Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

Rabelais (François) (suite)

C’est donc à bon droit que la critique d’aujourd’hui s’interroge sur la portée du langage de Rabelais. Il ne suffit pas de dégager la pensée de l’auteur, encore moins de chercher dans son œuvre une exacte transposition du réel. Au milieu de la perplexité des jugements humains, la pensée rabelaisienne tente de se définir en s’opposant aux obstacles et aux nombreux « que sais-je ? » qui établissent une rupture entre le réel et le compréhensible.

L’influence de Rabelais est attestée à toutes les époques, et cela malgré la diversité des goûts. De son temps, sa célébrité est bien reconnue, et même les pamphlétaires protestants (d’Aubigné voit en maître François un « auteur excellent ») lui demandent quelques armes pour confondre leurs adversaires. Les « libertins » du siècle suivant ne manquent pas de l’apprécier, et il devient le modèle de plusieurs poètes burlesques (Saint-Amant, Sarasin ou Scarron). Molière et La Fontaine lui doivent beaucoup, et son œuvre a longtemps préoccupe Voltaire. La Révolution et le Romantisme vont faire de lui un prophète et un mage, et Victor Hugo le premier. Les Contes drolatiques de Balzac témoignent du même intérêt. Michelet dira du livre de Rabelais : « Le sphinx ou la chimère, un monstre à cent têtes, à cent langues, un chaos harmonique, une farce de portée infinie, une ivresse lucide à merveille, une folie profondément sage. » D’autres, comme Flaubert, aiment sa « phrase nerveuse substantielle, claire, au muscle saillant, à la peau bistrée ». Pourtant, si le nom de Rabelais demeure impérissable, c’est à titre d’auteur comique, d’un comique qui comporte autre chose que la farce et le ridicule, à titre de narrateur sans égal qui sait filer le récit, choisir le détail concret et expressif. Malgré les orages de l’époque, il incarne une saine gaieté, et son génie domine la Renaissance avec celui de Montaigne. Cinq livres et une continuelle réflexion sur la condition humaine ! C’est dans la mesure où les générations successives ont ajouté leurs expériences aux siennes qu’elles l’éclairent d’une lumière nouvelle et tout à la fois le parent de ce halo de mystère qui, comme l’écrivait Lucien Febvre, baigne les seuls grands.

J. B.

 P. L. J. Villey, Marot et Rabelais (Champion, 1923). / J. Boulenger, Rabelais à travers les âges (le Divan, 1925). / J. Plattard, François Rabelais (Boivin, 1934) ; Rabelais, l’homme et l’œuvre (Boivin, 1939). / L. Febvre, le Problème de l’incroyance au xvie siècle, la religion de Rabelais (A. Michel, coll. « Évolution de l’Humanité », 1942). / P. Jourda, le Gargantua de Rabelais (S. F. E. L. T., 1948). / V. L. Saulnier, le Dessein de Rabelais (S. E. E. S., 1957). / M. de Dieguez, Rabelais par lui-même (Éd. du Seuil, coll. « Microcosme », 1960). / A. Glauser, Rabelais créateur (Nizet, 1961). / M. Bakhtine, l’Œuvre de François Rabelais et la culture populaire ou Moyen Âge et sous la Renaissance (en russe, Moscou, 1965 ; trad. fr., Gallimard, 1970). / J. Paris, Rabelais au futur (Éd. du Seuil, 1970). / M. Butor et D. Hollier, Rabelais ou C’était pour rire (Larousse, 1972). / F. Rigolot, « les Langages de Rabelais » dans Études rabelaisiennes, t. X (Droz, 1972). / N. Aronson, les Idées politiques de Rabelais (Nizet, 1973). / J. Larmat, le Moyen Âge dans le Gargantua de Rabelais (Les Belles lettres, 1973).

Jalons biographiques

1483 ou 1494

François Rabelais naît probablement vers cette ou 1434 date à La Devinière.

1511 ou 1520

Moine chez les franciscains de Fontenay-le-Comte, en Poitou.

1524-1525

Chez les bénédictins de Maillezais.

1525-1528

Études dans plusieurs universités (Bourges, Orléans, Paris).

1530

Études médicales à Montpellier.

1532

Médecin de l’hôtel-Dieu, à Lyon, Publication de Pantagruel.

1534

Premier voyage à Rome. Publication de Gargantua.

1535

Deuxième voyage à Rome.

1536

Chanoine au chapitre de Saint-Maur-des-Fossés, près de Paris.

1537

Rabelais achève ses études médicales à Montpellier.

1540

Séjour en Piémont.

1543

Condamnation de Pantagruel et de Gargantua.

1546

Publication du Tiers Livre.

1547

À Metz, comme conseiller de la ville. Troisième voyage à Rome.

1548

Publication partielle du Quart Livre.

1551

Il obtient les cures de Saint-Martin de Meudon et de Saint-Christophe-du-Jambet (Sarthe).

1552

Publication du Quart Livre complet, dédié à Odet de Coligny.

1553

Il meurt à Paris, le 9 avril.

1562

Publication partielle du Cinquième Livre : l’Isle sonante.

1564

Publication du Cinquième Livre complet.

rabotage

Dressage de la surface d’une pièce en bois ou en métal pour lui donner une forme plane ou profilée, l’égaliser, améliorer son état de surface ou encore lui enlever de l’épaisseur.



Rabotage dans le travail du bois

Il faut distinguer le rabotage effectué à la main et le rabotage réalisé à l’aide d’une machine.


Rabotage manuel

L’opération est effectuée à l’aide d’un outil manuel, appelé rabot, que l’ouvrier déplace alternativement à la surface de la pièce à travailler. On peut la réaliser aussi avec une raboteuse électrique portative constituée par une plaque d’appui, munie de poignées, comportant en son centre un arbre porte-outil équipé de couteaux périphériques et qui, entraîné par un moteur électrique, tourne à très grande vitesse autour de son axe. Cet arbre porte-outil est positionné de telle manière que les couteaux viennent très légèrement en saillie par rapport à la surface d’appui. Lorsque le menuisier déplace cet appareil sur la surface de la pièce, il enlève une épaisseur de bois sensiblement égale à la hauteur des saillies des couteaux.


Rabotage mécanique

Cette opération traditionnelle en menuiserie a pour but de donner à une pièce en bois une épaisseur constante, de valeur imposée, et un bon état de surface, d’où l’expression planches rabotées sur les deux faces, par opposition à planches brutes de scierie. Après débitage du bois en scierie, l’état de surface est mauvais et se présente sous un aspect déchiqueté. Le séchage déforme les pièces sciées et produit des variations inégales d’épaisseur par suite du retrait plus important des zones plus jeunes de la grume.