Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Rocheuses et cordillères pacifiques (suite)

Entre les Rocheuses et les cordillères pacifiques, la région des plateaux présente un aspect plus varié que son nom ne l’indique, les reliefs tabulaires ne régnant pas sans partage. Un premier type morphologique est celui de plateaux sédimentaires, aux roches peu ou pas plissées, comme le plateau du Colorado (altitude de 1 500 à 2 000 m), que tranche dans toute son épaisseur, jusqu’au socle précambrien, le célèbre Grand Canyon, coupe naturelle de 1 000 à 1 800 m de profondeur, de 5 à 15 km de largeur et d’environ 250 km de longueur.

Certains plateaux sédimentaires portent un épais revêtement volcanique, comme ceux du Columbia et de la Snake (de 1 000 à 2 000 m d’altitude) et ceux du Fraser (de 1 000 à 1 800 m) ; les vallées y sont profondément encaissées ; durant la dernière glaciation, le fleuve Columbia a occupé la vallée aujourd’hui abandonnée de Grand Coulée.

Dans cette région centrale, la continuité des plateaux est interrompue par des reliefs montagneux en Colombie britannique (où il s’agit de reliefs sédimentaires plissés avec quelques batholites et intrusions : monts Cassiar et Omineca vers 2 000-2 500 m ; monts Selkirk et Cariboo vers 2 500 m), dans l’Oregon (Blue Mountains, de 1 500 à 2 000 m, où le socle précambrien et sa couverture sédimentaire percent à travers les laves du plateau du Columbia) et l’Utah (monts Wasatch, 3 000 m, masse sédimentaire plissée et faillée).

Dans le Grand Bassin (Nevada), on observe le type de relief très particulier dit « basin and range », qui comporte une multitude de petits chaînons (blocs soulevés ou basculés qui comprennent socle, sédiments et chapeau de lave, ou partie de ces éléments) entre lesquels se développent des plaines de remblaiement (fluviatile, éolien ou d’épandage désertique). Il subsiste dans cette région des dépressions plus basses que le niveau marin (fond du Salton Sea à – 73 m ; Vallée de la Mort à – 85 m).

Par suite de son extension en latitude, des régions subtropicales au cercle polaire, la zone des plateaux intramontains doit à la diversité des climats passés et présents une grande variété d’aspects morphologiques, tel que les formes glaciaires et périglaciaires dans le Nord et les marques d’une désertification récente dans le Sud (le Grand Lac Salé et les petits lacs salés ou argileux du Nevada sont les témoins des anciens lacs Bonneville et Lahontan).


Le climat

La diversité des caractères climatiques actuels dépend des conditions d’exposition et d’altitude et des différences de latitude. Au nord du 45e parallèle, la circulation atmosphérique d’ouest règne presque en tout temps sur la côte pacifique, avec des périodes anticycloniques d’air polaire ou arctique en hiver dans l’intérieur. Au sud du 45e, elle domine pendant le semestre froid, avec des conditions anticycloniques subtropicales durant l’été. La circulation d’ouest véhicule de l’air pacifique, humide et frais (polaire maritime) ou humide et chaud (tropical maritime) selon la saison et la latitude. Les condensations et précipitations ont lieu sur les reliefs exposés au flux zonal, tandis que l’air s’assèche en descendant les versants situés sous le vent. Ainsi, la cordillère littorale et les parties de la Chaîne côtière colombienne placées au droit des interruptions du relief entre les îles sont exposées de plein fouet au flux pacifique et reçoivent des précipitations de 2 à 3 m (et même de 4,5 m à Ketchikan, au pied de montagnes abruptes, en Alaska). La cordillère pacifique intérieure doit elle aussi à son altitude et à son exposition des précipitations élevées : plus de 2,5 m dans les Cascades du Washington, de 1,5 à 2 m dans le nord de la sierra Nevada, de 1 à 1,5 m dans sa partie sud. La dépression intermédiaire est peu arrosée (environ 1 m dans le Puget Sound, moins de 250 mm dans le sud de la Vallée Centrale de Californie), sauf au droit des ouvertures de la Chaîne côtière (baie de San Francisco, fleuve Columbia).

Les précipitations, supérieures à 500 mm dans la partie nord des plateaux intérieurs (565 mm à Prince George), diminuent vers le sud (effet de la latitude et décroissance générale d’altitude) : 440 mm à Spokane, 355 à Salt Lake City, 185 à Phoenix. Dans les Rocheuses et sur les reliefs à l’intérieur des plateaux, seules les parties élevées et exposées à l’ouest reçoivent des précipitations notables : entre 1 et 1,5 m dans les Selkirk, les monts de l’Idaho, le plateau de Yellowstone, le Front Range, les Wasatch et certains secteurs du plateau du Colorado.

Sur les plus hauts sommets des cordillères pacifiques et des Rocheuses, une fraction notable des précipitations tombe sous forme de neige : l’eau est ainsi capitalisée en hiver avant d’être utilisée par les rivières et par l’homme à la saison chaude dans les régions sèches.

L’élévation progressive des températures du nord au sud est plus sensible dans les régions peu élevées (côte pacifique, plateaux intérieurs et dépression comprise entre les cordillères pacifiques) que dans les hautes montagnes. Sur le littoral, la moyenne de janvier passe de – 2 °C à Sitka à 4 °C à l’embouchure du Columbia, à 10,5 °C à San Francisco et à 12,5 °C à Los Angeles ; dans la dépression prépacifique, elle s’élève de – 4 °C à Juneau, à 3 °C à Vancouver, à 4 °C au sud de Portland, à 7,5 °C à Sacramento, à 10 °C à Bakersfield et, dans les plateaux intramontains, de – 10 °C à Prince George à – 2,5 °C à Salt Lake City et à 10 °C à Phoenix. L’extrême nord de cette région intramontaine est très froid en hiver, les vallées profondes favorisant les inversions de température : on a enregistré des minimums absolus de – 60 °C à Tanana, en Alaska, et de – 62,7 °C à Snag, au Yukon.

Les températures estivales, modérées à toutes latitudes sur la côte (en juillet, moyenne de 11 °C à Sitka, de 15,3 °C à San Francisco et de 20,6 °C à Los Angeles, avec des maximums moyens respectifs de 15, 21 et 24,5 °C), sont plus élevées dans les régions continentales, Vallée Centrale de Californie et plateaux intérieurs : la moyenne de juillet passe de 15 °C à Prince George à 28,5 °C à Bakersfield et à 32 °C à Phoenix. Les maximums moyens de juillet sont plus significatifs de la chaleur de l’été : 23,5 °C à Prince George, 30 °C à Spokane, 34,5 °C à Salt Lake City, 40,5 °C à Phoenix. Un maximum absolu de 54 °C a été observé dans la Vallée de la Mort.