Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

action (sociologie de l’) (suite)

Considérée dans son ensemble, la sociologie de l’action représente une des deux faces des sciences sociales, l’autre étant constituée par les sciences naturelles de l’homme, organisées autour de l’analyse structuraliste. Ces deux démarches sont plus complémentaires qu’opposées, puisque l’une considère avant tout la structure de systèmes de communication et de discours, tandis que l’autre étudie le sens d’une expérience sociale considérée dans son historicité. Surtout, la sociologie de l’action et la sociologie du discours ont en commun d’écarter toute référence à une conception idéaliste de la société. L’une et l’autre excluent tout recours à une idée de l’homme, à des principes moraux ou métaphysiques. C’est pourquoi ce double développement de la sociologie est intimement lié à la transformation des sociétés modernes, qui se définissent moins par la transmission d’héritages sociaux et culturels et plus par leur capacité de création, et par conséquent aussi par l’importance qu’y occupent, au détriment des symboles, les systèmes de signes. La sociologie de l’action est l’expression culturelle d’une société qui, davantage encore que toute autre société qui a effectivement existé dans le passé, est capable de déterminer ses propres conditions d’existence.

A. T.

 T. Parsons, The Structure of Social Action (New York, 1937 ; rééd., 1949 ; 2 vol.). / T. Parsons et E. A. Shils (sous la dir. de), Toward a General Theory of Action (Cambridge, Massachusetts, 1952). / A. Touraine, Sociologie de l’action (Éd. du Seuil, 1965).

Action catholique

Dans l’Église catholique romaine, ensemble des organisations qui ont pour but « une collaboration des laïcs à l’apostolat hiérarchique », selon la définition qui en a été donnée par le pape Pie XI et qui a été reprise par le deuxième concile du Vatican dans son « décret sur l’apostolat des laïcs ».


D’après la doctrine catholique, tout chrétien, baptisé et confirmé, doit être apôtre, c’est-à-dire contribuer à faire connaître autour de lui le message évangélique. Mais la hiérarchie a la responsabilité de promouvoir, de développer et de contrôler toute forme d’apostolat collectif et organisé. C’est la participation des laïcs à ce genre d’apostolat qui a reçu l’appellation d’Action catholique.

L’usage de cette expression est apparu un peu avant 1930. S’imposait alors la constatation que les pays dits « de chrétienté » étaient en grande partie déchristianisés ou même n’avaient jamais été complètement évangélisés et qu’il fallait y exercer un véritable apostolat missionnaire sans se contenter de prêcher le perfectionnement spirituel et moral. D’autre part, alors que l’accent avait surtout été mis, dans l’Église catholique, depuis la Contre-Réforme, sur le rôle des clercs, on redécouvrait que les laïcs ne pouvaient pas rester étrangers à un tel apostolat organisé.


Fondation des mouvements spécialisés

En 1925, un prêtre belge, fils d’ouvrier, l’abbé Joseph Cardijn, fonde la Jeunesse ouvrière chrétienne (J. O. C.). Celle-ci est constituée par des groupes de jeunes ouvriers chrétiens qui veulent être « les apôtres de leur milieu ». Pour cela, ils cherchent à transformer celui-ci en luttant pour la suppression de certaines conditions de vie qui font obstacle à l’esprit évangélique. Dans ce dessein sont organisées des enquêtes collectives sur le milieu, qui doivent aboutir au lancement de certaines actions communes. Cette méthode est résumée par le slogan « Voir, juger, agir ». Elle sera reprise par les autres mouvements d’Action catholique.

En 1926, la J. O. C. s’implante en France grâce à l’abbé Georges Guérin : désormais c’est dans ce pays que l’Action catholique trouvera son terrain d’élection. En 1927, la J. O. C. française adhère à l’Association catholique de la jeunesse française (A. C. J. F.), tout en conservant son autonomie. Fondée en 1886, l’A. C. J. F. rassemblait des jeunes gens chrétiens appartenant surtout à la bourgeoisie et groupés en cercles d’études. Elle se préoccupait essentiellement d’assurer la formation religieuse et l’animation spirituelle de ses membres pour les engager dans l’action sociale et civique. Elle était alors imprégnée des idées du catholicisme social.

Sur le modèle de la J. O. C. sont créées en 1929 la Jeunesse agricole chrétienne (J. A. C.) — qui formera des générations d’animateurs d’organisations syndicales ou de coopératives agricoles — et la Jeunesse étudiante chrétienne (J. E. C.), en 1930 la Jeunesse maritime chrétienne (J. M. C.), et entre 1930 et 1935 la Jeunesse indépendante chrétienne (J. I. C.), qui regroupe des jeunes ayant terminé leurs études, mais qui n’appartiennent pas aux milieux concernés par les autres mouvements. À l’exception de la J. M. C., ces mouvements ont tous leur homologue pour les jeunes filles. Chacun d’eux adhère à l’A. C. J. F., qui, ainsi, se mue progressivement en une fédération de mouvements spécialisés par milieux.

Le développement spectaculaire de ces mouvements dans l’enthousiasme et avec de vastes rassemblements nationaux, en particulier pour la J. O. C., rencontre une vive méfiance et parfois même une réelle hostilité dans certains milieux catholiques, où l’on redoute qu’ils n’introduisent dans l’Église un esprit de lutte des classes. En outre, une partie de la hiérarchie et du clergé n’admet pas que les dirigeants des mouvements soient des laïcs, les prêtres n’ayant qu’un rôle d’aumôniers, de conseillers spirituels.

Mais, très tôt, le pape Pie XI apporte son appui à l’Action catholique. « Les premiers apôtres des ouvriers seront des ouvriers ; les premiers apôtres du monde industriel et commerçant seront des industriels et des commerçants », déclare-t-il dans l’encyclique Quadragesimo anno. En France, dès 1931, l’Assemblée des cardinaux et archevêques institue le Comité central de l’Action catholique, chargé de suivre et de coordonner les activités de tous les mouvements d’apostolat des laïcs, jeunes et adultes, d’approuver l’élection des dirigeants et de nommer les aumôniers.