Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

Ricardo (David) (suite)

Cette description incitera Carlyle à traiter l’économie politique de « science lugubre ». Par ailleurs, la dynamique de longue période de Ricardo constituera l’arsenal dans lequel Marx puisera pour construire sa thèse de l’autodestruction du capitalisme* conduisant au socialisme. Le pessimisme de Ricardo, renforçant celui de Malthus, sera à la base de la réaction socialiste contre un système présenté comme engendrant inéluctablement richesse pour les uns et pauvreté pour les autres.

G. R.

➙ Économique (science).

 J. H. Hollander, David Ricardo. A Centenary Estimate (Baltimore, 1910). / D. Ricardo, Works and Correspondence (New York, 1951 ; 10 vol.). / M. Blaug, Ricardian Economics. A Historical Study (New Haven, Connect., 1958).

Ricci (les)

Nom d’une famille de peintres italiens dont deux sont notoires : Sebastiano (Belluno 1659 - Venise 1734) et Marco, neveu du précédent (Belluno 1676 - Venise 1729).


Venise*, au xviie s., n’avait compensé l’épuisement de sa veine picturale que par l’apport de maîtres étrangers. C’est de l’un d’eux, le bizarre Sebastiano Mazzoni (v. 1611-1678), de Florence, que Sebastiano Ricci reçut sa première formation, qu’il compléta ensuite à Bologne*. Ainsi commençait-il une carrière itinérante, comme devaient le faire tant de peintres d’histoire de l’école vénitienne. En 1686, Ranuccio II Farnese lui donna de l’ouvrage à Parme et à Plaisance. Puis Sebastiano gagna Rome, où le style décoratif de Pierre de Cortone* lui proposait de nouvelles leçons. Il revint à Venise par Florence, Bologne, Modène, Parme, où l’Aula Magna de l’université garde de lui dix scènes de l’histoire grecque et romaine, enfin par Milan, où il rencontra Alessandro Magnasco (1667-1749), venu de Gênes, non sans profit pour son art. On le trouve à Vienne vers 1701, à Bergame en 1704, puis de nouveau à Venise, dont il s’absenta cependant en 1706 pour un voyage à Florence, où il décora le palais Marucelli de belles fresques représentant les Travaux d’Hercule. À partir de ce moment, il devait puiser son inspiration chez les maîtres vénitiens du xvie s., surtout Véronèse*. C’est ce dont témoignent, à Venise, de brillants ouvrages comme la pala de San Giorgio Maggiore — une Madone trônant entre neuf saints (1708) — on les plafonds de San Marziale. C’est autour de 1712 que se place l’important séjour de Sebastiano à Londres, où il décora Burlington House (aujourd’hui Royal Academy) et la coupole de l’hôpital de Chelsea. Il s’arrêta en Hollande et, en 1716, à Paris, où l’Académie royale de peinture le reçut membre sur présentation d’un Triomphe de la Science (musée du Louvre). Il se fixa à Venise en 1717, sans cesser de travailler pour d’autres villes, comme Bergame, où sa Vierge du Secours est conservée à Sant’Alessandro della Croce, ou Vienne, dont l’église Saint-Charles-Borromée abrite une Assomption de sa main.

Après avoir assimilé adroitement le langage baroque, S. Ricci est retourné aux sources de la grande tradition vénitienne et a restauré le règne de la couleur. Mais il l’a fait en représentant de l’esthétique rococo, par le mouvement introduit dans ses compositions, par l’amenuisement de ses formes au dessin haché et capricieux, par sa touche libre et brillante, par le registre plus sonore de son coloris, par son inspiration plus aimable que grandiose. Après le sommeil du « seicento », il apparaît comme un précurseur, malgré sa personnalité assez floue. Son influence s’est exercée sur Giovanni Antonio Pellegrini (1675-1741), d’ailleurs plus original que lui, puis sur Giovan Battista Pittoni (1687-1767) ; il a ouvert la voie au génie de Giambattista Tiepolo*.

Marco Ricci est l’un des grands paysagistes de l’école vénitienne. Formé par son oncle, il l’accompagna dans ses déplacements et peignit souvent les fonds de paysage de ses tableaux. À l’influence de Salvator Rosa (1615-1673) et d’autres paysagistes de Naples ou de Rome s’ajoute dans son œuvre celle de Magnasco et des Hollandais. Son inspiration est d’un romantisme accusé. De sa touche vibrante, il aime peindre une nature tourmentée, où les éléments se déchaînent, comme on le voit par exemple avec le Paysage au naufrage (Museo Civico de Bassano) ou le Paysage à la cascade (Accademia de Venise). Il n’est cependant pas rare de trouver chez lui une vive sensibilité au spectacle réel de la nature ; elle s’exprime notamment dans les compositions à la gouache sur peau de chevreau que M. Ricci multiplia vers la fin de sa vie (collection royale de Windsor, Accademia de Venise).

B. de M.

 J. von Derschau, Sebastiano Ricci (Heidelberg, 1922).

Richard Ier Cœur de Lion

(Oxford 1157 - Châlus 1199), roi d’Angleterre de 1189 à 1199.



La jeunesse (1157-1189)

Troisième fils de Henri II Plantagenêt et d’Aliénor d’Aquitaine, il est investi en 1168 du duché d’Aquitaine par sa mère, qui tient dès lors sa cour dans le palais de Poitiers. À son instigation et aux côtés de ses frères, il participe à la grande révolte en 1173-74 qui menace, avec l’aide des grands barons anglo-normands, de mettre prématurément fin au règne de son père.

Il est vaincu en Angleterre malgré l’appui des troupes du roi d’Écosse Guillaume le Lion (1165-1214), battu à Alnwick (Northumberland) en juillet 1174 et doit regagner le continent. Après la paix de Montlouis (Touraine) en septembre 1174, il est pendant quelques années le lieutenant le plus fidèle d’Henri II, au nom de qui il reçoit l’hommage du comte de Toulouse, Raimond V. Il entre dès lors à plusieurs reprises en conflit avec ses frères, puis avec son père, qui lui reprend l’Aquitaine en 1185 en se servant de sa mère Aliénor, captive depuis 1173. Mécontent, il s’allie alors à Philippe Auguste, à qui il prête hommage en 1188, et à ses côtés combat Henri II, qu’il contraint à accepter la paix d’Azay-le-Rideau en juillet 1189 : le bas Berry et l’Auvergne sont perdus.

Brisé par ces multiples trahisons, le souverain meurt deux jours après, laissant la couronne à son fils.