Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Sarre (suite)

L’agriculture

Elle est surtout localisée dans la zone nord. Sur les 2 567 km2 de superficie totale, 1 192 sont cultivés, 812 sont en forêt, 119 en friches, le reste étant occupé par les eaux, les routes, l’industrie et l’habitat. La plus grande partie des exploitations à temps complet travaille entre 20 et 40 ha. La polyculture intensive est fondée sur les céréales, les cultures sarclées et fourragères. Dans les bilans des entreprises agricoles, les produits de l’élevage l’emportent presque toujours. L’agriculture joue un rôle non négligeable pour le ravitaillement en produits laitiers. L’extension des friches (le dixième de la surface cultivée) est combattue par la construction de fermes nouvelles situées à l’écart du village. Sur le plan économique, avec 1,7 p. 100 du produit intérieur brut, l’agriculture occupe une place très réduite, marquante essentiellement par les paysages qu’elle offre aux habitants des zones industrielles à la recherche de loisirs, promenades ou excursions.


Sarrebruck

Sarrebruck (Saarbrücken) est la capitale incontestée du Land. De petite bourgade qu’elle était au début du xixe s., elle s’est hissée d’abord au niveau d’une ville industrielle, ensuite, à celui d’une véritable métropole. Le retour de la Sarre à la R. F. A. en a fait une capitale régionale avec gouvernement, parlement, budget, haute administration, banques régionales, université. La réforme communale qui est entrée en vigueur le 1er janvier 1974 a simplifié considérablement la carte administrative de la Sarre. Ainsi, Sarrebruck, qui comptait 126 000 habitants (1972), a absorbé plusieurs communes, dont la ville de Dudweiler. À présent (1974), elle compte 230 000 habitants. Mais les communes autour d’elle ont été regroupées en « Stadtverband » (sorte de communauté urbaine). De ce fait, l’agglomération approche les 500 000 habitants et constitue un organisme urbain au dynamisme accru.

F. R.


L’histoire

Au xviie s., dans le cadre de la « politique des réunions » appliquée par Louis XIV, la plupart des villes sarroises avaient été annexées à la France. Sous la Révolution française fut créé un département de la Sarre, dont le chef-lieu était Trèves et les districts Sarrebruck, Birkenfeld et Prum ; la région de Sarrelouis faisait partie du département de la Moselle. En 1814 (premier traité de Paris), la Prusse annexa la plus grande partie du département de la Sarre ; lors du second traité de Paris (20 nov. 1815), Sarrelouis et Sarrebruck furent à leur tour annexées. Le traité de Francfort (10 mai 1871) donna à l’Allemagne la majeure partie du département de la Moselle.

La Sarre, grâce à ses riches gisements houillers et aux industries annexes (métallurgie, chimie...), est dès lors l’un des éléments de l’essor économique de l’Empire. Après la défaite du Reich (1919), la France, en raison à la fois de ses « droits historiques » et de la richesse houillère de la Sarre, réclame l’annexion de la moitié du territoire sarrois, car les partisans de la frontière de 1814 sont nombreux au Parlement français et ont les sympathies de Poincaré. Contraire aux « quatorze points » de Wilson, qui s’en tiennent au rétablissement des frontières de 1870, cette proposition se heurte à l’opposition très vive des Alliés.

Finalement, une solution de compromis est adoptée lors de la signature du traité de Versailles (28 juin 1919), dont les articles 45 à 50 disposent que le gouvernement du bassin sarrois sera confié pour quinze ans à la S. D. N., la propriété des mines sarroises étant transférée à l’État français en compensation de la destruction des mines du Nord par l’Allemagne et le territoire sarrois étant soumis au régime douanier français.

En fait, la S. D. N. délègue ses pouvoirs à une commission de cinq membres (un Français, un Sarrois, trois membres ressortissant à trois pays autres que la France et l’Allemagne). La population sera consultée, après les quinze ans, sur le statut futur du territoire.

Évacuée en 1930 par les forces de protection françaises, la Sarre (790 000 hab.) conserve son statut international et son gouvernement (flanqué d’un Conseil consultatif élu au suffrage universel et d’un Comité d’études sarrois) jusqu’au plébiscite du 13 janvier 1935, et cela malgré les demandes réitérées de l’Allemagne pour avancer la consultation.

Les Sarrois ont alors à choisir entre le rattachement à la France, la restitution à l’Allemagne et le maintien du régime international. La première solution n’ayant, de toute évidence, que très peu de partisans en Sarre, c’est entre les deux autres que le choix doit jouer. Le maintien du statut international semble présenter d’immenses avantages pour l’industrie sarroise, à qui sont ouverts à la fois, dans des conditions exceptionnelles, le marché français et le marché allemand. On peut penser, d’autre part, que les catholiques et les socialistes sarrois répugneront à se livrer à Hitler.

Mais, dès l’été 1933, des sondages donnent 60 p. 100 des voix en faveur du retour à l’Allemagne. La propagande hitlérienne, la force d’une organisation comme le « Front allemand en Sarre », le poids déterminant de l’évêque de Trèves et des grands industriels sarrois (menés par Röchling) ainsi que le sentiment d’appartenance à un même peuple font basculer l’énorme majorité (90 p. 100) des suffrages dans le camp allemand. L’Allemagne ayant accepté aussitôt de racheter les mines à la France, la Sarre est replacée sous sa souveraineté le 1er mars 1935. Mais, contrairement à l’optimisme des augures, le IIIe Reich, deux mois après ce plébiscite, passe du réarmement « clandestin » au réarmement « public ».

Théâtre d’opérations limitées de la part de l’armée française entre septembre 1939 et mai 1940 (forêt de la Warndt), la Sarre voit se dérouler en mars 1945 de dures batailles dirigées par les Américains contre les derniers bastions de la ligne Siegfried.

Placé dans la zone d’occupation française, le territoire de la Sarre voit sa superficie augmentée par l’incorporation finale de 109 communes en 1947. Après l’adoption du statut de la Sarre (15 déc. 1947), le pays est administré par un Landtag législatif (50 membres) et par un ministère dont le premier président est, jusqu’en 1955, Johannes Hoffmann (1890-1967), chef du parti chrétien du peuple (Christliche Volkspartei), qui soutient, avec les sociaux-démocrates, le « Mouvement pour le rattachement de la Sarre à la France ».