébauche plus que construction logique, fragmentée comme la vie, l’entreprise de l’intimiste ne va jamais à son terme ; le mémorialiste au contraire dirige tous ses souvenirs vers un même but : la glorification de lui-même. Ainsi s’opposent deux formes d’autobiographie : l’une ouverte sur le monde et glorieuse, l’autre repliée sur elle-même et souffrante.

Entre ces deux genres autobiographiques se glisse la correspondance. Datée comme le journal, elle s’en rapproche également par le choix de certains sujets qui pourraient être les fragments d’un intimiste. Mais la lettre se sépare du journal sur deux points précis. D’une part, destinée à un lecteur privilégié, elle tient compte de cette présence idéale qu’ignore résolument l’auteur du journal : de ce fait, là où le journal note un fait cursivement, la lettre détaille, explique pour faire comprendre à son interlocuteur. D’autre part, si la nature du journal n’est fonction que de son auteur, celle de la lettre varie selon le correspondant ; le premier est l’aveu d’une solitude, alors que la seconde est la rupture de ce même isolement à la poursuite d’un dialogue lointain. Dans les deux cas le degré de sincérité n’est pas le même.

Journal intime, Mémoires et correspondance constituent trois formes d’épanchement du moi, identiques dans les dispositions initiales, mais différentes dans leur réalisation, qui manifeste tantôt le doute, tantôt l’assurance, parfois les deux. Tout différent est le roman personnel, genre bien défini qui s’oppose aux trois autres comme la fiction à la réalité. Empruntant aux uns et aux autres, son originalité première lui vient probablement de son auteur : en effet, le roman autobiographique est toujours l’œuvre exceptionnelle d’un homme pour lequel le roman n’est pas la forme habituelle d’expression. René, Corinne, Adolphe, Volupté ou Dominique tranchent et font tache dans la production de leurs auteurs. Construit comme une œuvre, destiné à être donné au public, le roman personnel appartient bien au genre romanesque : au lieu de décrire une vie entière, il saisit un moment, une crise qui est portée à son paroxysme. Mais il s’oppose aux autres romans en ce qu’il néglige tout environnement extérieur et ne confère pas de vie propre aux rares personnages qui entourent le héros.


Autobiographie et personne

Toutes ces formes de narration personnelle posent une question essentielle : leurs auteurs ont-ils donné d’eux-mêmes une représentation fidèle ? Ou, plus exactement, que recherchent-ils en se penchant sur et en eux-mêmes ? Répondre à cette question, c’est en fait retracer les grandes étapes suivies par la notion de personne au cours des siècles.

Avec la Renaissance et les premières manifestations authentiques de la personnalité, le nom de Montaigne vient aussitôt à l’esprit. Toutefois, le but de l’auteur est double. Il peut bien affirmer qu’il « s’estudie plus qu’autre subject », ce qui compte en réalité pour lui, c’est, par-delà son expérience, de retrouver la « forme entière de l’humaine condition ». D’où sa philosophie, qui propose une personne active (« à chacun sa conduite ») et consciente, ignorant la détresse et la passivité.