Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
Q

quakers (suite)

Un des grands chapitres de leur histoire est lié au nom de William Penn (1644-1718), très riche adhérent qui, au cœur de la persécution, forme le projet de leur préparer un asile en Nouvelle-Angleterre. Ayant obtenu du roi, contre remise d’une dette contractée par celui-ci envers son père, la concession d’un vaste territoire, il entreprend d’y installer une démocratie religieuse véritable. C’est la Pennsylvanie*, ainsi baptisée par la Couronne contre la volonté de Penn, où, dès 1681, s’installent les premiers colons : nul privilège n’y doit exister ; la justice et l’égalité en seront les colonnes ; les Indiens, auxquels Penn exige que l’on paie deux fois leur territoire, seront traités en alliés par les quakers désarmés. Ébloui, Voltaire dira qu’il s’agit là de la seule alliance qui jamais ne fut jurée, jamais ne fut violée, et, de 1682 à 1756, la Pennsylvanie, dirigée par les Amis, est connue dans le monde entier comme le « pays sans armée ». Puis, petit à petit, le règne de l’utopie prend fin, et l’ordre armé s’installe au pays de la paix et de la fraternité.

À l’âge héroïque des pionniers succède une période de retombée. La doctrine de l’inspiration imprévisible est elle-même codifiée (notamment dans les œuvres de Robert Barclay [1648-1690]), et la liberté glorieuse des Fox et autres Penn est remplacée par un conformisme sourcilleux : un certain style d’habillement, la récitation de maîtres mots sont exigés ; les contrevenants s’exposent à être exclus de la Société. Mais en même temps se développent les œuvres philanthropiques qui font que ce petit groupe de quelque deux cent mille chrétiens connaît un rayonnement exceptionnel. Ces pacifistes se portent au secours de toutes les victimes des guerres : à la fin de la Première Guerre mondiale, dans les territoires dévastés, ils apportent le secours de leur présence et de leurs considérables moyens matériels ; en 1945, ils s’installent dans les ruines de Berlin ; dès 1956, ils manifestent au peuple vietnamien une solidarité active, tant par la dénonciation des crimes de guerre que par l’aide à la reconstruction. Ils ont le sens aigu de l’urgence créée par toutes les détresses, celles des prisonniers et des enfants en particulier.

Sur le plan social, ils ont été de tout temps à l’avant-garde du progrès, notamment dans le domaine pédagogique. Mais ils se sont aussi distingués par leur extraordinaire capacité d’enrichissement, en raison même de leur éthique ascétique et de leur immense activité : ils sont ainsi des représentants authentiques du puritanisme*, dont ils forment, à plus d’un titre, la branche la plus vivace.

G. C.

➙ Anglicanisme / Églises protestantes / Pennsylvanie / Protestantisme / Puritanisme.

 W. C. Braithwaite, The Beginnings of Quakerism (Londres, 1912 ; nouv. éd., Cambridge, 1961) ; The Second Period of Quakerism (Londres, 1919 ; nouv. éd., Cambridge, 1961). / H. Van Etten, George Fox et les quakers (Éd. du Seuil, coll. « Microcosme », 1956).

quantiques (nombres)

Nombres qui servent à numéroter les valeurs caractéristiques des grandeurs physiques, mesurées à l’échelle de l’atome.


Les expériences effectuées sur les systèmes atomiques ont montré que les grandeurs mesurées ne varient pas de manière continue, mais ne peuvent prendre que certaines valeurs particulières formant une suite discontinue. On explique théoriquement ce phénomène à l’aide de la mécanique* quantique, qui doit être substituée à la mécanique classique pour l’étude des systèmes atomiques (ces valeurs particulières sont les valeurs propres de l’opérateur mathématique qui représente la grandeur physique dans la théorie).

Un premier exemple de nombre quantique est fourni par la mesure des moments cinétiques. Le moment cinétique est un vecteur défini en mécanique classique et qui caractérise particulièrement bien les mouvements orbitaux d’un point matériel autour d’un centre de force :
(m, , sont respectivement la masse, le rayon vecteur et la vitesse du point matériel). Diverses expériences, et tout spécialement des expériences de magnétisme, permettent de mesurer la composante σz de ce vecteur sur l’axe Oz par exemple. Les valeurs obtenues sont des multiples de la constante fondamentale On écrit : σz = mℏ.

Le nombre entier m, positif ou négatif, est appelé nombre quantique magnétique.

On peut généraliser la notion de moment cinétique d’un système en y incluant les moments de spin*. Avec cette généralisation, la formule σz = mℏ reste toujours valable ; mais le nombre quantique magnétique m peut alors, outre les valeurs entières, prendre des valeurs demi-entières positives ou négatives, c’est-à-dire la somme de la fraction et d’un nombre entier.

La constitution de l’atome d’hydrogène nous fournit d’autres exemples de nombres quantiques. Résolvons l’équation d’onde de Schrödinger appliquée au cas particulièrement simple de l’hydrogène parce qu’il possède un seul électron. Nous cherchons à calculer la fonction d’onde Ψ (xyz) qui détermine la probabilité de présence de l’électron au point de coordonnées x, y, z. Les solutions possibles pour la fonction d’onde peuvent être numérotées Ψnlm avec trois nombres entiers nlm qui sont les nombres quantiques caractéristiques de chaque état possible pour l’atome d’hydrogène et auxquels on peut attacher une signification physique.
n est appelé nombre quantique principal parce que c’est lui qui détermine les niveaux d’énergie. On peut en effet calculer l’énergie de liaison E de l’électron et du noyau ; elle est indépendante des nombres quantiques l et m, mais varie avec le nombre entier n suivant la formule (on ne s’étonnera pas de la valeur négative de l’énergie puisque celle-ci est toujours définie à une constante additive près). La constante K peut elle-même être calculée et on obtient bien numériquement les valeurs d’énergie déduites des mesures spectroscopiques sur l’hydrogène.
l est appelé nombre quantique azimutal ou nombre quantique de moment cinétique orbital. Il détermine le module du vecteur moment cinétique orbital suivant la formule