Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

artère

Vaisseau qui conduit le sang du cœur aux tissus et organes.


Les artères se ramifient en vaisseaux de calibre de plus en plus faible, les artérioles, qui se divisent elles-mêmes en capillaires.

Le ventricule droit du cœur fournit l’artère pulmonaire, qui se divise en deux branches, droite et gauche, une pour chaque poumon ; elle y transporte du sang chargé de gaz carbonique et pauvre en oxygène. Le ventricule gauche fournit l’aorte*, la plus grosse artère du corps, qui conduit le sang oxygéné à tous les autres organes.

Chaque artère chemine dans une gaine de tissu conjonctif, accompagnée généralement d’une ou plusieurs veines et d’un nerf. Le diamètre de l’aorte à son origine est de l’ordre de trois centimètres, celui d’une artériole de l’ordre de trois dixièmes de millimètre.


Structure des artères

Elle est fonction de leur taille et elle conditionne leurs propriétés. On peut toujours distinguer trois couches dans leur paroi.
1. L’intima (ou endartère). C’est la couche de cellules qui est au contact même du courant sanguin. L’intégrité de ces cellules est indispensable pour éviter les phénomènes de coagulation (thrombose) dans le vaisseau.
D’autre part, les cellules sont accolées entre elles par une sorte de ciment jouant un rôle dans les phénomènes dits « de diapédèse » (passage de cellules venues du sang à travers la paroi elle-même).
2. L’adventice. C’est la couche la plus périphérique des parois artérielles. Elle contient les nerfs et les vaisseaux (vasa vasorum) permettant d’irriguer la média elle-même. Quelle que soit l’artère, intima et adventice ont toujours la même constitution.
3. La média. Sa structure permet de différencier deux types d’artères : les artères musculaires, qui contiennent beaucoup de cellules musculaires, ayant une disposition circulaire, et les artères élastiques, qui contiennent des lames ou membranes élastiques mêlées à quelques cellules musculaires.


Physiologie des artères

Les artères issues de l’aorte contiennent du sang « rouge », oxygéné au niveau des poumons. Celui-ci, véhiculé sous une pression qui produit la tension* artérielle, irrigue tous les tissus et organes.

Près du cœur, les artères de gros calibre ont une structure élastique, qui, par son étirement, amortit l’ondée sanguine issue de la contraction cardiaque. C’est le cas de l’aorte et de ses branches de division. Les artères de moyen calibre et les artérioles ont une structure de type musculaire, qui, par les modifications de diamètre de la paroi, proportionne l’écoulement du sang selon les besoins.

La vaso-motricité est la propriété exclusive des artérioles, qui, en s’élargissant (vaso-dilatation) ou en se rétrécissant (vaso-constriction), jouent un grand rôle dans la régulation de la tension artérielle et de la répartition du sang.

• Cas particulier de l’artère pulmonaire. Issue du ventricule droit, elle transporte le sang veineux (sang bleu), pauvre en oxygène, jusqu’au poumon ; celui-ci reçoit l’oxygène nécessaire à ses cellules des artères bronchiques.


Exploration des artères


Méthodes cliniques

Par la palpation, on explore les artères là où elles sont accessibles en posant sur leur trajet la pulpe de l’index et du médius accolés ; on perçoit ainsi leur battement, qui définit le pouls artériel. Au membre supérieur, le pouls radial est perçu à la partie antéro-externe du poignet. Au membre inférieur, le pouls fémoral est perçu au pli de l’aine, les pouls pédieux et tibial postérieur au pied. Le pouls carotidien est senti dans la région latérale du cou. La palpation permet aussi de déceler dans certains cas un frémissement, ou thrill, sur le trajet artériel. Par l’auscultation, à l’aide du stéthoscope, on peut parfois entendre un souffle pathologique.


Méthodes instrumentales

• Étude de la pression artérielle. Les méthodes directes utilisent l’introduction dans l’artère d’une sonde reliée à un manomètre. Mais on a surtout recours aux méthodes indirectes par l’intermédiaire d’un brassard pneumatique relié à un tensiomètre.

• Exploration oscillométrique (oscillométrie). L’oscillomètre permet d’étudier l’amplitude des battements de la paroi artérielle.

• Méthodes radiologiques. L’artériographie consiste à visualiser les artères après injection d’un produit de contraste dans le système vasculaire. En 1929, Dos Santos, le premier, par ponction directe de l’aorte, opacifia le réseau artériel. Puis des progrès furent accomplis par l’amélioration des appareillages et par l’emploi de produits opaques peu agressifs pour l’endothélium vasculaire.

L’opacification de l’aorte, ou aortographie, met en évidence des lésions acquises ou congénitales (telle la sténose isthmique). L’opacification des artères a une grande utilité dans le diagnostic des athéroscléroses oblitérantes des membres inférieurs.


Maladies des artères (ou artériopathies)


Athérosclérose

Les maladies artérielles sont dominées par l’athérosclérose, processus chronique de dégénérescence ; viennent ensuite les embolies artérielles et les artérites d’origine infectieuse, plus rares. Tous ces états évoluent très souvent vers l’obstruction de la lumière artérielle. L’athérosclérose englobe l’artériosclérose (Lobstein, 1833), terme employé au début dans un sens très général pour désigner tout épaississement de la paroi artérielle, et l’athérome, décrit ci-dessous.

L’athérosclérose (Marchand, 1904) est une affection de l’intima des artères de gros et moyen calibre. L’examen à l’œil nu montre :
1. la plaque fibreuse. C’est un épaississement localisé de l’intima, réalisant une élevure ferme, nacrée, à surface lisse et brillante, jaune à centre blanchâtre ;
2. la plaque athéromateuse, ou athérome. Constituée par des dépôts graisseux, jaunâtres, elle forme une sorte de pustule, épaisse, ferme, de consistence cartilagineuse.

Ultérieurement, cette plaque est l’objet de remaniements modifiant son aspect. Il apparaît des calcifications, des hémorragies intrapariétales, voire des coagulations intravasculaires.

Au microscope, les lésions fondamentales de l’artériosclérose sont caractéristiques : 1° la plaque fibreuse est formée par la prolifération de tissu conjonctif avec dislocation de la tunique moyenne ; 2° les dépôts graisseux de l’athérome sont constitués d’amas de cholestérol et d’autres substances lipidiques ; ces lésions sont variables selon leur localisation.

Sur les grosses artères comme l’aorte, l’athérosclérose est fréquente, silencieuse, se révélant surtout par ses complications. Sur les artères de plus petit calibre, comme les artères viscérales (cœur, cerveau par exemple), l’athérosclérose entraîne une réduction de calibre qui détermine une mauvaise irrigation (ischémie) de l’organe intéressé.