Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Pyrénées-Orientales. 66 (suite)

Le secteur industriel reste réduit puisque, sur 5 000 établissements, moins de 100 comptent plus de 50 ouvriers et 450 seulement plus de 10, ce qui révèle des structures artisanales. Le liège, les ressources minérales sont en retrait ; il reste la papeterie, les marbrières, les conserves de fruits, le talc et surtout le spath-fluor, qui concourt à placer la France au quatrième rang des producteurs mondiaux grâce aux mines d’Escaro et Sahorre. Mais le quart des actifs relève du secteur primaire. Seules six villes comptent plus de 5 000 habitants : Perpignan (la seule de plus de 10 000 hab.), Elne, Rivesaltes, Prades, Thuir et Céret.

R. D. et R. F.

➙ Languedoc-Roussillon / Perpignan.

pyrotechnie

Fabrication des artifices et tout spécialement des mélanges spéciaux qui entrent dans leur constitution.


Le terme de pyrotechnie, qui, vers 1550, s’appliquait à tous les arts employant ou produisant du feu, comme la métallurgie et la fabrication de la poudre à canon, a vu, au xviie s., son acception se restreindre à la fabrication de la poudre noire et des munitions ou des artifices qui en renferment. À l’heure actuelle, on entend par « pyrotechnie » la fabrication des mélanges, dits compositions pyrotechniques, qui servent à produire les effets lumineux, sonores, fumigènes, mécaniques, etc., des artifices de toutes sortes ainsi que celle de ces artifices.

Le développement de la chimie au xixe s. a mis à la disposition des pyrotechniciens une quantité considérable de corps nouveaux, grâce auxquels ils ont réalisé des compositions pyrotechniques plus nombreuses que du temps où ils ne disposaient guère que de la poudre noire et d’une douzaine de composés, minéraux pour la plupart. La poudre noire, en pulvérin ou en poudre « fin grain », est encore employée dans la fabrication de la mèche de sûreté et de divers artifices de réjouissance. Jusqu’en 1900, la pyrotechnie, restée très empirique, faisait figure d’une branche attardée de l’alchimie. Depuis une trentaine d’années, des études scientifiques sur les réactions chimiques entre corps solides et sur la thermodynamique de la combustion ont permis, d’une part, la mise au point de compositions pyrotechniques capables de produire des effets nouveaux et, d’autre part, la fabrication d’artifices dont le fonctionnement peut être réglé de façon aussi précise que celui de pièces d’horlogerie.

Les compositions pyrotechniques sont des mélanges qui, sans intervention d’une énergie extérieure autre qu’un apport très faible au moment de leur amorçage, réagissent en produisant soit des gaz chauds, éventuellement lumineux (flamme), soit l’incandescence d’une masse solide. Les substances qui entrent dans leur fabrication sont de natures très diverses ; on y trouve des comburants (nitrates, chlorates, chromâtes, peroxydes, etc.) associés à des matières combustibles (phosphore rouge, soufre, divers métaux en poudre, etc.). Certaines compositions pyrotechniques renferment encore des adjuvants variés : matières adhésives, catalyseurs, etc. Ces compositions sont des mélanges susceptibles de subir une réaction chimique auto-entretenue et elles se rapprochent beaucoup des explosifs, mais, tandis que ceux-ci réagissent toujours en dégageant des gaz, il existe des mélanges pyrotechniques dits « sans gaz », dans lesquels la réaction chimique se propage par un front incandescent dans la matière, qui reste solide ; tel est le cas du mélange d’antimoine et de permanganate de potassium — l’un et l’autre en poudres fines —, qui est utilisé dans certains artifices à retard ; avec ceux-ci, le délai qui s’écoule entre l’amorçage et le fonctionnement de l’engin est réglé par la longueur de la colonne de composition « sans gaz » logée dans l’artifice.

L. M.

➙ Artifices / Déflagration.

 A. A. Sidlovskii, Fondements de la pyrotechnique (en russe, Moscou, 1954). / H. Ellern, Modern Pyrotechnics (New York, 1961). / T. F. Watkins, J. C. Cackett et R. G. Hall, Chemical Warfare, Pyrotechnics and the Fireworks Industry (Oxford, 1968).

Pyrrhos

ou Purrhos, en lat. Pyrrhus (v. 318 - Argos 272 av. J.-C.), roi d’Épire (295-272), de la dynastie des Molosses.


Son père et prédécesseur au pouvoir, Eacidas, avait été chassé de son trône par Cassandre (v. 354-297), futur roi de Macédoine, alors que le jeune Pyrrhos n’avait que deux ans. Celui-ci fut élevé à la cour d’un roi illyrien, Glaucias. Il devait hériter de l’Épire après que Démétrios Poliorcète se fut emparé de la Macédoine (306-287). Il avait accompagné celui-ci dans ses campagnes et lui avait servi d’otage auprès de Ptolémée Sôtêr (305-283), maître de l’Égypte, ce qui lui donna l’occasion d’épouser une fille de la reine Bérénice, Antigone. Revenu dans son royaume vers 297, il dut partager le pouvoir avec Néoptolème, qu’il parvint à évincer en 295.

Chef militaire, il était l’idole de ses soldats ; il avait un talent exceptionnel en stratégie — la seule chose d’ailleurs pour laquelle il se passionnait —, rêvait peut-être d’imiter Alexandre le Grand et sûrement de courir le monde à la recherche d’aventures guerrières. Au demeurant, il était desservi par son médiocre sens des réalités politiques.

Il eut d’abord des visées sur la Macédoine, qu’il disputa à Démétrios Poliorcète. Après revers et succès, il réussit à recouvrer l’Épire envahie, puis, grâce à une vaste coalition contre Démétrios, à posséder un moment une partie de la Macédoine (v. 287).

Les progrès de Rome devaient lui donner bientôt une nouvelle occasion de guerroyer. Les habitants de Tarente firent appel à son génie militaire pour les sauver de la menace romaine. Rêvant aussitôt de conquérir l’Orient, et en dépit des réserves de son conseiller, le rhéteur et diplomate thessalien Kineas († v. 277), il partit après avoir rassemblé une forte armée, en provenance de toutes les monarchies hellénistiques, trop heureuses de le voir s’éloigner (281). Il disposait même d’éléphants. Tarente se déchargeait du souci de la guerre, mais se livrait à lui : il ne tarda pas à se rendre odieux, fermant les lieux de plaisir, cherchant à enrôler tout le monde. Aux Romains, il proposa son arbitrage, peut-être par feinte, mais en vain. À la bataille d’Héraclée (280), les Romains, épouvantés par les éléphants chargés de tours pleines d’archers, cédèrent après de furieux combats. Pyrrhos resta maître du terrain au prix de pertes énormes : ce qu’on prit l’habitude d’appeler « une victoire à la Pyrrhus ». Il marcha aussitôt sur Rome, qu’il dut apercevoir, mais contre laquelle il ne put rien entreprendre, les peuples d’Italie ne faisant pas défection. Des pourparlers de paix échouèrent, et une nouvelle bataille fut livrée en 279 av. J.-C. à Ausculum (auj. Ascoli Satriano), en Apulie. Les Romains s’étaient équipés de chars armés de faux pour la lutte contre les éléphants. Le combat fut indécis, et Pyrrhos se désintéressa dès lors de cette guerre : les Siciliens, à leur tour, faisaient appel à lui contre les Carthaginois (278).