Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Suède (suite)

Le retrait des glaciers a fait monter le niveau des mers à la suite de la fusion des glaces, provoquant des transgressions marines sur les basses terres suédoises, mais, en même temps, par suite du phénomène de l’isostasie, le substratum fennoscandinave, déchargé du poids des glaces, se releva, provoquant l’exhaussement des littoraux. Dans la période postglaciaire, transgression et régression se sont succédé dans la moitié méridionale de la Suède. Ainsi, la Baltique, au cours de phases alternativement lacustres et marines (mer à Yoldia, lac à Ancylus, mer à Littorina), a recouvert plus ou moins la zone de basses terres qui relient Göteborg à Stockholm et les plaines littorales du Norrbotten d’épaisses couches de marnes argileuses favorables à l’agriculture. Depuis quelques millénaires, le soulèvement se poursuit seul. Encore fort dans le Nord (1 m par siècle en moyenne au Västerbotten), il est de 40 cm à Stockholm, de 20 cm à Göteborg et a pratiquement cessé en Scanie. Les archipels autour de Göteborg et de Stockholm sont des formes transitionnelles liées au soulèvement ; le bas plateau ondulé du Blekinge, au sud-est, est aussi la fin d’un archipel ; il en est de même de l’Ǻngermanland, dont les collines formaient un skärgård au xive s.


Les grands traits du relief

• Le Nord-Ouest montagneux correspond à la vieille chaîne calédonienne des Scandes (portant le nom de monts Kölen [Kjølen, en Norvège] au centre), large au maximum de 140 km, mais dont la Suède ne possède que le versant oriental, où alternent schistes, gneiss, granités, amphibolites et péridotites. On y rencontre d’assez hauts sommets ; au nord culminent le Sarektjåkko (2 090 m) et le Kebnekaise (2 135 m), le point culminant du pays. La topographie la plus courante est celle de hauts plateaux dénudés, portant le nom de fjälls, compartimentés par des vallées parallèles, modelées par les glaces, où s’allongent encore des lacs glaciaires (Torne träsk, Lulevatten, Hornavan, Storuman, etc.), qui constituent d’importantes réserves d’eau, des sites touristiques estivaux, des zones protégées où se conservent la faune et la flore.

• Le Norrland et la Dalécarlie forment une série de plaines et de plateaux étages plus ou moins accidentés, s’élevant progressivement du golfe de Botnie (basses plaines côtières argileuses sortant de la mer du Norrbotten et du Västerbotten) aux contreforts des monts Kölen (vastes plateaux du Lappland au nord-ouest entre 500 et 200 m, piémont accidenté et calcaire du Jämtland avec le lac Storsjön au sud-ouest vers 500 m). Les sillons parallèles des vallées profondes interrompent souvent la monotonie du paysage des plaines à monadnocks (reliefs résiduels). Les fleuves, appelés älv (Klar, Dal, Indals, Ångerman, Ume, Skellefte, Pite, Lule, Kalix, Torne, etc.), ont un débit abondant, mais un cours coupé de nombreux rapides. Servant au transport du bois, ils sont de plus en plus utilisés pour la production d’énergie hydro-électrique. Vers le sud, la Dalécarlie, avec le lac Siljan, fait transition entre le piémont montagneux et les plaines de la Suède centrale. La côte sur la Baltique est bordée par le Skärgård ; c’est une zone de détroits, de baies (vik), d’estuaires (fjärd), de petites îles et d’écueils.

• Le Svealand et la région des grands lacs forment de la Baltique au Skagerrak, sur l’axe Stockholm-Göteborg par Örebro, une série de plaines (moins de 100 m) recouvertes en partie de dépôts argileux par où s’étalèrent et s’écoulèrent les mers et les lacs postglaciaires. Les grands lacs (Vänern, Vättern, Hjälmaren, Mälaren) occupent des fossés tectoniques anciens (paléozoïques), dont les failles ont rejoué jusqu’à l’époque actuelle. Les couches sédimentaires cambro-siluriennes, comblant les grabens et dégagées par l’érosion, sont parfois recouvertes d’une chappe de dolérite (roche volcanique) qui forme de petits plateaux du type mesa, comme au sud du lac Vättern.

• Le Småland, vers le sud, comprend dans sa partie septentrionale un plateau archéen affecté de nombreux accidents tectoniques et parsemé de lacs, de marécages et de tourbières. Le Tomtabacken (377 m) et le Taberg (342 m) en sont les points culminants. Le substratum est formé de gneiss à l’ouest et de granité à l’est, arasé par la vieille pénéplaine de l’Urberg et recouvert par un mince manteau de dépôts morainiques. La côte du Bohuslän est frangée d’un archipel (Skärgård). Plus au sud, le Småland, est un pays de plaines qui s’étire du Halland, à l’ouest, sur le Skagerrak, au pays ondulé du Blekinge, à l’est, où la pénéplaine subcambrienne plonge doucement sous la Baltique.

• La Scanie (Skåne), à l’extrême sud, est un bas pays débité par des failles courant du nord-ouest au sud-est en trois larges blocs. Au nord-est, des roches cristallines archéennes continuent la plaine du Småland. Au centre, les schistes siluriens sont recouverts par d’épais dépôts mésozoïques du Trias supérieur (avec bancs de lignites), qui donnent au nord-ouest un paysage de cuestas. Le bloc sud-ouest, face à l’Øresund, est formé de calcaires crétacés qui se poursuivent au Danemark.

• Les îles Öland et Gotland, peu élevées, formées de terrains cambro-siluriens où dominent marnes et calcaires, montrent des cuestas sur leurs faces ouest.


Le climat et la végétation

Abrité des influences atlantiques par les montagnes scandinaves, la Suède connaît un climat continental et rude, avec une pluviosité atténuée, un contraste net entre l’hiver et l’été, marqué par des extrêmes de températures plus accentués. C’est un climat froid de type polaire avec de longues nuits hivernales qui règne dans le Nord, où la température moyenne annuelle n’est que de – 3 °C. En Laponie intérieure, à Karesuando, la moyenne de janvier est de – 13,8 °C (13 °C en juillet) avec des nuits très courtes. La saison végétative, c’est-à-dire celle où la moyenne des températures journalières est supérieure à 3 °C, dure 4 mois ; la couverture neigeuse va de la mi-octobre à la mi-mai. Les précipitations, réparties sur 165 jours par an, sont faibles : 325 mm d’eau. À Haparanda, au fond du golfe de Botnie, le climat est moins sévère, avec une moyenne de température de – 10,3 °C en janvier et de 15,5 °C en juillet. Les précipitations sont plus élevées (532 mm d’eau par an), et la saison végétative dure 6 mois.