Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Solon (suite)

Son année de charge fut marquée par la mise en place d’un corps de législation, dont les éléments étaient encore admirés au cours du ive s. av. J.-C., ainsi que par la définition d’un nouveau système pondéral et monétaire. Les deux mesures les plus importantes qu’il prit furent la division du groupe des citoyens en catégories fondées sur la fortune et l’abolition des dettes.

Les citoyens, jusqu’alors, se différenciaient par leur naissance, les nobles (eupatrides) possédant l’exclusivité des charges publiques. Désormais, les citoyens se répartiraient en quatre classes, définies selon des critères économiques : au bas de l’échelon, les thètes, dont les revenus étaient nuls ou négligeables et qui n’avaient aucune obligation militaire ; au-dessus, les zeugites, qui possédaient un attelage d’animaux de trait et qui, pouvant faire les frais d’un équipement d’hoplite, devaient servir dans l’infanterie lourde en cas de guerre ; puis les hippeis (cavaliers), qui avaient la charge d’entretenir un cheval de guerre, l’élite des cavaliers étant constituée par les pentacosiomédimnes, qui, comme leur nom l’indique, pouvaient récolter sur leurs terres plus de 500 mesures de céréales (ce n’est que peu à peu que les évaluations en mesures de froment cédèrent la place à celles qui tiennent compte des biens mobiliers). La réforme était capitale, non tant dans l’immédiat, car il est bien évident qu’au début du vie s. av. J.-C. les plus riches étaient bien souvent (sinon toujours) les plus nobles, mais surtout pour l’avenir, car un principe nouveau d’égalité s’introduisait dans la cité, chacun pouvant espérer s’enrichir plus facilement qu’il ne changerait les conditions de sa naissance.

Les institutions se modelèrent sur cette nouvelle organisation. Seuls les riches (pentacosiomédimnes, hippeis) pouvaient accéder aux magistratures électives et à l’Aréopage, où siégeaient les anciens archontes et dont le pouvoir fut précisé : Solon définit la capacité juridique de l’Aréopage en lui donnant la responsabilité de juger les crimes de sang, en faisant de lui l’arbitre en matière de droit constitutionnel. Les thètes avaient, eux, le pouvoir de siéger à l’assemblée du peuple (boulê), qui élisait les magistrats, mais surtout, désormais, ils possédaient, avec la création de l’Héliée, tribunal populaire siégeant au civil, le droit d’intervenir en tant que jurés ou accusateurs dans les affaires judiciaires, que les eupatrides avaient jusqu’alors traitées comme à leur guise : chacun des citoyens pouvait saisir le tribunal chaque fois qu’il l’estimait nécessaire pour lui-même, pour la défense d’une loi, s’il jugeait que l’attitude de qui que ce soit (même celle d’un magistrat) la violait.

Sur le plan social, l’essentiel de son action fut la seisakhtheia (la « levée du fardeau »), par laquelle il abolit les dettes de tous ceux qui, s’étant laissé aller par nécessité à hypothéquer leurs terres, étaient devenus des hectémores (sizeniers) obligés de verser à leurs créanciers une partie de leurs récoltes ou même des esclaves de traite que l’on pouvait vendre jusqu’à l’étranger. Par l’institution d’une sorte d’Habeas corpus fut mis fin désormais à la contrainte par corps ; nul Athénien ne put être l’esclave d’un de ses concitoyens. La réforme établit ainsi l’égalité complète entre tous les habitants de l’Attique, situation qui, si l’on en juge par ce qui se passait alors à Lacédémone ou en Thessalie, ne manquait pas d’originalité.

L’œuvre de Solon fut, néanmoins, incomplète, la liberté individuelle qu’il accorda ne s’accompagnant pas d’une véritable indépendance économique. Si tant est que les hectémores purent récupérer, après l’avoir perdue, leur tenure, il est évident qu’ils se trouvèrent devant un terroir profondément transformé : beaucoup de terres étaient devenues des olivettes, auxquelles une loi dut interdire que l’on touche, preuve que les petits exploitants auraient préféré les remplacer par une polyculture vivrière. Solon, qui s’était attiré l’opposition des grands propriétaires, ne gagna pas l’estime des pauvres. Quand il quitta le pouvoir, la cité se déchira de nouveau dans les luttes civiles, qui ne trouvèrent leur fin qu’avec l’avènement de Pisistrate.

Pourtant, là encore, et sans doute sans que cela fût le résultat d’une politique réfléchie, Solon fut à l’origine de la constitution d’une classe nouvelle de petits artisans et ouvriers à Athènes, les anciens hectémores ayant souvent préféré abandonner leurs droits fonciers pour s’installer à la ville. Le prolétariat déraciné qu’ils formèrent fut sans doute instable, manquant de pondération et de sens politique, mais il fut le moteur de l’évolution d’Athènes vers la démocratie.

Solon ne transforma guère la cité qu’en apparence. Combien d’esclaves revinrent des lointains pays où ils avaient été vendus ? Le personnel politique resta le même. Mais Solon rendit par ses lois toute évolution possible et naturelle : ce fut son grand mérite et la chance d’Athènes.

J.-M. B.

 E. Homann-Wedeking, la Grèce archaïque (en néerlandais, Amsterdam, 1967 ; trad. fr., A. Michel, 1968). / V. Ehrenberg, Front Solon to Sacrales (Londres, 1968).

solution

Tout mélange homogène solide, liquide ou gazeux, dont les constituants sont eux-mêmes, suivant les cas, solides, liquides ou gazeux.


L’étude des solutions est donc un problème très général. Toutefois, l’étude des solutions solides porte essentiellement sur la connaissance de la structure à l’échelle atomique. Quant aux mélanges gazeux, ils obéissent aux lois des gaz (de Mariotte, de Gay-Lussac, etc.).

Les solutions liquides (auxquelles se bornera cette étude) nous sont familières, du fait que, très souvent, elles sont obtenues facilement en dissolvant dans un liquide — eau, alcool, benzène, etc. —, qui constitue le solvant, un solide, un liquide ou un gaz, lequel est le corps dissous, ou soluté. Remarquons, toutefois, que, si la pratique journalière de ces solutions à deux constituants (solutions binaires) amène à distinguer souvent sans ambiguïté, d’une part, le solvant et, d’autre part, le corps dissous, l’étude physique de ces mélanges fait apparaître une grande analogie entre les rôles du solvant et du soluté, de sorte que, dans un certain nombre de cas, la distinction entre solvant et corps dissous est purement conventionnelle.