Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Redon (Odilon) (suite)

Les premiers dessins dans lesquels il étudie la nature de près, s’exerçant à la restituer avec précision, datent de 1861 et sont exécutés à Peyrelebade, propriété familiale dans le Médoc. À partir de 1865, Redon utilise le fusain pour ses dessins, qui vont, avec les lithographies et les eaux-fortes, constituer sa première époque, dite « des noirs », qui durera 25 ans. Mais sa véritable personnalité ne se révèle qu’après la guerre de 1870, durant laquelle il est mobilisé. Les batailles lui ayant laissé des impressions d’horreur, il se complaît dans les scènes macabres, élaborant des œuvres qui sont comme un miroir de l’homme placé devant l’abîme : la Peur (1872, collection privée), la Folie (1877, coll. priv.), l’Araignée souriante (1881, musée du Louvre). Bibliques, légendaires ou issus de l’imagination, les sujets entremêlent le réel et le fantastique avec un sens prononcé du drame. Sur les conseils de Henri Fantin-Latour, l’artiste s’adonne à la lithographie et publie en 1879 son premier album, Dans le rêve, suivi de plusieurs autres, dont À Edgar Poe (1882), Hommage à Goya (1885), les Fleurs du Mal (1890), l’Apocalypse de Saint-Jean (1898). Cependant, les « noirs », pour Stéphane Mallarmé « royaux comme de la pourpre », cèdent progressivement la place, après 1890, à la féerie diurne de la couleur. Redon peint alors les Yeux clos (Louvre), qui sont le témoignage de sa plus ardente recherche de l’infini.

La couleur lui ouvre de nouveaux horizons et il écrira dans son journal (À soi-même, publié en 1922) : « L’art d’un artiste est le chant de sa vie ; mélodie grave ou triste, j’ai dû donner la note gaie dans la couleur. » Quelques années plus tôt, il s’était déjà servi du pastel, qu’il mélangeait avec le fusain, obtenant l’effet désiré pour des motifs d’art sacré. Avec la couleur, l’aspect des êtres et des choses est saisi sous un jour plus apaisé, dans un climat de haute spiritualité. La vivacité des pastels se retrouve accentuée dans les huiles, qui semblent irradier la lumière de l’intérieur : Ève (1904, musée du Louvre), la Naissance de Vénus (1910, Petit Palais, Paris)... Redon trouve la confirmation de ses aspirations chez Delacroix* et, curieusement, c’est plusieurs décennies après avoir étudié au Louvre le plafond d’Apollon que le génie du peintre atteint son apogée dans la création de ses propres Chars d’Apollon.

Six ans avant sa mort, Redon décore les murs de la bibliothèque de l’abbaye de Fontfroide, dans l’Aude, de deux puissantes compositions : la Nuit, qui reprend les motifs insolites et sombres de la première époque, et le Jour, hymne à la couleur que traverse le char du dieu Soleil prenant son essor vers les hauteurs, entouré de fleurs, de papillons et de nymphes.

C. G.

 A. Mellerio, Odilon Redon, peintre, dessinateur et graveur (Floury, 1923). / R. Bacou, Odilon Redon (Cailler, Genève, 1956 ; 3 vol.). / J. Selz, Odilon Redon (Flammarion, 1971).

redresseur

Dispositif électrique, électromécanique ou électronique utilisé pour la transformation du courant alternatif en courant continu ou pseudocontinu. (On a parfois abusivement appelé « redresseur » une diode dont la fonction n’est pas réellement un redressement.)



Introduction

Le transport de l’énergie électrique pose, d’abord, le problème de la chute de tension due à la résistance des lignes. L’élévation de tension préalable au transport et l’abaissement corrélatif d’intensité permettent, à puissance égale, de réduire cette chute. Arrivée à destination, la tension est abaissée suivant les besoins. Or, seul le courant alternatif se prête à ces transformations successives, et la distribution de l’énergie électrique s’est généralisée sous cette forme. Toutefois, les besoins d’énergie en courant continu n’ont pas disparu pour cela, bien au contraire (électrolyse, galvanoplastie, téléphonie, charge d’accumulateurs et circuits électroniques). Aussi, la conversion du courant alternatif en courant continu au plus près du point d’utilisation est-elle généralement la plus économique des solutions. Elle fut d’abord confiée à des machines tournantes telles que les groupes moteurs générateurs, convertisseurs dont le rendement global dépasse rarement 85 p. 100 ; les commutatrices, moteurs à courant alternatif alimentés par bagues et qui fournissent du courant continu aux balais d’un collecteur relié aux points convenables de leur propre induit ; enfin, les machines à commutateur tournant synchronisé et les vibreurs-permutateurs synchrones (Villard, 1903), qui inversent alternativement le branchement de l’installation locale au réseau de distribution à un rythme égal à celui de la succession des alternances de ce dernier.


Principe général du redressement

Sous sa forme traditionnelle, le courant alternatif suit, en effet, une loi d’alternances sinusoïdales
i = Imax sin ωt
réparties symétriquement par rapport à l’axe des temps. La valeur moyenne de ce courant est donc nulle, mais l’inversion, on dit le redressement, d’une alternance sur deux par rapport à cet axe fait apparaître une valeur moyenne Imoy qui n’est plus nulle. Circulant dans un ampèremètre magnétoélectrique, c’est-à-dire à cadre mobile, le courant puisé et toujours de même sens qui découle de cette opération donne la même lecture qu’un courant continu d’intensité égale à cette valeur moyenne

Pourtant, dans un autre cas, l’efficacité du courant redressé comparée à celle du courant continu s’exprime par un autre rapport : circulant dans une résistance, le courant redressé produit le même échauffement que le courant alternatif d’origine, car le carré de l’intensité qui intervient dans cet échauffement (effet Joule) ne dépend pas du signe de l’alternance. La valeur efficace Ieff d’un courant redressé est donc celle d’un courant continu d’intensité égale à


Redresseurs statiques