Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Australie (suite)

Devant une opposition importante, l’équipe au pouvoir met sur pied un programme économique sévère qui maîtrise inflation et récession, et, à partir de 1963, assure l’essor du pays, encore que l’Australie fasse appel aux capitaux étrangers ; le nombre des emplois ne cesse de s’accroître, le chômage devient nul ; il est vrai que, en 1967, 700 000 étrangers vivent et travaillent en Australie.

Quand Menzies, trop âgé, démissionne (janv. 1966), le parti libéral désigne Harold Holt pour lui succéder. Mais, en décembre 1967, Holt disparaît en mer ; il est remplacé, en janvier 1968, par John Grey Gorton, puis, en mars 1971, par William McMahon. La coalition se maintient donc au pouvoir : cependant, les élections de décembre 1972 voient le succès du parti travailliste (67 sièges contre 58 aux autres partis) dont le leader, Edward Gough Whitlam, devient chef du gouvernement. Il est toutefois contraint de démissionner en 1975. Les élections de décembre amènent alors la victoire de l’ancienne coalition, et Malcolm Frazer devient Premier ministre.

En 1966, un autre parti se fonde, le parti libéral réformiste, qui se dissocie de la politique étrangère du gouvernement fédéral. Car, tout en maintenant des liens spéciaux avec la Couronne britannique — toujours représentée par un gouverneur général —, l’Australie s’est tournée délibérément vers le marché japonais, et appuie totalement l’action des États-Unis dans le Sud-Est asiatique.

Membre, depuis 1950, du groupe de Colombo, l’Australie fait aussi partie de l’A. N. Z. U. S. et de l’O. T. A. S. E. En 1956 puis en 1967, l’Australie signe avec Washington un traité de coopération mutuelle dans le domaine de l’énergie atomique. En 1964, le gouvernement fédéral institue le service militaire obligatoire pour deux ans ; dès 1963, il soutient militairement la fédération de Malaysia et Singapour, et se montre disposé à aider l’Inde contre la Chine. Surtout, l’Australie a apporté son soutien militaire à l’action des États-Unis au Viêt-nam. Cette politique provoqua la formation de groupes politiques hostiles à l’intervention militaire de l’Australie dans l’Asie du Sud-Est.

Modifiant sa politique asiatique, le gouvernement conclut un accord économique avec la Chine populaire en 1969-70. En 1971, le gouvernement de E. G. Whitlam met fin à l’engagement australien au Viêt-nam.

P. P.

Australie-Méridionale

En angl. South Australia, État d’Australie ; 984 377 km2 ; 1 211 000 hab. Capit. Adélaïde*.


Plus vaste que la France et les Allemagnes réunies, l’Australie-Méridionale est peu peuplée : sa densité dépasse à peine 1 habitant au kilomètre carré, valeur moyenne qui n’a pas une grande signification. En effet, environ les deux tiers de la population sont concentrés dans la seule agglomération d’Adélaïde. Deux autres villes seulement atteignent 20 000 habitants, Whyalla et Mount Gambier. Une grande partie du pays est à peu près déserte.

Les premiers colons se sont installés seulement vers 1836 sous l’égide de la South Australian Association de Wakefield. L’afflux des immigrants a toujours été modéré et ne s’est accéléré que depuis 1945. Plus que la natalité assez faible, cet afflux récent explique la croissance élevée de la population (2,1 p. 100 par an). Les aborigènes n’ont jamais été nombreux ; il n’en reste que 3 000, surtout dans les réserves du nord de l’État.

Les possibilités agricoles sont limitées par la sécheresse, qui règne sur une grande partie de son territoire ; les précipitations, trop irrégulières, ne permettent qu’un élevage extensif des ovins pour la laine, et le Nord-Ouest peut même être considéré comme de climat désertique.

La culture n’est possible que dans les zones qui jouissent d’un climat de type méditerranéen, en particulier dans les péninsules d’Eyre et de Yorke, ainsi que dans la région d’Adélaïde. Les céréales couvrent la majeure partie des terres labourées, mais les rendements ne sont pas très élevés, et la récolte de blé ne représente que 14 p. 100 de celle de l’Australie (c’est-à-dire qu’elle est inférieure à 2 Mt). Les exploitants ont tendance à diversifier leurs activités et à pratiquer le mixed farming, c’est-à-dire à ajouter au blé un élevage des moutons rendu plus intensif par l’amélioration des pâturages. Dans les monts Lofty, les précipitations sont insuffisantes pour permettre l’élevage des vaches laitières et les cultures fruitières. La vallée de Barossa possède un beau vignoble créé au xixe s. par des paysans originaires d’Allemagne. Le long du Murray, en particulier dans le district de Renmark, 50 000 ha ont été mis en irrigation ; de petites exploitations pratiquent une culture intensive des arbres fruitiers (poiriers, pêchers) et surtout des agrumes, et possèdent des vignobles qui permettent la production de raisins secs et de vins. À l’extrémité sud de l’État, la région de Mount Gambier a quelques vignes, des fermes d’élevage et de grandes forêts de pins de reboisement. Les ressources de la mer sont assez mal exploitées ; toutefois, Port Lincoln reçoit 70 p. 100 des thons pêchés par des bateaux australiens.

Les gisements d’Iron Knob et d’Iron Monarch, dans le nord de la péninsule d’Eyre, fournissent un minerai de fer de haute teneur (65 p. 100), qui constitue une matière première essentielle pour la sidérurgie de la côte pacifique (Newcastle et Port Kembla). Grâce au charbon à coke importé de Nouvelle-Galles du Sud, une partie du minerai est travaillé sur place dans les hauts fourneaux de Whyalla, et l’acier produit est utilisé dans des chantiers de construction navale qui sont les plus importants d’Australie. Le charbon de Leigh Creek (2 Mt par an) est de qualité médiocre : il est brûlé dans la grande centrale thermique de Port Augusta. Un gisement de gaz naturel a été découvert dans le nord de l’État, à Gidgealpa, et un gazoduc de 770 km approvisionne Adélaïde. Il existe également des gisements d’uranium, et, sur la côte, de vastes salines fournissent 80 p. 100 du sel australien. De plus, c’est par Port Pirie que sont exportés la plupart des métaux non ferreux produits par le gisement de Broken Hill, situé en Nouvelle-Galles du Sud ; une grande fonderie de plomb a été installée à Port Pirie.