Spongiaires (suite)
Régénération et multiplication asexuée
La notion d’individu reste assez floue chez beaucoup d’Éponges. Deux éponges de même espèce, croissant côte à côte, peuvent fort bien fusionner en une masse unique. On a même observé de véritables chimères, formées par l’imbrication de deux espèces différentes.
Les facultés de régénération sont souvent bien développées, et l’on peut sectionner certaines formes et obtenir autant d’individus ; on a cherché à utiliser cette possibilité de bouturage pour entreprendre une véritable spongiculture des espèces commerciales, mais un tel procédé s’est rarement révélé rentable. On a, par ailleurs, pu dissocier complètement les tissus d’une Éponge en la broyant et en la passant à travers un tamis, et constater la reconstitution d’individus normaux.
Quelques espèces réalisent une multiplication asexuée caractéristique. Ainsi Tethya forme-t-elle de petits bourgeons sur les spicules rayonnants qui émergent de sa masse sphérique ; constitués de cellules indifférenciées (archéocytes), ces bourgeons s’isolent et, après fixation, s’organisent en nouveaux individus. L’Éponge d’eau douce Spongilla lacustris émet en automne des gemmules, groupant des archéocytes enclos dans une capsule de petits spicules ; la dégénérescence hivernale des tissus de l’Éponge libère les gemmules, qui tombent au fond et redonnent au printemps de nouveaux individus.
De curieuses associations
Plusieurs Spongiaires se fixent sur les coquilles de Mollusques, comme Ficulina ficus et Suberites domuncula, qu’on trouve fréquemment sur les Pagures ; Suberites englobe complètement la coquille-abri du Crustacé et grandit en même temps que lui. Clione creuse des galeries dans les calcaires, qu’elle contribue à miner ; elle s’installe également sur les coquilles, qu’elle perfore, et elle cause des dégâts redoutables sur les Huîtres (maladie du « pain d’épice »).
L’Euplectelle du Pacifique peut abriter un couple permanent de Crevettes du genre Pontonia ; au Japon, on offre cet ensemble en cadeau de mariage, comme signe de fidélité. Hyalonema est fréquemment associée à un Cnidaire (Palythos) fixé sur son pédoncule.
Spongiaires fossiles
Des spicules trouvés dans des gisements précambriens témoignent de l’ancienneté de l’embranchement, qui était, à cette époque, représenté par des formes plus simples que les formes actuelles.
Le Cambrien voit vivre les Archéocyathes, qu’on rapproche des Éponges calcaires et qui ont formé de véritables récifs. Les Hexactinellides et les Démosponges apparaissent aussi au Cambrien ; les premiers vivaient dans la zone néritique, alors qu’ils sont maintenant confinés dans les eaux profondes. Les Éponges calcaires apparaissent plus tardivement ; l’important groupe des Pharétrones se rencontre au Primaire, mais n’est vraiment abondant qu’au Secondaire, puis il s’éteint.
M. D.