Fabrication des artifices et tout spécialement des mélanges spéciaux qui entrent dans leur constitution.
Le terme de pyrotechnie, qui, vers 1550, s’appliquait à tous les arts employant ou produisant du feu, comme la métallurgie et la fabrication de la poudre à canon, a vu, au xviie s., son acception se restreindre à la fabrication de la poudre noire et des munitions ou des artifices qui en renferment. À l’heure actuelle, on entend par « pyrotechnie » la fabrication des mélanges, dits compositions pyrotechniques, qui servent à produire les effets lumineux, sonores, fumigènes, mécaniques, etc., des artifices de toutes sortes ainsi que celle de ces artifices.
Le développement de la chimie au xixe s. a mis à la disposition des pyrotechniciens une quantité considérable de corps nouveaux, grâce auxquels ils ont réalisé des compositions pyrotechniques plus nombreuses que du temps où ils ne disposaient guère que de la poudre noire et d’une douzaine de composés, minéraux pour la plupart. La poudre noire, en pulvérin ou en poudre « fin grain », est encore employée dans la fabrication de la mèche de sûreté et de divers artifices de réjouissance. Jusqu’en 1900, la pyrotechnie, restée très empirique, faisait figure d’une branche attardée de l’alchimie. Depuis une trentaine d’années, des études scientifiques sur les réactions chimiques entre corps solides et sur la thermodynamique de la combustion ont permis, d’une part, la mise au point de compositions pyrotechniques capables de produire des effets nouveaux et, d’autre part, la fabrication d’artifices dont le fonctionnement peut être réglé de façon aussi précise que celui de pièces d’horlogerie.
Les compositions pyrotechniques sont des mélanges qui, sans intervention d’une énergie extérieure autre qu’un apport très faible au moment de leur amorçage, réagissent en produisant soit des gaz chauds, éventuellement lumineux (flamme), soit l’incandescence d’une masse solide. Les substances qui entrent dans leur fabrication sont de natures très diverses ; on y trouve des comburants (nitrates, chlorates, chromâtes, peroxydes, etc.) associés à des matières combustibles (phosphore rouge, soufre, divers métaux en poudre, etc.). Certaines compositions pyrotechniques renferment encore des adjuvants variés : matières adhésives, catalyseurs, etc. Ces compositions sont des mélanges susceptibles de subir une réaction chimique auto-entretenue et elles se rapprochent beaucoup des explosifs, mais, tandis que ceux-ci réagissent toujours en dégageant des gaz, il existe des mélanges pyrotechniques dits « sans gaz », dans lesquels la réaction chimique se propage par un front incandescent dans la matière, qui reste solide ; tel est le cas du mélange d’antimoine et de permanganate de potassium — l’un et l’autre en poudres fines —, qui est utilisé dans certains artifices à retard ; avec ceux-ci, le délai qui s’écoule entre l’amorçage et le fonctionnement de l’engin est réglé par la longueur de la colonne de composition « sans gaz » logée dans l’artifice.
L. M.
➙ Artifices / Déflagration.
A. A. Sidlovskii, Fondements de la pyrotechnique (en russe, Moscou, 1954). / H. Ellern, Modern Pyrotechnics (New York, 1961). / T. F. Watkins, J. C. Cackett et R. G. Hall, Chemical Warfare, Pyrotechnics and the Fireworks Industry (Oxford, 1968).