Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Saint-Aubin (les) (suite)

Il a également dessiné des caricatures et pratiqué l’eau-forte. Il a ainsi gravé plusieurs suites : Mes petits bouquets, Mes fleurettes et surtout l’Essay de papillonneries humaines, deux séries de six pièces (1748) qui ont assuré sa gloire posthume. Ces variations dans le style des arabesques, exécutées d’une pointe à la fois ferme et légère, comprennent des petites scènes pleines de fantaisie, où les insectes jouent le rôle des hommes, comme le faisaient les singes dans les œuvres décoratives de Claude Gillot, de Watteau ou de Christophe Huet.

Gabriel Jacques (Paris 1724 - id. 1780) avait pour ambition la peinture d’histoire, mais, après quatre échecs au Concours de Rome, il se consacra essentiellement au dessin, qu’il enseigna chez l’architecte Jacques François Blondel et à l’Académie de Saint-Luc. Bohème de la famille, il ne cessa durant toute sa vie de dessiner « en tous temps et en tous lieux », présent à tous les menus événements de la vie parisienne et accumulant une masse énorme de croquis. Le Louvre conserve un de ses livres de dessins pour les années 1759-1778, et le musée de Stockholm celui de 1779. Il s’était fait la spécialité d’illustrer, pour les amateurs d’art, les marges des livrets des Salons et des catalogues de ventes de minuscules croquis des œuvres exposées, si précis qu’ils sont encore aujourd’hui utiles pour l’identification de tableaux et de sculptures. Le cabinet des Estampes de la Bibliothèque nationale conserve plusieurs de ces livrets.

La qualité de la facture, la sûreté du trait, la verve primesautière de ses dessins se retrouvent dans la cinquantaine d’eaux-fortes qu’il a laissées et qui sont peut-être les meilleures gravures originales françaises du xviiie s. Elles comprennent des illustrations, quelques allégories et scènes bibliques, mais surtout des sujets de mœurs croqués sur le vif, témoignages de sa curiosité de badaud parisien : la Marche du bœuf gras (1750), les Nouvellistes (1752), Vue du Salon du Louvre (1753), le Spectacle des Tuileries et la Petite Poste (1760), l’Incendie de la foire Saint-Germain (1762).

On connaît quelques-uns de ses tableaux : la Parade (National Gallery, Londres), la Réunion du boulevard (musée de Perpignan) et, dans des collections privées, la Récompense, la Comparaison du bouton de rose. Ses tableaux d’histoire, comme le Tremblement de terre de Lisbonne du Salon de 1774, sont perdus.

Louis Michel (Paris 1731 - id. 1779) eut une carrière plus modeste que celle de ses frères. Peintre sur porcelaine attaché à la Manufacture de Sèvres, il y travailla pendant un quart de siècle, de 1754 jusqu’à sa mort.

Augustin (Paris 1736 - id. 1807) fut le plus célèbre de la famille à son époque. Dessinateur et graveur fécond, il commença à tenir le crayon sous la direction de son frère Gabriel, avant d’entrer dans l’atelier du graveur Étienne Fessard (1714-1777), puis chez Laurent Cars (1699-1771). À seize ans, il produit ses premières planches : billets d’invitation, programmes de fêtes ou de théâtre, adresses de commerçants. Il grave ensuite plusieurs séries : Différents Jeux des petits polissons de Paris, Mes gens ou les Commissionnaires ultramontains, et atteint rapidement la notoriété. Agréé à l’Académie royale en 1775, il n’acheva jamais son morceau de réception. Deux ans plus tard, il succéda à Fessard comme graveur du roi et de sa Bibliothèque, et fut chargé de graver les médailles du Cabinet du roi.

Son œuvre est abondant et varié. Il a dessiné des scènes de la vie parisienne qui montrent son sens aigu de l’observation, parmi lesquelles plusieurs pendants qui sont ses chefs-d’œuvre : Tableau des portraits à la mode et la Promenade des remparts de Paris, gravés par Pierre François Courtois (1760), le Bal paré et le Concert, gravés par Antoine Jean Duclos (1774). Mais c’est surtout son talent de portraitiste qui a fait son succès et sa popularité. Il a laissé plus de trois cent cinquante effigies, dont ses contemporains appréciaient la ressemblance. Il aimait les représenter de profil dans un encadrement en forme de médaillon. Il a gravé lui-même certains de ces portraits ; pour d’autres, il a confié ses dessins ou ses préparations à l’eau-forte à divers burinistes ; enfin, il en a gravé un grand nombre sur les dessins de Charles Nicolas Cochin le Fils (1715-1790). On a pu dire de lui qu’il avait la « taille spirituelle jusque dans la perruque des gens ».

Par sa charge de graveur de la Bibliothèque du roi, il fut conduit à exécuter d’innombrables planches documentaires pour les recueils de médailles (1762-1778) du numismate Joseph Pellerin. Il travailla ensuite à la Description des principales pierres gravées du cabinet du duc d’Orléans (1780). Il faut ajouter à tout cela son activité d’illustrateur : on lui doit de nombreux frontispices et culs-de-lampe, ainsi que des planches pour les Œuvres complètes de Voltaire, le Voyage pittoresque de Paris d’Antoine Nicolas Dezallier d’Argenville, les Almanachs iconologiques de Cochin.

La fin de sa vie fut difficile. Il grava encore des médailles pour les autorités révolutionnaires. Mais, dépouillé de sa charge, privé de son atelier de la Bibliothèque, malade, il dut, jusqu’à sa mort, solliciter des commandes de portraits pour les publications de l’éditeur Renouard.

M. B.

 E. Bocher, les Gravures françaises du xviiie s., fasc. 5 : Augustin de Saint-Aubin (Morgand et Fatout, 1880). / E. Dacier, Gabriel de Saint-Aubin, peintre, dessinateur et graveur (Van Oest, 1930).

Saint-Brieuc

Ch.-l. du départ. des Côtes-du-Nord, sur la Manche ; 56 282 hab. (Briochins). L’agglomération compte plus de 85 000 hab.


Préfecture, ville relais traversée par d’importants courants de circulation, Saint-Brieuc est un pôle commercial, administratif, scolaire, mais aussi un petit centre industriel au cœur d’un département essentiellement agricole.