Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Spongiaires (suite)

Régénération et multiplication asexuée

La notion d’individu reste assez floue chez beaucoup d’Éponges. Deux éponges de même espèce, croissant côte à côte, peuvent fort bien fusionner en une masse unique. On a même observé de véritables chimères, formées par l’imbrication de deux espèces différentes.

Les facultés de régénération sont souvent bien développées, et l’on peut sectionner certaines formes et obtenir autant d’individus ; on a cherché à utiliser cette possibilité de bouturage pour entreprendre une véritable spongiculture des espèces commerciales, mais un tel procédé s’est rarement révélé rentable. On a, par ailleurs, pu dissocier complètement les tissus d’une Éponge en la broyant et en la passant à travers un tamis, et constater la reconstitution d’individus normaux.

Quelques espèces réalisent une multiplication asexuée caractéristique. Ainsi Tethya forme-t-elle de petits bourgeons sur les spicules rayonnants qui émergent de sa masse sphérique ; constitués de cellules indifférenciées (archéocytes), ces bourgeons s’isolent et, après fixation, s’organisent en nouveaux individus. L’Éponge d’eau douce Spongilla lacustris émet en automne des gemmules, groupant des archéocytes enclos dans une capsule de petits spicules ; la dégénérescence hivernale des tissus de l’Éponge libère les gemmules, qui tombent au fond et redonnent au printemps de nouveaux individus.


De curieuses associations

Plusieurs Spongiaires se fixent sur les coquilles de Mollusques, comme Ficulina ficus et Suberites domuncula, qu’on trouve fréquemment sur les Pagures ; Suberites englobe complètement la coquille-abri du Crustacé et grandit en même temps que lui. Clione creuse des galeries dans les calcaires, qu’elle contribue à miner ; elle s’installe également sur les coquilles, qu’elle perfore, et elle cause des dégâts redoutables sur les Huîtres (maladie du « pain d’épice »).

L’Euplectelle du Pacifique peut abriter un couple permanent de Crevettes du genre Pontonia ; au Japon, on offre cet ensemble en cadeau de mariage, comme signe de fidélité. Hyalonema est fréquemment associée à un Cnidaire (Palythos) fixé sur son pédoncule.


Spongiaires fossiles

Des spicules trouvés dans des gisements précambriens témoignent de l’ancienneté de l’embranchement, qui était, à cette époque, représenté par des formes plus simples que les formes actuelles.

Le Cambrien voit vivre les Archéocyathes, qu’on rapproche des Éponges calcaires et qui ont formé de véritables récifs. Les Hexactinellides et les Démosponges apparaissent aussi au Cambrien ; les premiers vivaient dans la zone néritique, alors qu’ils sont maintenant confinés dans les eaux profondes. Les Éponges calcaires apparaissent plus tardivement ; l’important groupe des Pharétrones se rencontre au Primaire, mais n’est vraiment abondant qu’au Secondaire, puis il s’éteint.

M. D.

spore

Production unicellulaire, fréquente surtout chez les Cryptogames vasculaires, servant à la multiplication végétative de l’espèce, ce qui n’en exclut pas d’ailleurs la reproduction sexuée.



Végétaux inférieurs

Dans le groupe des Bactéries*, maintenant séparé le plus souvent des végétaux, le type de multiplication par spores constitue la méthode habituelle d’extension ou de préservation de l’espèce.

Les Cyanophycées, outre d’autres modes de divisions, peuvent former des spores capables de résister à la dessiccation et d’assurer également la dissémination. Leur membrane se dédouble, et la couche externe devient imperméable en se cutinisant et est pourvue d’ornementations variées ; leur cytoplasme s’épaissit, se charge de réserves et, en contrepartie, s’appauvrit en pigments. Quand ces grosses cellules se trouvent placées dans de bonnes conditions, elles « germent » par éclatement ou gélification de la membrane. La formation des spores varie suivant les espèces : parfois ces spores sont uniques, parfois plusieurs spores se constituent à l’intérieur d’une même cellule originelle par divisions successives (on parle alors d’endospores ou d’endogonies).

Chez les Chlorococcales et Chamæsiphonales, c’est tout l’individu qui participe à la formation de nombreuses nanocytes, qui sont beaucoup moins résistantes.


Algues

Chez les Algues, la sporulation est un phénomène fréquent, qui s’ajoute à la sexualité. Comme les Champignons, les Algues forment leurs spores dans des cellules spécialisées, dont tout le cytoplasme est utilisé à cette fin. Ces sporocystes proviennent d’une cellule mère uninucléée dont le noyau, puis le cytoplasme se divisent ; ainsi se constituent un certain nombre de spores entourées de la paroi (fortement glucidique) de la cellule mère.

Chez de nombreuses espèces, les spores sont indispensables à la réalisation du cycle de développement ; chez Ulva lactuca, Algue verte commune sur nos côtes (lames vertes ondulées pouvant atteindre 300 cm), une génération porteuse de gamètes alterne obligatoirement avec une génération productrice de zoospores flagellées, qui se fixent pour donner un gamétophyte.

Dans d’autres cas (Antithamnion plumala, Algue rouge), sur le pied femelle, après fusion de deux gamètes, un carposporophyte se développe, constitué essentiellement d’un carposporocyste à l’intérieur duquel se développent des carpospores capables de donner naissance à une Algue morphologiquement semblable aux gamétophytes ; mais ceux-ci portent des sporocystes contenant quatre spores (tétraspores), et ces dernières seront à l’origine de gamétophytes ; trois générations se succèdent donc pour fermer le cycle de développement de la plante ; deux d’entre elles sont issues de spores.

On voit que, chez ces espèces, l’alternance de la sexualité et de la sporulation est la règle. Mais, d’un groupe à l’autre, la méiose ne se trouve pas toujours placée au même endroit du cycle ; il peut y avoir réduction chromatique immédiatement après la formation du zygote ou juste avant celle des gamètes, ou en un autre point du cycle ; cela implique donc la possibilité d’existence de spores haploïdes (n chromosomes), ou diploïdes (2 n chromosomes). Chez Ulva lactuca, les spores sont haploïdes ; chez Antithamnion, les deux types sont diploïdes. Dans d’autres groupes, les phénomènes sexuels et la sporulation peuvent coexister sans être aussi dépendants l’un de l’autre (Chlamydomonas).

Le zygote assure ici l’existence de formes de résistance capables de subsister dans des conditions médiocres.

En outre, beaucoup d’Algues présentent des régressions de la sexualité qui laissent une place primordiale à la sporulation, bien que la multiplication végétative par fractionnement joue aussi un rôle important dans la conservation de ces espèces.