Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Révolutions d’Angleterre (suite)

 E. Hyde, The History of the Rebellion and Civil Wars in England (Oxford, 1704, 3 vol., nouv. éd., 1888, 6 vol. ; trad. fr. Histoire de la rébellion et des guerres civiles d’Angleterre, La Haye, 1704-1709, 6 vol.). / S. M. Trevelyan, England under the Stuarts (Londres, 1904 ; nouv. éd., 1947). / G. N. Clark, The Later Stuarts, 1660-1714 (Oxford, 1934 ; nouv. éd., 1955). / G. Davies, The Early Stuarts, 1603-1660 (Oxford, 1937 ; nouv. éd., 1959). / P. Zagorin, A History of Political Thought in the English Revolution (Londres, 1954 ; 2e éd., New York, 1966). / C. Hill, The Century of Revolution, 1603-1714 (Edimbourg, 1961) ; Intellectual Origins of the English Revolution (Oxford, 1965). / L. Stone, The Crisis of the Aristocracy, 1558-1641 (Oxford, 1965) ; The Causes of the English Revolution, 1524-1642 (Oxford, 1972). / O. Lutaud, les Niveleurs, Cromwell et la République (Julliard, coll. « Archives », 1967).

Révolution française

Période de l’histoire de France qui mit fin à l’Ancien Régime.


Vengeance du ciel ou volonté des hommes ? Les explications de la Révolution données par les contemporains eux-mêmes tournent autour de ces deux pôles. Pour certains, c’est le temps de l’Apocalypse, celui « où le ciel se retire comme un livre qu’on roule, où les rois de la terre, les grands, les capitaines, les riches et les forts se cachent, avec leurs esclaves, dans les cavernes et sous les rochers des montagnes ». L’homme a trop blasphémé. Dieu l’abandonne. Satan règne. Philosophes et franc-maçons, mêlés aux brigands de toutes sortes, sont les forces du Mal. Celles-ci s’abattent sur le royaume de Saint Louis. Pour plus d’un quart de siècle, elles vont le jeter dans la boue, et la Restauration sera aussi une rédemption.

Et si le ciel n’était pas vide ? Si les hommes, l’interrogeant, découvraient par la force de la Raison que Dieu leur attribua la volonté du Créateur ? Et si la terre n’était pas condamnée à être une « vallée de larmes » ? Le bonheur réalisable par la Liberté, l’Égalité et la Fraternité transformerait l’Homme dans le sens voulu par Dieu. Des hommes ont cette croyance. Ils vont entraîner le plus grand nombre. Ils accepteront de sacrifier leur vie à une aventure collective qui est œuvre de régénération humaine. L’Ancien Régime avilissait le sujet, les temps nouveaux libèrent le citoyen, et son inclination naturelle le porte au Bien. La vertu triomphera.

Dieu, Satan ? Des interprétateurs modernes les écartent et ne voient plus dans la Révolution que des hommes qui accomplissent un destin façonné seulement par les générations de ceux qui les précédèrent. Pourquoi, comment cette Révolution, dont le nom, « soit qu’on l’exècre, soit qu’on l’admire, ne se taira pas de longtemps sur les lèvres des hommes » (Georges Lefebvre) ?


Misère populaire et prospérité bourgeoise

À remuer les documents d’archives qui disent le pain cher et la révolte des pauvres, les premiers historiens, tel Michelet, virent dans la misère la cause essentielle de la Révolution. « Hommes sensibles, s’écrie Michelet, qui pleurez sur les maux de la Révolution (avec trop de raison sans doute), versez donc aussi quelques larmes sur les maux qui l’ont amenée. Venez voir, je vous prie, ce peuple couché par terre, pauvre Job, entre ses faux amis, ses patrons, ses fameux sauveurs, le clergé, la royauté. Voyez le douloureux regard qu’il lance au roi sans parler. »

Les recherches contemporaines entreprises par Albert Mathiez et poursuivies par Georges Lefebvre, Ernest Labrousse et Albert Soboul confirment le fait, mais ne lui accordent plus la même place dans le déclenchement de 1789. La misère se développe à la fin d’un siècle, qui, dans son ensemble, est marqué par la prospérité. Les bourgeois en profitent. Ils réclament une meilleure place dans la patrie aux aristocrates, qui la leur refusent. Ils la conquièrent.


« Ce peuple couché par terre, pauvre Job [...] »

À la veille de 1789, le vin, dont la vente permet à chaque paysan d’avoir les quelques sous nécessaires à la vie, est trop abondant pour se bien vendre. À cette abondance néfaste succède le malheur des terres emblavées. Le climat se détériore et les racines des plantes gèlent à près d’un pied sous terre. Les arbres fruitiers ne portent plus que de maigres et insuffisantes récoltes.

La crise agricole se répercute sur l’industrie et le commerce. Le paysan restreint ses achats au moment même où les riches clients s’adressent aux fournisseurs étrangers, tels les Anglais, qui vendent à meilleur prix dans une France ouverte par un traité de commerce à leurs marchandises.

Les foules rurales et citadines, plus nombreuses qu’au début du siècle, se mettent en branle. Le mouvement se continue à la veille et pendant la réunion des États généraux. Ainsi, à Cambrai, des pauvres assaillent et pillent les marchés ; parmi eux, la justice royale frappe. C’est le cas de Thérèse Leprêtre, « duement atteinte et convaincue d’avoir, le 7 mai, partagé sur le marché de ladite ville un sac de blé qui avait été pillé et d’avoir participé aux excès commis à l’abbaye de Premy, en avançant des pierres aux hommes qui cassaient les vitres ». Elle sera, avec d’autres, condamnée à être frappée de verges, marquée au fer rouge d’une fleur de lis et envoyée dans une maison de force.

La faim est donc le moteur du mouvement de révolte populaire, mais celui-ci aide et pénètre une révolution bourgeoise.


La bourgeoisie : « une position d’autant plus insupportable qu’elle devenait meilleure [...] » (Tocqueville)

La crise intervient dans un pays qui, depuis plus d’un demi-siècle, s’est enrichi. Cette richesse se voit aussi bien dans l’animation des ports de la façade atlantique, qui commercent avec les Indes orientales, qu’à l’intérieur des terres, où les entreprises textiles se multiplient. Ces affaires ont rapporté gros à la bourgeoisie. Un contemporain, le marquis François Claude Amour de Bouillé (1739-1800), note ce que la recherche confirme : « Toutes les petites villes de province devenues plus ou moins commerçantes étaient peuplées de petits bourgeois plus riches et plus industrieux que les nobles. » La hausse de longue durée qui a stimulé la manufacture et le négoce a, certes, d’abord touché les prix agricoles et donné un bénéfice aux possesseurs de rente foncière, parmi lesquels les nobles. Mais le profit industriel a monté beaucoup plus vite que le profit agricole et la rente, le profit colonial plus encore que le profit industriel, à l’exception, toutefois, souligne E. Labrousse, du profit minier.