Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

serment (suite)

• En cas de recours au serment décisoire par une partie, le tribunal est libre d’apprécier s’il y a lieu d’ordonner que le serment soit déféré ; la partie à laquelle le serment est déféré doit le prêter ou perdre son procès si elle refuse de le prêter, à moins qu’elle ne déclare le « référer » à l’autre partie. Le serment prêté ne peut être rétracté ; il lie le tribunal, et l’adversaire n’est pas recevable à en prouver la fausseté. De même, le tribunal est lié par le refus opposé par celui auquel un serment est déféré de le prêter ou de le référer et par le refus de celui auquel il est référé. Le serment décisoire constitue ainsi un mode de preuve* et a pour effet de mettre un terme à la contestation.

• Le serment supplétif peut être déféré d’office par le juge à l’une ou l’autre des parties, à son choix, pour compléter sa conviction, lorsque les preuves fournies ne le déterminent pas suffisamment ; il est un moyen d’instruction préparatoire au jugement*. Le juge n’est jamais tenu de le déférer, même si les parties le demandent, et, lorsqu’il l’a déféré à une partie, celle-ci ne peut pas le référer à une autre ; il apprécie souverainement l’effet du serment prêté ou du refus de le prêter, et n’est pas lié par la prestation de serment. Le serment supplétif est indivisible comme le serment décisoire : la loi n’a prescrit aucune forme particulière pour leur prestation, et la seule qui soit vraiment substantielle est l’emploi des mots « je le jure ».

J. B.

sérologie

Ensemble des méthodes permettant la recherche des anticorps circulants, en faisant réagir ceux-ci avec les antigènes spécifiques, ou, à l’inverse, recherche des antigènes, en faisant intervenir des anticorps connus.


La sérologie (« étude des sérums ») n’est actuellement qu’une partie de l’immunologie*, mais le domaine qu’elle envisage, limité au début aux infections, s’étend actuellement à un ensemble de réactions qui apporte, sous le nom d’« examens sérologiques », des éléments essentiels dans le diagnostic des maladies.


Les réactions sérologiques

Les principaux types de réactions utilisés en pratique courante sont la précipitation et l’agglutination, la fixation du complément, les réactions de bactériolyse, d’hémolyse, d’immobilisation des germes, les réactions d’inhibition de l’action des bactéries ou des virus, enfin l’immunofluorescence.


Les réactions d’agglutination

La mise en présence des antigènes et des anticorps homologues peut donner lieu à une agglutination qui est observable. Cette agglutination peut être visible (à l’œil nu ou au microscope) si l’antigène est assez volumineux. Elle se fait sur lames ou en tubes (agglutination active) ; on peut être amené à fixer l’antigène sur un support s’il est peu volumineux ou soluble. L’agglutination est ici passive. Le support peut être constitué par des hématies, des particules de latex, etc. Des artifices doivent être utilisés en cas d’anticorps incomplets, en particulier l’agglutination doit être déclenchée par l’adjonction de sérum antiglobuline.

L’agglutination quantitative permet le titrage du taux des anticorps et la comparaison entre plusieurs sérums. La réaction est effectuée avec une quantité stable d’antigène et de sérum dilués. Le titre est donné par la plus forte dilution de sérum donnant l’agglutination.

De fausses réactions positives et de fausses réactions négatives peuvent s’observer. Ces réactions sont dues habituellement à un excès d’anticorps ou à un excès d’antigène.

Les réactions d’agglutination sont utiles au diagnostic des salmonelloses (sérodiagnostic de Widal), des brucelloses (sérodiagnostic de Wright), des leptospiroses, des rickettsioses, etc. Elles peuvent également être utilisées dans les maladies virales et dans certaines maladies rhumatismales (lest au latex, réaction de Waaler-Rose).


Réaction de fixation (ou de déviation) du complément

Le complément est un système protéique formé de plusieurs fractions présentes dans le sérum normal frais. C’est une protéine non spécifique, détruite par la chaleur et indispensable aux réactions immunologiques. Le complément se fixe sur la majorité des complexes antigène-anticorps et permet à ceux-ci d’agir. Selon les systèmes peuvent s’observer des réactions d’hémolyse, de lyse microbienne, etc.

Si le complément est utilisé au cours d’une réaction antigène-anticorps donnée, il n’est plus disponible pour une réaction ayant valeur indicatrice, telle une hémolyse facilement observable macroscopiquement.

Ces principes ont été établis grâce aux travaux de Jules Bordet après ceux d’Élie Metchnikov. La technique de la réaction est simple. On prépare tout d’abord le système à étudier. On prend le sérum du malade, contenant peut-être les anticorps recherchés. Ce sérum est chauffé à 56 °C durant 30 minutes afin de détruire le complément. On ajoute au sérum l’antigène correspondant.

Du complément de concentration connue est additionné à ce système (il s’agit du complément de sérum frais de cobaye). Un système hémolytique formé d’hématies de mouton et de sérum antihématies de mouton, débarrassé par chauffage de son complément, est à son tour mis en présence du système précédent.

L’hémolyse ne se produit que si le complément du premier système est disponible.

La réaction est positive chez le malade s’il n’y a pas d’hémolyse : le sérum du malade contient des anticorps ; ceux-ci se fixent à l’antigène et l’ensemble fixe le complément. Celui-ci n’est plus disponible pour la deuxième réaction indicatrice.

La réaction est négative s’il y a hémolyse. L’antigène est seul, il n’y a pas d’anticorps chez le patient. L’hémolyse est possible, car le complément est disponible.

Il est possible d’apprécier quantitativement la déviation du complément en diluant le sérum du malade. Cette technique de déviation du complément est la réaction de Bordet-Wassermann (B. W.).

De fausses réactions négatives peuvent se produire en cas d’excès de complément de cobaye, ce qui souligne l’importance d’un complément titré.